« Ce soir, ce meurtrier sera fêté en héros. Il joue le rôle redoutable d’inciter d’autres à le suivre... Sniffez de la drogue pour tuer un Juif ! »
Paris, le 14 avril 2021
Le Centre Simon Wiesenthal est profondément affligé par la décision finale de la Cour de cassation sur la légalité de la décision de la cour d’appel de Paris : elle rejette la responsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi (alias Lucie Attal).
Tôt dans la nuit du 4 avril 2017, Sarah Halimi, une ancienne enseignante de confession juive âgée de 65 ans, a été agressée à son domicile par son voisin de 27 ans, Kobili Traoré, un trafiquant de drogue et toxicomane sans emploi. Kobili l’a frappée pendant cinquante interminables minutes en criant « Allah Akbar » et en récitant des versets du Coran. Puis il a jeté sa victime du haut de son balcon du troisième étage, tandis que la police attendait des renforts à la porte de l’appartement.
Sarah Halimi, z’‘l
Le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels, a déclaré : « Après trois années de débats judiciaires poignants sur la responsabilité pénale d’un meurtrier, présumé être ‘‘sous l’influence’’ du cannabis – ce qui a essentiellement entraîné son internement dans un hôpital psychiatrique plutôt qu’un jugement et une peine de prison –, la famille est toujours sur le qui-vive. C’est un coup dévastateur ! »
Selon Dalloz, éminente maison d’édition française spécialisée dans le droit et l’actualité juridique, les principaux arguments des avocats de Mme Attal-Halimi étaient les suivants : « La toxicomanie n’est pas une maladie mentale et n’entre pas dans le champ des troubles psychiques ou neuropsychiques visés par l’article 122-1 du code pénal. L’acte volontaire de consommation de stupéfiants est constitutif d’un comportement fautif qui exclut l’irresponsabilité. Puis, la consommation de cannabis ayant pour but d’obtenir une modification de l’état de conscience, il ne pouvait être déduit du seul fait que Kobili Traoré n’avait pas encore eu de bouffée délirante à la suite de sa consommation de stupéfiants, qu’il n’avait pas conscience des risques encourus par cette consommation. [… Par conséquent], le fait de consommer un produit stupéfiant est un délit constituant une circonstance aggravante, et ne peut constituer en même temps une cause d’exonération de la responsabilité pénale. »
En outre, les propos antisémites et djihadistes tenus par l’accusé avant et après le meurtre illustrent bien un reste de conscience : il indique avoir « volontairement » défénestré sa victime de son balcon et a agi « en conscience du fait que Madame Attal-Halimi était juive ».
M. Samuels soulignait que « la décision de la Cour de cassation clôt maintenant définitivement l’affaire... et, au lieu de permettre qu’elle soit réexaminée par la Cour d’appel sur la base d’un angle juridique plus solide, elle confirme qu’il est possible de refuser la justice pour un meurtre aggravé par son caractère antisémite. En outre, cette décision empêche la famille de faire son deuil et crée potentiellement un précédent pour tous les criminels haineux qui peuvent simplement arguer d’aliénation mentale ou décider de fumer, sniffer ou s’injecter des stupéfiants ou même de s’enivrer avant de commettre leur crime ».
« La mémoire de Sarah Halimi, Mireille Knoll et autres victimes de la haine antisémite reste vive. Nous examinerons toutes les autres instances juridiques possibles... Ce soir, ce meurtrier sera fêté en héros. Il joue le rôle redoutable d’inciter d’autres à le suivre... Sniffez de la drogue pour tuer un Juif ! », concluait Shimon Samuels.
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« Il n’y a pas de liberté sans justice. » Simon Wiesenthal, 1908-2005