Buenos Aires et Paris, le 24 décembre 2020
Le Centre Wiesenthal s’était profondément impliqué dans le suivi du massacre de 1994 qui avait fait 85 morts et plus de 300 blessés à l’Amia (Association mutuelle israélite argentine). Des « notices rouges » d’Interpol (mandats d’arrêt internationaux) avaient été lancées contre les commanditaires de cette atrocité, l’Iran et ses acolytes du Hezbollah.
Quelques semaines avant l’assassinat du procureur Alberto Nisman, qui avait enquêté sur l’affaire Amia – la veille de sa mise en cause de personnalités gouvernementales dans la procédure judiciaire devant le Congrès argentin –, il avait dîné à Londres avec le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels.
Nisman avait partagé ses conclusions avec le Centre, ce qui avait donné lieu à notre audition avec l’ambassadeur d’Argentine au Parlement britannique.
Cette semaine, la décision de la Cour d’acquitter Carlos Telleldin après vingt-six ans d’innombrables entrées et sorties de prison est une gifle donnée aux victimes, à leurs proches et au procureur assassiné, ainsi qu’un cadeau à l’Iran. Telleldin est le seul suspect qui a fourni la voiture piégée.
Carlos Telleldin
« Imaginez qu’un tel traitement ait été accordé aux criminels de guerre nazis Adolf Eichmann ou Erich Priebke s’ils avaient été jugés en Argentine », s’insurgeait M. Samuels.
Le directeur du Centre pour l’Amérique latine, Ariel Gelblung, ajoutait : « Nous apportons notre soutien aux institutions représentatives de la communauté juive argentine, à l’Amia et à la Daia (Délégation des associations israélites d’Argentine), qui font appel de cette décision. Si l’acquittement de Telleldin est confirmé, nous atteindrons le 27e anniversaire du pire acte antisémite de l’Histoire après la Seconde Guerre mondiale, sans que les auteurs de ces crimes n’aient été punis. Ce sera un nouvel échec de la justice argentine, incapable de préciser qui étaient les acteurs locaux, et toujours incapable de juger les accusés présumés pour la planification, le financement et l’exécution de cet attentat. Les notices rouges d’Interpol pèsent encore sur eux, et pourtant ils vivent en toute impunité en Iran. »
« Alors que l’Argentine entre en vacances d’été et que les audiences judiciaires sont suspendues, nous ne pouvons qu’espérer que les recours répétés en appel finiront par inverser l’affaire Telleldin. Après une attente de vingt-six ans, ceci est vital pour les familles des victimes et les survivants pour qu’ils puissent faire leur deuil, et pour la justice », faisaient valoir les responsables du Centre.