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« Il a échappé à la justice pendant 38 ans… Une longévité qui n’enlève rien au devoir de justice… car les familles des victimes et les rescapés méritent de faire leur deuil. »

Paris, le 11 septembre 2020 

Dans une lettre adressée à la Première ministre de Norvège, Erna Solberg, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, félicite « la police norvégienne pour l’arrestation d’un des trois suspects de l’attentat perpétré le 9 août 1982 dans le restaurant Jo-Goldenberg, rue des Rosiers à Paris, par l’Organisation Abou-Nidal. Bilan : six morts et vingt-deux blessés… À 13h15 ce jour-là, les terroristes armés de pistolets-mitrailleurs et de grenades ont fait irruption dans le restaurant où étaient attablés une cinquantaine de clients… De récentes tentatives d’extradition vers la France des deux autres suspects qui ont trouvé refuge en Jordanie ont échoué ».

La lettre décrivait l’attentat comme « le dernier d’une série de 73 attaques à la mitraillette et à la bombe contre des cibles juives à travers l’Europe de l’Ouest, dont 29 perpétrés en France ».

M. Samuels expliquait qu’« en 1982, une incursion israélienne au Sud-Liban avait provoqué la fuite de terroristes d’origine européenne et de leurs instructeurs, chassés des camps d’entraînement palestiniens pour revenir dans leur pays d’origine. Une fois rentrés chez eux, ils ont attaqué des banques, des personnalités et des ambassades, ce qui a amené les gouvernements à riposter… C’est avec le plan Vigipirate que la France a pris les choses en main. En fait, comme notre mentor l’aurait formulé, ‘‘Ce qui commence par les Juifs ne s’arrête jamais aux Juifs’’ ».

Le Centre rappelait que « la Norvège a été la cible d’un terrorisme commis par un ‘‘loup solitaire’’, se référant en particulier au massacre du 22 juillet 2011 à Oslo et Utoya : 77 personnes y ont perdu la vie et il y eut plus de 300 blessés – pour la plupart des adolescents. Le meurtrier était un extrémiste de droite, Anders Behring Breivik. Les familles des victimes et les rescapés ont pu faire leur deuil grâce au procès qui l’a condamné à la peine maximale ».

11 Sept. 2020
Plaques commémoratives à Paris (europe-israel.org) et à Oslo (tripadvisor.com / jul1407).

M. Samuels racontait qu’un de ses amis proches, « feu Michael Adler, qui était à l’époque correspondant de l’AFP, avait été témoin oculaire de l’attentat du restaurant Goldenberg ». Il avait plus tard été informé qu’« après l’attentat, un ‘‘accord verbal’’ avait été conclu entre la Direction de la surveillance du territoire (la DST) et l’Organisation Abou-Nidal, accord selon lequel les membres de cette organisation terroriste pouvaient entrer en France à condition de cesser toute action sur le sol français. Faute de source fiable, nous avions ignoré cette information scandaleuse, la considérant comme ce qu’on appelle aujourd’hui une fake news… Pourtant, voilà deux ans, cet ‘‘accord’’ a été reconnu par le directeur de la DST de l’époque, Yves Bonnet, au cours d’une interview ».

« Walid Abdulrahman Abou Zayed a échappé à la justice pendant 38 ans », poursuivait M. Samuels. « Une longévité qui n’enlève rien au devoir de justice, comme l’affirmait Simon Wiesenthal à propos des criminels de guerre… Les familles des victimes et les rescapés méritent de faire leur deuil… La France a réclamé l’extradition d’Abou Zayed en vertu d’un mandat d’arrêt européen. Son transfert à Paris devrait être une question de quelques semaines, le temps que les deux démocraties s’organisent. »

Le Centre priait instamment la Première ministre « d’entériner cette extradition et de s’assurer que cette affaire ne confirme pas l’adage ‘‘justice différée est justice refusée’’ ».

Cette lettre a été adressée en copie au président Macron.