« S’il n’y avait eu qu’un attentat contre le supermarché cacher, est-ce que des millions de manifestants se seraient déplacés, est-ce que plus de cinquante dirigeants du monde entier se seraient rassemblés à Paris ? »
« Au rez-de-chaussée du supermarché Hyper Cacher, un jeune islamiste tuait quatre clients de confession juive. Au sous-sol, un jeune Malien de confession musulmane, migrant sans papiers, cachait quinze d’entre eux dans une chambre froide. Lassana Bathily a ensuite pu sortir du bâtiment et aider les forces de l’ordre à arrêter le massacre. »
Paris, le 2 septembre 2020
Aujourd’hui s’ouvre à Paris le procès de quatorze complices dans les attentats meurtriers perpétrés en 2015 contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher. Bilan : dix-sept morts en trois jours. La plupart des complices de ces attentats ont péri dans le « califat islamique », trois d’entre eux sont en cavale.
« Une question demeure : s’il n’y avait eu qu’un attentat contre le supermarché cacher, est-ce que des millions de manifestants se seraient déplacés, est-ce que plus de cinquante dirigeants du monde entier se seraient rassemblés à Paris ? Certainement pas. Ce n’aurait été qu’un attentat de plus dans la longue série de ceux perpétrés à Toulouse ou Bruxelles et contre tant d’autres cibles juives touchées ces cinq dernières années », déplorait le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels.
Le 11 janvier 2015, des millions de manifestants se sont rassemblés et nous les avons rejoints sous un ballon du Centre Simon Wiesenthal imprimé des lettres « Je suis Charlie, je suis flic, je suis juif », en hommage à toutes les victimes. Nous espérions que cette manifestation provoquerait un immense élan de solidarité contre l’antisémitisme.
Photos CSW Europe.
M. Samuels ajoutait : « Nous appelions la France à cesser la culture de l’excuse : il n’y a pas que des jeunes gens aliénés, frustrés ou sans emploi, nés en France ou migrants, qui commettent des atrocités. Aucune situation sociale ne justifie le fait d’assassiner des journalistes. En fait, les caricatures de Charlie Hebdo sont souvent antisémites. Mais les Juifs contre-attaquent par le biais des cours de justice, non pas avec des kalachnikovs. »
Notre Centre mettait en lumière un véritable héros : au rez-de-chaussée du supermarché Hyper Cacher, un jeune islamiste assassinait quatre clients de confession juive. Au sous-sol, un jeune Malien de confession musulmane, migrant sans papiers, cachait quinze d’entre eux dans une chambre froide. Lassana Bathily a ensuite pu sortir du bâtiment et aider les forces de l’ordre à arrêter le massacre.
« Nous lui avons obtenu un passeport français, pour qu’il puisse se rendre aux États-Unis et recevoir une distinction du Centre Wiesenthal, qui lui a été remise au cours d’un dîner en son honneur à Hollywood… Lorsque nous lui avons demandé s’il pourrait répéter son geste, il a répondu : ‘‘Je n’ai pas réfléchi… Il y avait des gens en danger… C’est comme ça que ma mère m’a élevé, c’est ma façon d’être musulman’’ », déclarait le Centre.
« Nous espérons que ce procès de djihadistes proclamés – il prendra le temps qu’il faudra – rendra justice aux victimes et permettra à leurs familles de faire leur deuil. Il ne faut pas qu’il donne lieu à un acquittement au motif de troubles psychiatriques… ou à une remise en liberté, comme ce fut le cas pour Hassan Diab, le principal suspect de l’attentat perpétré en 1980 contre la synagogue Copernic : après avoir été extradé du Canada, il réussit à y retourner, au beau milieu de son procès en appel à Paris.
« Enfin, cessez de déconnecter les faits : Al-Qaïda, l’État islamique, le Hamas, le Hezbollah, etc. sont les branches d’un même arbre. Les pays occidentaux qui se voilent la face ne pourront jamais éradiquer le terrorisme sur leur propre territoire », concluait M. Samuels.