« Le statut de l’Unesco a attiré des milliers de touristes au carnaval d’Alost. Sa radiation ne garantit pas pour autant que la haine sera absente de sa prochaine édition… Nous la surveillerons de près et, s’il le faut, nous prendrons toutes mesures pour alerter nos adhérents et nos sympathisants du monde entier sur les dangers encourus s’ils assistent à un festival haineux. »
Le 13 décembre 2019
Le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, a félicité le Comité du patrimoine culturel immatériel de l’humanité pour avoir créé un précédent en dénonçant l’antisémitisme : il a radié l’un de ses membres, la ville belge d’Alost, dont le carnaval avait reçu en 2010 le prestigieux statut de l’Unesco.
VOIR CI-DESSOUS LE COMMUNIQUE DE L’UNESCO diffusé ce jour sur le retrait du carnaval d’Alost de la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
En 2013, notre Centre avait protesté contre un char transportant des personnages déguisés en SS qui fouettaient d’autres personnages déguisés en prisonniers de camps de concentration et portant des bidons étiquetés « Zyklon B », le gaz avec lequel des millions avaient été tués à Auschwitz et dans d’autres camps de la mort.
En 2019, un char transportait de gros Juifs orthodoxes stéréotypés, au nez crochu, empoignant des pièces d’or au milieu de rats – une imitation évidente d’une photo prise en 1936 sous l’Allemagne nazie.
Un char de carnaval antisémite sous l’Allemagne nazie et un char du carnaval d’Alost en 2019.
En juin dernier, M. Samuels assistait à Paris au Bureau du comité immatériel, puis à nouveau en octobre, où Il protestait contre les autocollants et rubans antisémites diffusés par les organisateurs du carnaval : ils montraient des Juifs stéréotypés portant des kippas et sautant sur le logo de l’Unesco, signifiant que les Juifs contrôlent cette instance onusienne. Ces images ne laissent aucun doute sur le thème du carnaval 2020.
Autocollants et rubans illustrant le prochain carnaval d’Alost.
Le Centre a remercié le Secrétariat de l’Unesco représenté par Ernesto Ottone, sous-directeur général pour la Culture, ainsi que la Colombie, présidente et hôte du Comité, et les Etats qui ont fait pression pour que le carnaval soit radié, parmi lesquels l’Autriche, les Philippines et la Pologne. Les vingt-quatre Etats votants ont accepté la mesure par consensus, sans avoir besoin de recourir à un vote.
Malheureusement, la Belgique et son ONG qui milite pour les libertés civiles, l’Unia, sont restées sur leurs positions, défendant « la liberté d’expression » même lorsque celle-ci sert de masque au racisme.
Le Comité de l’Unesco a clairement compris que le racisme constituait une violation de ses objectifs et a ainsi permis de créer ce précédent, le « retrait ».
Notre Centre salue aussi ses partenaires dans ce processus, United Kingdom Lawyers for Israel (UKLFI) et le mouvement bruxellois Impac, qui a récolté 22 500 signatures contre l’antisémitisme d’Alost dans une pétition présentée à la réunion du Comité de Bogota.
M. Samuels a souligné que cette radiation du carnaval d’Alost ne garantissait pas que sa nouvelle édition sera dépourvue de haine… Le statut de l’Unesco a attiré des milliers de touristes au carnaval…
« Notre Centre le surveillera de près et, s’il le faut, nous prendrons toutes mesures pour alerter nos plus de quatre cent mille adhérents et nos sympathisants du monde entier sur les dangers encourus s’ils assistent à un festival haineux », a-t-il conclu.
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Communiqué de l’Unesco sur le retrait du carnaval d’Alost de la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité
https://ich.unesco.org/fr/RL/le-carnaval-dalost-00402?RL=00402
Le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a retiré le Carnaval d’Aalst de la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2019 (Décision 14.COM 12).
Le Comité a considéré que le Carnaval d’Alost, à plusieurs occasions, a diffusé des messages, images et représentations qui pourraient être considérés comme encourageant les stéréotypes, ridiculisant certains groupes et insultant les souvenirs d’expériences historiques douloureuses comme le génocide, l’esclavage et la ségrégation raciale. Ces comportements, intentionnels ou non, vont à l’encontre de l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus tel que défini dans l’article 2 de la Convention.
Prenant note du fait que des représentations offensantes ont eu lieu à plusieurs reprises et qu’aucune mesure spécifique n’a été prise pour prévenir leur répétition, le Comité a conclu que l’inscription n’encourageait pas le dialogue entre les communautés et qu’elle a même suscité au contraire une méfiance au sein des communautés et entre elles. À ce titre, l’élément est contraire à l’article 16.1 de la Convention.