« En 2013, le Centre Wiesenthal avait protesté contre un char qui défilait à Alost sous un thème nazi. En mars 2019, Il avait attiré l’attention de l’Unesco sur un char de ce même carnaval qui représentait des caricatures de Juifs empoignant des pièces d’or et infestés de rats. Ce carnaval détient le statut de Patrimoine culturel immatériel depuis 2010. »
Avertissement : « Même si le carnaval était radié de la liste de l’Unesco, il n’est pas dit que son édition 2020 serait dépourvue de haine… Le Centre Wiesenthal reste vigilant. »
Paris, le 3 décembre 2019
Un char de carnaval antisémite sous l’Allemagne nazie et un char du carnaval d’Alost en 2019.
En mars 2019, le Centre Simon Wiesenthal, conjointement avec United Kingdom Lawyers for Israel (UKLFI, association d’avocats britanniques pour Israël), avait attiré l’attention du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, réuni à Paris, sur ce char de carnaval outrageusement antisémite, et demandé de lui retirer ce prestigieux statut.
Une majorité d’Etats membres du Bureau – l’Autriche, la Colombie, les Philippines, etc. – étaient convenus de proposer le retrait d’Alost au cours du prochain comité plénier des 9-14 décembre à Bogota (Colombie), au motif de racisme.
Le mouvement Impac (International Movement for Peace and Coexistence), qui a son siège à Bruxelles, s’est joint à notre campagne avec une pétition qui a récolté plus de vingt-deux mille signatures. Il a aussi organisé des réunions avec de hauts responsables belges, dont l’Unia, une institution officielle des droits de l’homme qui n’a eu de cesse de faire obstacle à nos démarches sous prétexte de « liberté d’expression ».
« L’Unesco, par l’intermédiaire de son sous-directeur général pour la Culture, Ernesto Ottone Ramírez, a pris une position ferme au nom du Secrétariat : il a affirmé que l’Unesco ne peut accepter de site inscrit [au Patrimoine culturel immatériel] qui incite au racisme », indiquait Shimon Samuels, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal.
« En octobre 2019, les organisateurs de ce même carnaval publiaient une série d’autocollants et de rubans avec des images de Juifs stéréotypés sautant sur le logo de l’Unesco, qui signifieraient que les Juifs contrôlent l’instance onusienne (une parodie surprenante lorsqu’on sait que l’Etat d’Israël a récemment quitté l’Organisation). Ces images prédisent une aggravation de l’antisémitisme pour le carnaval 2020 », ajoutait M. Samuels.
Autocollants et rubans illustrant le prochain carnaval d’Alost.
« La Belgique aurait maintenant ‘‘retiré’’ le carnaval d’Alost de la liste de l’Unesco, de peur de devoir affronter la honte d’être exclue pour antisémitisme », soulignait Jonathan Turner, le directeur général de UKLFI.
Nigel Goodrich et Patricia Teitelbaum, du mouvement Impac, ont rapporté les faits à la presse belge, provoquant « un remous dans les Flandres qui permet de débusquer un certain nombre de racistes ».
M. Samuels s’était adressé à Sophie Wilmès, la nouvelle Première ministre belge, premier chef de gouvernement belge femme et de confession juive, à propos de ce scandale. Il constate : « On attend toujours une déclaration officielle des autorités belges exigeant la radiation de ce carnaval… Dans un langage qu’on pourrait qualifier d’antisémite, le maire d’Alost a décrit le retrait de l’Unesco comme une libération de la pression juive. »
Avertissement : « En fait, il n’est pas question que ce retrait soit ‘‘unilatéral’’. Il appartient aux vingt-quatre Etats membres du Comité du patrimoine culturel immatériel d’en décider. »
« Même si le carnaval était radié de la liste de l’Unesco, il n’est pas dit que son édition 2020 serait dépourvue de haine… Le Centre Wiesenthal reste vigilant », concluait M. Samuels.