« Des lingots fondus avec de l’or arraché à des dents de cadavres juifs ont été expédiés en Amérique du Sud pour financer le réseau Odessa et édifier un IVe Reich. »
Paris, le 19 juin 2019
Le Centre Simon Wiesenthal enquête sur les informations suivantes, exposées par le Wall Street Journal : Nicolás Maduro, le dictateur du Venezuela, se maintient au pouvoir grâce à l’argent de la vente, entre 2017 et février 2019, de quelque 73,3 tonnes d’or, évaluées à 3 milliards de dollars. Il a vendu cet or à des entreprises au Moyen-Orient et en Turquie, en violation des sanctions imposées par les Etats-Unis.
En mars dernier, 7,4 tonnes de lingots d’or supplémentaires, évaluées à 300 millions de dollars, ont été envoyées à bord de deux avions russes de Caracas à Entebbe, pour « affinage », puis réexpédiées dans un pays du Moyen-Orient.
Le dictateur du Venezuela, Nicolás Maduro, portant un lingot d’or.
Le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels, rappelait qu’« en 1997, on m’avait donné accès aux archives de la Banque centrale d’Espagne sur les transports d’or effectués entre 1936 et 1945… Les dossiers avaient révélé des lingots nazis contenant des plombages en or, Zahngold, arrachés des bouches de cadavres juifs et récupérés entre les chambres à gaz et les fours crématoires ».
Le Centre ajoutait que « ces lingots ont été envoyés au dictateur espagnol Francisco Franco depuis l’Allemagne. Puis une partie partait en Amérique du Sud – principalement au Paraguay –, transitant par l’Argentine vers le Venezuela, afin de soutenir le réseau dit Odessa, qui aidait les fugitifs nazis déterminés à édifier un IVe Reich ».
M. Samuels poursuivait en ces termes : « En outre, une certaine somme, déposée à la Banque centrale de Madrid, aurait été transférée en avril 1945 à l’ambassade britannique et envoyée au Royaume-Uni sous forme d’‘‘assurance-vie’’ à l’adresse de Franco afin d’empêcher la mainmise des communistes sur l’Espagne. En 1997, le ministre britannique des Affaires étrangères, Malcolm Rifkind, en réponse à la requête du Centre Wiesenthal, a mentionné une cache de pièces d’or qui avait été envoyée de Londres en Allemagne – un transfert dont la Commission tripartite pour la restitution de l’or, qui veillait sur ces restitutions, ignorait l’existence, tandis que Rifkind affirmait ignorer l’existence des lingots espagnols… Les conditions chaotiques et l’extrême fongibilité qui régnaient dans l’immédiat après-guerre n’écartent pas le fait qu’une partie de la livraison envoyée aux Etats-Unis, sous couvert de mesures anti-communistes du plan Marshall en Europe, a été détournée vers Caracas pour payer le pétrole vénézuélien fourni aux Etats-Unis en contrepartie de leur effort de guerre. »
« En fait, la police ougandaise a signalé que l’or qui a transité en mars dernier dans deux avions russes avait des estampilles américaines. A l’aéroport d’Entebbe, la cargaison a été prise en charge par la société African Gold Refinery (AGR) pour ‘‘affinage’’ puis ‘‘exportation au Moyen-Orient’’… Des deux lots expédiés en mars, le premier, de 3,8 tonnes, a été traité et immédiatement exporté de l’Ouganda. Le second, de 3,6 tonnes, a été saisi et confisqué par la police ougandaise. Selon certaines sources, le président ougandais Museveni aurait ordonné la mainlevée de l’or et sa trace aurait été perdue, bien que deux tonnes semblent avoir été mises aux enchères en Turquie. »
M. Samuels soutenait que « si la cargaison avait été conservée aux fins d’analyse ADN et de routage, la justice aurait encore pu être faite au nom du peuple vénézuélien et de l’intégrité de la mémoire de l’Holocauste ».
« Bien que l’AGR ait affirmé que la destination finale fût Dubaï, via la Turquie, si cette destination finale était réellement un ‘‘pays musulman’’, peut-être l’Iran, dernier utilisateur – qui finance la terreur –, Maduro pourrait bien être le vecteur d’une ironie de l’Histoire : de l’or volé aux Juifs dans la Shoah financerait une autre intention génocidaire, cette fois contre l’Etat juif », suggérait le Centre.
« La police ougandaise a constaté que les documents les accompagnant indiquent que les lingots datent des années 1940. D’autres témoins ont observé que des tampons avaient été maladroitement rayés de nombreux lingots pour en dissimuler l’origine… »
« Nous demandons instamment qu’une enquête approfondie soit menée sur les activités de l’AGR et sur l’abominable rôle que sa direction aurait joué pour dérober la propriété du peuple vénézuélien, ainsi que sur l’origine douteuse de ce transport d’or et sur ceux qui auraient participé à cette parodie d’Holocauste », concluait Shimon Samuels.