Manama, Bahreïn, le 5 juillet 2018
Au moment où le 42e Comité du patrimoine mondial de l’Unesco s’achevait, après dix jours de débats, la politique de dépolitisation préconisée par la directrice générale – qui concerne précisément le conflit israélo-arabe – semblait s’être couchée avec le soleil du désert bahreïni, emportant dans son sillage consensus et harmonie.
Le débat sur Jérusalem, resté irrésolu, a été reporté, laissant deux fausses notes :
- Le Centre Wiesenthal avait attiré l’attention sur l’interview accordée au Gulf Times par le délégué palestinien. Il y récitait une litanie de récriminations contre Israël, avant même que l’encre de la résolution, adoptée par consensus, n’ait commencé à sécher (voir la photo ci-dessous).
- Plus dérangeante encore fut la missive envoyée par le Maroc à toutes les délégations de l’Unesco, rapportant le discours du roi Mohammed VI prononcé au Conseil d’Al-Quds, à Rabat, qu’il présidait (en omettant de mentionner le nom universel d’Al-Quds, à savoir, Jérusalem).
Le discours du roi est une critique du déménagement de l’ambassade américaine, un léger blâme de l’immobilisme palestinien, contrecarré par une litanie de critiques contre Israël (voir le lien vers le document original en arabe, espagnol, anglais et français).
On pourrait spéculer sur l’intention du Maroc de repolitiser le débat, sabotant ainsi la politique d’une directrice générale qui possède des liens familiaux avec la monarchie marocaine.
Etait-ce une tentative de réaffirmer le rôle du Maroc comme acteur de « la politique arabe sur Jérusalem », dans la rivalité qui oppose les rois de Jordanie et du Maroc, ou bien la décision inconsidérée d’un représentant de la délégation marocaine à l’Unesco, au siège parisien ?
Pour résumer, ces actes révèlent les défis que Madame Azoulay doit affronter et à quel point ses efforts pour maîtriser la dépolitisation au sein de l’Unesco sont louables.