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« La séance s’est achevée avec du sang sur les mains. »

Cracovie, le 7 juillet 2017

Dans un miasme qui resurgit funestement aujourd’hui, le scénario de l’usurpation d’identité s’est conclu comme il se devait, malgré le défi arabo-cubain lancé à la Croatie et à la Jamaïque – la demande soumise par la Pologne d’un vote au bulletin secret. Le destin d’Hébron fut ainsi scellé par 12 « oui », trois « non » et six abstentions anonymes.

L’Icomos (Conseil international des monuments et des sites), le consultant professionnel de l’Unesco, avait octroyé à ce site le statut de Valeur universelle exceptionnelle, condition requise pour une inscription au Patrimoine mondial. L’organisation avait ajouté qu’elle ne voyait pas « de nouvelle menace sérieuse qui justifierait de considérer ce site comme menacé ou comme un cas d’urgence » – une procédure accélérée, régulièrement utilisée par les Palestiniens au détriment des autres États membres qui attendent pendant des années qu’on prête attention à leurs propres sites.

La proposition d’inscription de l’Icomos mentionnait « la vieille ville et d’autres sites d’associations religieuses [qui] reflètent les valeurs patrimoniales du judaïsme, du christianisme et de l’islam ».

Voir en pièces jointes :

1. Le projet de résolution du Secrétariat basé sur les conclusions de l’Icomos
whc17-41com-8B-Add2-REV-fr.pdf

2.Les modifications (en rouge) détournant la résolution, présentées par le Liban, le Koweït et la Tunisie, qui effacent délibérément toute mention des valeurs patrimoniales du judaïsme, du christianisme et de l’islam (en anglais)
Amendment__to_41_COM_8B.1.pdf

 Le Koweït a honteusement allégué que l’inscription d’Hébron au patrimoine palestinien constituait une mesure favorable à la paix, car la mosquée d’Ibrahim (nom musulman de la grotte de Macpéla, qui abrite le caveau des Patriarches) possédait des caractéristiques inter-ethniques et internationales.

La Pologne a suggéré que la complexité du site nécessitait d’ajourner la décision afin d’étudier plus à fond le dossier, car même le titre du vote suscitait la controverse : « Par mesure d’urgence : la vieille ville d’Hébron/Al-Khalil – Palestine. »

Le Comité du patrimoine mondial (CPM) a été pris en otage pendant le scrutin, le président Jacek Purchla était atterré. L’ambassadeur d’Israël a couru pour protéger l’urne électorale, on a appelé la sécurité, la délégation israélienne a quitté la salle sous les huées et les sifflets.

Les États-Unis, le Canada et l’Australie, prenant la parole en tant qu’observateurs, ont dénoncé le discrédit que le vote de cette résolution tendancieuse jetait sur l’Unesco.

Trois minutes de paroles ont été accordées à deux observateurs d’ONG : à moi-même et au maire d’Hébron, Tayseer Abu Senein. Ce dernier aurait assassiné en 1980 six jeunes élèves de yeshivas alors qu’ils priaient à Jérusalem.

La séance s’est achevée avec du sang sur les mains.

Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal

Voici mon discours.

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Le professeur Jacek Purchal, président du CPM, avec Shimon Samuels.

Texte de présentation de Shimon Samuels, observateur permanent du Centre, à la séance plénière du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco

Monsieur le Président,

En tant que seule ONG juive accréditée auprès du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco (CPM), le Centre Simon Wiesenthal s’exprime au nom de ses 400 000 adhérents ainsi que pour tous ceux qui sont préoccupés par cette réunion, juifs et chrétiens, de par le monde.

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Nous vouons le plus grand respect au travail du CPM. Nous avions fait appel à lui pour la conservation d’Auschwitz, alors qu’une discothèque s’était implantée à l’intérieur de sa zone protégée.

Je voudrais citer ici, bien malgré moi, von Clausewitz : « La diplomatie, c’est la guerre par d’autres moyens. » En effet, depuis que les Palestiniens sont entrés à l’Unesco, en novembre 2011, la maxime de ce stratège allemand pourrait bien devenir : « Le patrimoine, c’est la guerre par d’autres moyens. » Car le CPM est devenu un véritable champ de bataille.

Depuis la basilique de la Nativité en 2012, en passant par Battir (le village qui abritait la citadelle de Betar, siège de la révolte juive de Bar-Kokhba contre l’occupation romaine, en 132 après J.-C.) en 2014, jusqu’au Mur occidental et au mont du Temple, l’usurpation d’identité est une campagne vorace menée par les Palestiniens pour se valider une identité.

A cette session en Pologne, sur un sol imprégné de sang juif, être témoin des ravages causés aux affinités qui lient les Juifs à Jérusalem et au caveau des Patriarches d’Hébron n’est égalé que par l’audace d’un amalgame entre, d’une part, un moment de silence en mémoire du million de Juifs – y compris des enfants – gazés et fusillés à moins de 70 kilomètres d’ici, à Auschwitz-Birkenau, et, d’autre part, un second moment de silence en soutien aux « Palestiniens », dont beaucoup se réjouissent aujourd’hui des assassinats terroristes perpétrés contre des Juifs – dont des enfants.

Se lever pour observer successivement ces deux minutes de silence équivaut à une forme de révisionnisme de la Shoah, cataloguant les Israéliens comme des nazis, en violation de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste et de la Définition de l’antisémitisme adoptée par le Parlement européen et par ses pays signataires – tous représentés ici.

Monsieur le Président, aucun autre peuple, aucune autre religion n’a été diffamé à ce point au CPM. Nous aurions été les premiers à protester si la victime en avait été le patrimoine islamique, mais c’est le patrimoine judéo-chrétien qui subit constamment les foudres de cette chambre.

Monsieur le Président, sauvez le CPM de ce genre d’abus, de ces voies rapides empruntées sous des prétextes fallacieux d’urgence, tandis que d’autres Etats membres attendent depuis des années pour inscrire leur propre patrimoine.

Monsieur le Président, trouvez les moyens de laisser cette politisation à New York [ndlr : l’ONU].

Le CPM doit retrouver la pureté de sa déontologie : la reconnaissance, la protection, la préservation du patrimoine, dans un climat de dialogue pacifique – ce que nous appelons Tikkoun olam –, afin de sauver et de restaurer le patrimoine mondial, dans le respect mutuel de l’histoire d’autrui.

Merci, Monsieur le Président.