Paris, le 25 septembre 2022
Communiqué envoyé avant le début de Rosh Hashana à Paris
Les bureaux de vote ferment à 23 heures, les premiers résultats seront annoncés à minuit.
Les résultats des élections législatives italiennes tomberont ce soir, pendant les célébrations du nouvel an juif 5783. Un front populiste est sur le point de couper le pays en deux. À l’approche de ces élections, le camp plus bruyant, frustré et xénophobe, a politiquement fait couler les modérés, trop prudents et intellectualisés. La coalition de droite présente le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), allié à un autre parti populiste et eurosceptique, la Lega de Matteo Salvini, et à la libérale-conservatrice Forza Italia, dirigée par Silvio Berlusconi – âgé mais toujours populaire. Selon la plupart des sondages, il ne fait guère de doute que cette coalition remportera ces élections.
Le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels – basé en Europe depuis trente-six ans –, commente ici les conséquences possibles de ce vote, en particulier pour les Juifs italiens, et pour la diaspora en général.
Il y a environ vingt-sept ans, Silvio Berlusconi, en tant que Premier ministre, avait rencontré à Rome des responsables du Centre Wiesenthal, le rabbin Abraham Cooper et Shimon Samuels. Ces derniers sollicitaient son soutien pour que le criminel de guerre nazi Erich Priebke – responsable du massacre des Fosses ardéatines (335 tués, dont 75 Juifs) – soit extradé d’Argentine afin d’être jugé en Italie. Berlusconi avait répondu : « Je veux cet homme en Italie. » En tant que président des éditions Mondadori, il avait publié en italien le dernier livre de Simon Wiesenthal, Justice n’est pas vengeance. Il l’avait ensuite distribué à chaque membre du Parlement italien... Berlusconi, autrefois admirateur de Poutine, a condamné en avril dernier l’invasion de l’Ukraine, « attristé » par le comportement du président russe.
Matteo Salvini, à la tête de la Lega, a été vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur en 2018-2019. Il a été particulièrement controversé pour sa politique migratoire... Ceci dans un contexte européen généralisé qui pourrait rappeler la conférence d’Évian de 1938, au cours de laquelle tous les États participants – à l’exception de la République dominicaine – ont repoussé les réfugiés juifs fuyant l’Allemagne nazie. Sur un autre registre, Salvini a déclaré qu’il était favorable au transfert de l’ambassade d’Italie en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Mais cette proposition a été rejetée par Giorgia Meloni au motif que c’était une « stratégie essentiellement américaine ».
« Quant à cette dernière, poursuivait M. Samuels, elle rassemble la constellation des partis et mouvements d’extrême droite. Sa rhétorique populiste accrocheuse a pris de l’ampleur, créant une base électorale solide positionnée à un taux de consensus moyen de 25 %, au sommet des sondages d’opinion. Meloni doit encore faire ses preuves au gouvernement. »
En particulier, son électorat est également composé d’anciens extrémistes néo-fascistes et néo-nazis qui n’ont aucun scrupule à colporter l’antisémitisme et la haine.
M. Samuels indiquait : « Mis à part les scénarios possibles – qui sont trop nombreux pour être identifiés à ce stade –, le Centre Simon Wiesenthal sera plus vigilant que jamais pour dénoncer tout discours ou action inacceptable de cette coalition, quelle que soit sa position. Il ne s’agit pas seulement de l’avenir de l’Italie, mais sa politique influencera aussi d’autres pays européens et les institutions de l’UE... mettant à rude épreuve son unité face aux temps difficiles qui l’attendent. »
La citation de Mark Twain est revenue : « L’histoire ne se répète jamais, mais elle rime souvent ! » L’Italie et l’Europe ne peuvent pas se permettre une nouvelle impasse fondée sur la haine, la discrimination et la violence. De plus, pour paraphraser Simon Wiesenthal, « ce qui a commencé avec les Juifs – les migrants aujourd’hui – ne s’arrêtera pas avec eux » ! Victimes depuis des siècles, les Juifs ont tendance à faire preuve d'empathie pour les parties les plus fragiles de la société et ils se méfient des dirigeants autocratiques qui rejettent en force les droits des minorités.
« Quel que soit le vainqueur de ces élections, sa bannière doit porter le manifeste : ‘‘Jamais plus le fascisme !’’ » concluait Shimon Samuels.
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Pour plus d’informations, veuillez contacter Shimon Samuels : csweurope@gmail.com
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