Paris, le 24 avril 2022
Le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, le rabbin Marvin Hier, doyen et fondateur du Centre, ainsi que son vice-doyen et directeur de l’action sociale globale, le rabbin Abraham Cooper, ont félicité le président Emmanuel Macron pour sa réélection. Au nom des quatre cent mille membres et hauts responsables du Centre, ils lui souhaitent plein succès au cours de ces cinq prochaines années.
M. Samuels énumère ici certains dangers moins connus si Marine Le Pen avait remporté les élections. Elle aurait pu courber l’échine devant Moscou et ses ambitions africaines.
La Russie gagne en influence, de l’Afrique du Sud à la Libye, de l’Angola au Mali. Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, appelle de ses vœux un « nouvel ordre mondial » – un langage qui rappelle le national-socialisme allemand et le fascisme italien des années 1930. Il crée maintenant un nouvel Axe en invitant la Chine à se joindre au « début d’une nouvelle ère dans les relations internationales ».
L’Assemblée générale de l’ONU a proposé la suspension de la Russie de son Conseil des droits de l’homme, au motif de crimes de guerre commis en Ukraine. La plupart des pays africains se sont abstenus ou ont voté contre cette résolution. Ceci est la conséquence du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu en 2019 sous l’égide de Poutine. Y assistaient quarante-trois chefs d’État dépendants des livraisons d’armes et du soutien stratégique russes.
Un article du Memri1 paru le 20 avril indiquait que « Moscou accroît sa présence dans la région du Sahel, au détriment de la France ». Il constatait « un sentiment anti-français croissant »... au Mali et au Burkina Faso, où des appels à la collaboration avec la Russie sont lancés, avec parallèlement le désir de cesser leur coopération avec la France.
En tant que présidente des Français, Marine Le Pen aurait peut-être invoqué sa relation personnelle avec Vladimir Poutine pour programmer un plausible départ des bases françaises du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, où elles sont cantonnées depuis soixante ans. En conséquence, la France aurait perdu son rôle dans la campagne qu’elle mène contre le terrorisme djihadiste au Sahel. Memri suggère que la Russie, la Chine et la Corée du Nord se seraient substituées à la présence française.
Encore plus douloureux aurait été le coup porté à la francophonie, la version française du Commonwealth britannique. Alors que, dans les années 1960, la Grande-Bretagne se désinvestissait de son empire, la France était en guerre contre le FLN, le Front de libération nationale algérien, tout en implantant un réseau culturel et financier dans ses autres anciennes colonies.
Et un autre scénario-catastrophe a été dévoilé ce 19 avril par la revue scientifique britannique Nature : selon elle, une victoire électorale de Marine Le Pen aurait été désastreuse pour la recherche en France et en Europe. L’éditorial de Nature affirme que le parti de Marine Le Pen, le Rassemblement national, pourrait enfreindre les réglementations européennes, limitant l’embauche des citoyens européens en France, et restreignant ainsi la liberté académique.
En tant que présidente, Mme Le Pen aurait plongé la France dans l’abîme.
Néanmoins, bien qu’elle ait perdu le second tour des élections présidentielles, la bataille va maintenant se déplacer vers les élections législatives de juin. Il faut que le camp modéré, représenté par la coalition Ensemble citoyens d’Emmanuel Macron avec une poignée de petits partis, prenne de l’ampleur, car la combinaison d’extrêmes polarisés – de gauche comme de droite – diviserait environ 60 % de l’électorat.
Le leader d’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon, est déjà parti en campagne : il se propose comme alternative pour les 30 % d’indécis et d’abstentionnistes du scrutin présidentiel. Quant à l’extrême droite – Le Pen et Zemmour –, elle mise sur l’insatisfaction populaire qui règne en temps de crise... Macron et sa coalition devront répondre aux griefs soulevés par les extrêmes, insuffler espoir et stabilité, mais aussi défendre les valeurs qui font la force de la France, de l’Europe et de l’Occident : la liberté, la démocratie, l’égalité et l’État de droit.
(1) Memri : Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (Middle East Media Research Institute), ONG qui a pour objectif de surveiller les médias islamiques au Moyen-Orient.