Paris, le 3 mars 2022
Le président français assiste généralement au dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). Ce 24 février, Emmanuel Macron n’a pas pu y participer, en raison d’une réunion européenne d’urgence sur la crise russo-ukrainienne.
Le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, s’est entretenu avec le Premier ministre Jean Castex au sujet d’un rapport récent d’Amnesty International et des campagnes BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), qui visent Israël et les Juifs.
M. Castex est ensuite monté sur le podium pour excuser l’absence du président Macron, puis il a prononcé un puissant éloge d’Israël.
Jean Castex et Shimon Samuels (photo Alain Azria).
Quatre jours plus tard, lors d’une session parlementaire sur l’Ukraine, Jean Castex a déclaré, de manière tout aussi remarquable : « Vladimir Poutine a menti, au président Macron, à la communauté internationale, à son propre peuple… Le président Zelensky n’est pas un néo-nazi... mais Poutine est un menteur. »
M. Samuels a ensuite discuté avec Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, du problème de l’insécurité des institutions juives en France : synagogues, écoles, cimetières et autres institutions communautaires. Il a souligné l’importance de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA en tant qu’instrument à adopter plus généralement.
Shimon Samuels et Gérald Darmanin.
Le lendemain, vendredi 25 février, un exemple type s’est présenté : à l’approche des élections présidentielles des 10 et 24 avril, des graffitis insultants font souvent leur apparition. Ceux qui s’en prenaient au candidat Éric Zemmour ont dépassé les bornes : « Sale Juif » et « Urinoir public - Profitez-en » ont été badigeonnés sur ses affiches.
Les affiches du candidat à la présidentielle Éric Zemmour maculés de graffitis
insultants (source : Génération Z sur Twitter).
Zemmour, journaliste issu d’une famille juive algérienne, est un candidat douteux à la présidence de la France. Il est considéré comme inacceptable par la majorité de l’électorat juif traditionnel, compte tenu de ses commentaires disculpant le maréchal Pétain, chef collaborationniste du gouvernement de Vichy.
Zemmour insiste également sur le fait que sur les plus de soixante-dix mille Juifs déportés et exterminés, la plupart étaient des étrangers, minimisant ainsi l’importance de la Shoah en France.
« Malgré les autres positions odieuses de Zemmour, il est inacceptable de l’attaquer pour son appartenance à la religion juive... Il est d’ailleurs curieux que de telles inscriptions aient été trouvées dans la périphérie de Vichy », concluait Shimon Samuels.