Paris, le 16 janvier 2022
Le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, a exprimé son indignation face à une violente expression antisémite proférée hier, lors d’une conférence à Ferrare, en Italie, par le député Vittorio Sgarbi – connu pour ses frasques politiques. La conférence, organisée par l’écrivain de confession juive Moni Ovadia, s’intitulait « Le Festival des mémoires ».
Sgarbi est l’un des principaux partisans de la candidature de Silvio Berlusconi à la présidence de la République italienne. Il a fait cette scandaleuse déclaration au tout début de son discours de présentation : « Une extermination qu’il [Ovadia] ne traite pas, par pudeur, c’est celle des Palestiniens... perpétrée par l’État d’Israël au fil des ans... »
Voir l’article dans Informazione Corretta : https://www.informazionecorretta.com/main.php?mediaId=115&sez=120&id=84205
Traduction française : Informazione_Corretta_15Jan2022_Traduction_française.pdf
Cette déclaration inacceptable s’ajoute à une longue liste de positions controversées que Sgarbi a prises au fil des décennies, qui lui ont valu un record de poursuites en justice pour diffamation.
Semblant flirter avec des militants à la fois « antivax, antimasque, antipasse », Sgarbi a récemment été expulsé de force du Parlement parce qu’il refusait de porter un masque, contrairement à tous ses collègues. À une autre occasion, il aurait minimisé la nécessité d’une protection policière pour la sénatrice Liliana Segre, survivante de l’Holocauste, qui recevait quotidiennement des menaces de mort néonazies. Maintenant, il s’est lancé dans cette nouvelle diatribe, en utilisant des termes tels que « extermination » et « génocide » appliqués à Israël.
« Silvio Berlusconi – à la tête des éditions Mondadori – avait publié les ouvrages de Simon Wiesenthal en italien, en particulier Justice n’est pas vengeance, qui a remporté un grand succès. Dans les années 1990, alors qu’il était Premier ministre, il avait soutenu la campagne du Centre Wiesenthal pour l’extradition d’Argentine du criminel de guerre nazi Erich Priebke pour qu’il soit jugé en Italie. Il nous avait épaulés, nous et les familles des victimes du massacre des Fosses ardéatines, dans notre quête de justice », rappelait Shimon Samuels.
Le Parlement italien doit élire le prochain président de la République au cours de la dernière semaine de janvier. Beaucoup se demandent si Berlusconi a des chances d’obtenir la présidence, surtout s’il fraternise avec des individus tels que Sgarbi.
Pendant ce temps, l’extrême droite devient plus franche et audacieuse (voir le cas d’un drapeau nazi posé sur un cercueil lors d’un enterrement à Rome). Elle surfe sur la vague de la polarisation pour influencer le débat public, à un moment critique – cette année marque le centenaire de la marche sur Rome des fascistes de Mussolini, en 1922.
« Nous espérons que, quel que soit le résultat de cette élection, aucun des candidats ne cautionnera le négationnisme, les théories du complot, l’incitation à l’antisémitisme et toute forme d’intolérance qui défigurent l’Italie, à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement », concluait Shimon Samuels.