Rapport de Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal
Paris, le 21 octobre 2021
Au fil des ans, le Centre Wiesenthal a suivi de près d’innombrables crimes terroristes antisémites commis en France, et en particulier l’assassinat de Sarah Halimi. Nous dénonçons la parodie de procès qui rend pénalement irresponsable son meurtrier et nous pressons constamment les autorités françaises pour qu’elles rouvrent l’affaire.
Le 4 avril 2017 vers 4 h du matin, Kobili Traoré, un voisin musulman malien de Sarah Halimi, une directrice de crèche retraitée de 65 ans, est entré dans son appartement, l’a frappée en scandant des versets coraniques et en criant « Allah Akbar ». Il l’a ensuite jetée inanimée du haut de son balcon. Par décision de la Cour, Traoré est détenu dans une clinique psychiatrique plutôt que d’être condamné à la prison, au motif qu’il n’était pas responsable au moment des faits car il avait agi « sous l’influence du cannabis ».
Le Groupe Pas Silencieux, mouvement dont l’objectif est de contester cette décision de justice inique, révèle maintenant que les policiers avaient les clés de l’appartement des voisins de Sarah Halimi, et qu’ils auraient donc pu intervenir plus tôt et la sauver ainsi de son brutal agresseur.
Si cette information est avérée, notre Centre insistera pour rouvrir l'affaire, au regard du comportement de la police qui aurait pu empêcher la mort de la victime.
Une « Commission d’enquête sur les éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l’affaire dite Sarah Halimi » a été créée à l’Assemblée nationale. Elle est présidée par le député Meyer Habib, qui enquête sur les questions liées à ce meurtre.
Les points suivants devraient être examinés :
- Cet élément policier serait-il la clé pour rouvrir le procès de Sarah Halimi contre son meurtrier ?
- De quels autres éléments la Commission dispose-t-elle pour rouvrir l’affaire ?
- Quand la Commission fournira-t-elle son rapport final ?
À chaque tournant, l’affaire Sarah Halimi soulève d’autres questions. « Justice pour Sarah Halimi » devient un appel vibrant à la vérité, pour que la famille de la victime puisse faire son deuil. Un rappel du « J’accuse ! » de l’affaire Dreyfus.
Meyer Habib peut-il réincarner un Émile Zola contemporain ? Le temps presse, car l’échec du système judiciaire fait du tueur un héros djihadiste, un modèle pour les loups solitaires, qui risquent de semer la mort parmi d’autres victimes juives et autres.
* * *
« Ma cause était la justice, non la vengeance. Mon travail est pour un lendemain meilleur et un avenir plus sûr pour nos enfants et nos petits-enfants. » (Simon Wiesenthal, 1908-2005)