Éditorial de Shimon Samuels publié en anglais dans The Times of Israel
le 29 mai 2021
https://blogs.timesofisrael.com/80th-farhud-anniversary-a-precursor-to-2021-violent-international-antisemitism/
Ce 30 mai, le Centre Wiesenthal est fier de se joindre à vingt-six organisations, sous la houlette de Harif, association des Juifs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) basée au Royaume-Uni, pour commémorer le pogrom (Farhoud) de Bagdad perpétré le 1er juin 1941 contre sa communauté juive, vieille de 2 700 ans.
Il y a quatre-vingts ans, l’Allemagne nazie inspirait au Premier ministre irakien de l’époque, Rashid Ali Al-Gaylani, l’idée de déclencher le Farhoud (« dépossession violente » en arabe). Le bilan, selon certaines sources, s’élève à plus de 180 Juifs assassinés, quelque 600 corps inconnus enterrés dans une fosse commune, 700 blessés, sans compter les viols et les destructions de biens juifs.
L’ambassadeur britannique n’aurait pas exécuté l’ordre de Londres et les demandes de l’armée britannique, cantonnée à proximité, d’agir contre les émeutiers. De plus, selon certains, si les Britanniques ont attendu 48 heures pour entrer dans Bagdad, c’était avec l’arrière-pensée de laisser libre cours aux conflits sectaires.
En 2015, la mission israélienne à l’ONU a organisé une session pour que le 1er juin soit reconnu comme « Journée internationale du Farhoud ».
On peut considérer la vague actuelle de violence antisémite contre les communautés juives à travers l’Europe et l’Amérique du Nord comme des signes avant-coureurs d’un Farhoud. Les Rashid Ali d’aujourd’hui sont le Hamas, le Djihad islamique, le Hezbollah...
Les prémices du terrorisme djihadiste antisémite, visant les Juifs, ont éclaté dans les années 1980 avec l’attentat de la synagogue Copernic à Paris, qui a fait quatre morts et quarante-six blessés, puis une escalade de soixante-douze autres massacres perpétrés dans cette décennie, jusqu’à l’attentat de 1994 contre le centre juif Amia de Buenos-Aires, organisé par l’Iran, qui a fait quatre-vingt-cinq morts et plus de trois cents blessés.
Le XXe siècle a assisté à la transplantation de l’Intifada depuis le Moyen-Orient vers, principalement, l’Europe de l’Ouest. La mondialisation de la haine anti-juive a débuté avec la Conférence mondiale des Nations unies contre le racisme de 2001 à Durban, en Afrique du Sud. Ce rassemblement s’est achevé avec le siège de la synagogue de Durban par une foule propalestinienne qui brandissait des banderoles proclamant : « Hitler n’a pas fini son travail ! ».
Les conférences onusiennes qu’on a appelées Durban 2 et 3 ont été inaugurées par le président iranien de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad, crachant sa judéophobie. Le régime actuel iranien est assurément la version contemporaine de l’Allemagne nazie. Une réunion Durban 4 est maintenant prévue en septembre prochain au siège de l’ONU à New York. Souhaitons que l’Australie, le Canada et les États-Unis réussissent à exhorter d’autres pays à boycotter cet exercice prévisible de haine.
La conférence d’Évian de 1938, organisée à l’initiative du président Roosevelt pour relocaliser les réfugiés juifs d’Europe, a réuni les trente-deux États membres de la Société des Nations, l’ancêtre des Nations unies. Elle a tourné à la mascarade : chacun des ambassadeurs a expliqué pourquoi son pays ne recevrait pas de Juifs. Sur les millions de personnes dans le besoin, seule la République dominicaine a offert d’en accueillir une partie. C’est ainsi que quelque cinq mille d’entre eux y ont trouvé asile avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah.
Aujourd’hui, ce sont la Commission des droits de l’homme des Nations unies, l’Assemblée générale des Nations unies, l’Organisation mondiale de la santé et la Cour pénale internationale, avec leurs affronts obsessionnels compulsifs à l’encontre de l’État juif, qui se rendent responsables de la vague actuelle d’une nouvelle Intifada/Farhoud.
Le Haut-Commissaire, les directeurs généraux, présidents, rapporteurs, etc. ont commis une grave erreur : en fomentant l’antisémitisme, l’antisionisme et la judéophobie, ils envoient des vagues de soutien et d’arrivées de la diaspora juive pour renforcer leur patrie.
L’époque d’Évian et du « juif errant » est révolue ! Les États membres démocratiques ne renonceront pas aux avantages que la nation start-up leur procure. Les États en déliquescence qui animent des organismes de défense des « non-droits » de l’homme continueront de dénigrer Israël entre eux, dans leurs propres chambres d’écho.
Notre défunt mentor, Simon Wiesenthal, avait coutume de dire : « Ce qui commence avec les Juifs ne finit jamais avec eux. » La France, avec les plus grandes communautés juive et musulmane d’Europe, servira de test pour le continent. Le président Macron en appelle à un islam français qui adhère aux valeurs de la République. S’il échoue, les victimes actuelles du Samedi seront suivies des victimes du Dimanche, ainsi que de nos amis parmi le peuple du Vendredi. Voilà notre leçon du Farhoud.
Shimon Samuels est directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal.