« Nous vous invitons à utiliser l’emploi inapproprié du terme ‘‘apartheid’’ comme une occasion de vous joindre à l’Australie, au Canada et aux États-Unis pour boycotter la parodie de ‘‘Durban 4’’. »
Paris, le 24 mai 2021
Monsieur le Président,
Le Centre Simon Wiesenthal est choqué par le langage peu diplomatique et offensant de votre ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a utilisé le terme d’apartheid en référence à l’État d’Israël.
Depuis la référence aux Juifs en tant que « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » du général de Gaulle en juin 1967 à l’occasion de la guerre des Six-Jours, aucun dirigeant politique français n’a fait de déclaration aussi préjudiciable à la communauté juive.
Peut-être devrions-nous inclure la gaffe d’octobre 1980 du Premier ministre de l’époque, Raymond Barre, à propos de l’attentat à la synagogue Copernic : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. »
Les quatre victimes n’étaient pas toutes françaises et la plupart des quarante-six blessés étaient aussi des « Israélites innocents ».
Les émeutiers arabes de la semaine dernière en Israël étaient une minorité inspirée et enflammée par le Hamas, désigné comme mouvement terroriste par, entre autres, l’Union européenne. Ils suivaient la charte du Hamas, qui affiche une politique génocidaire contre tous les Juifs du monde. Il en va bel et bien de même pour les manifestants se proclamant propalestiniens, qui appliquaient également le protocole du Hamas et qui s’en sont violemment pris à des voisins identifiables comme juifs.
Une majorité d’Arabes israéliens a refusé un accord de paix qui stipulerait un transfert de terres, de peur d’être soumis à l’Autorité palestinienne. Ils considèrent leur statut de citoyens israéliens comme loin d’être un apartheid. L’élection de partis arabes et de leurs représentants au Parlement israélien (la Knesset) n’a jamais été le cas en Afrique du Sud sous le régime de l’apartheid. Des Arabes musulmans israéliens intègrent également les Forces de défense israéliennes sur une base volontaire et ils représentent une minorité libre et active dans la vie sociale, universitaire et économique d’Israël.
Il est peu probable que le message du ministre des Affaires étrangères rencontre la faveur des pays arabes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ouverts aux accords d’Abraham.
Il est par contre probable qu’il renforce et qu’il incite à la violence islamiste et jihadiste contre les Juifs de France.
Monsieur le Président, il y a un moyen de réparer quelque peu les dégâts. La fausse équation « Israël = apartheid » est née en 2001 à la Conférence mondiale des Nations unies contre le racisme (World Conference Against Racism, WCAR) de Durban, en Afrique du Sud. Loin de son intention initiale, la WCAR est devenue un festival de haine surfant sur la vague de la deuxième Intifada.
En tant que seul Juif élu au Comité directeur international de Durban, à mon arrivée, j’en ai été physiquement expulsé. Le rabbin Abraham Cooper, directeur du département international de l’action sociale du Centre Wiesenthal, et moi-même avons été agressés et la synagogue de Durban s’est trouvée assiégée par une foule haineuse brandissant des bannières chantant les louanges d’Hitler.
En bref, la conférence de Durban a été prise en otage par la haine et elle est devenue le pire pogrom antisémite depuis l’Allemagne nazie des années 1930.
Les deuxième et troisième conférences de Durban ont été inaugurées par le président iranien de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad, crachant son flot de judéophobie.
Monsieur le Président, vous avez pris une position ferme contre l’islamisme, pour vous assurer que l’islam de France adhère aux valeurs de la République. Nous vous prions instamment d’utiliser l’emploi inapproprié du terme ‘‘apartheid’’ comme une occasion de vous joindre à l’Australie, au Canada et aux États-Unis pour boycotter la parodie de « Durban 4 ».
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre profond respect.
Dr Shimon Samuels
Directeur des Relations internationales
Centre Simon Wiesenthal
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« Il n’y a pas de liberté sans justice. » (Simon Wiesenthal, 1908-2005)