« Au lieu de blanchir l’antisémitisme inhérent à la Déclaration de Durban et à son Programme d’action, l’ONU aurait mieux fait de l’en expurger, afin que les Juifs ne considèrent pas cette conférence comme un nouvel exercice de diffamation et d’incitation à la haine ! »
Genève, ONU, le 22 février 2021
Après avoir écouté pendant 10 heures les discours des États membres du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH), le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal et observateur permanent auprès de l’Onug (Office des Nations unies à Genève), Shimon Samuels, s’est cru catapulté sur une autre planète.
Seul membre de confession juive à être élu au Comité directeur international de la Conférence mondiale des Nations unies contre le racisme (CMCR) de 2001, conférence qui s’était tenue à Durban (Afrique du Sud), il en avait été expulsé dès son arrivée, et on l’avait traité avec dérision de « Juif international ».
À Durban, Shimon Samuels et le rabbin Abraham Cooper, vice-doyen et directeur du département international de l’action sociale du Centre, étaient les porte-parole de la communauté juive. Ils ont été agressés par des Iraniens qui se déclaraient délégués d’ONG. La veille du sabbat, la petite synagogue de la ville a été assiégée par une foule brandissant des affiches à l’effigie d’Hitler – c’était la première fois en plus de cent ans d’existence.
« Pour les Juifs, Durban n’est pas sans rappeler l’Allemagne nazie des années 1930. Aujourd’hui à Genève, ce 20e anniversaire a été qualifié d’‘étape majeure dans la lutte contre le racisme’’... En fait, tout comme en 2001, remarquait M. Samuels, 65 % des États membres du CDH sont des dictatures ou des régimes non démocratiques. »
« À chaque session, le point 4 rend compte des violations des droits de l’homme commises dans tous les pays – mais presque jamais en Iran, Syrie, Turquie, Chine ou Russie, etc.
« Cependant, soulignait-il, le point 7 ne débat que de crimes commis par Israël en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem et dans le Golan syrien... Israël détient le statut de ‘‘Juif parmi les Nations’’. »
Le Centre indiquait que la Malaisie, les Maldives, le Qatar, l’Afrique du Sud, la Turquie et une ONG égyptienne avaient exprimé leur solidarité inconditionnelle avec la « Palestine » et qu’ils attaquaient Israël, certains suggérant même qu’Israël aurait bloqué la livraison de vaccins aux Palestiniens.
Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Maliki, a lancé sa diatribe : « Israël agit en toute impunité, il a profité de la pandémie pour renforcer l’occupation, empêchant l’arrivée de vaccins en Palestine, forçant la population à s’exiler, profanant les lieux saints, détenant arbitrairement des enfants, et il a détruit cinquante-quatre écoles… Certains États souhaitent supprimer l’article 7, c’est-à-dire notre protection, balayant ainsi les victimes sous le tapis. Ce sont des complices d’Israël. Le Haut-Commissariat doit mettre à jour sa base de données des entreprises qui ont des relations d’affaires avec les colonies... Certains pays réfutent la décision de la Cour pénale internationale, ils doivent revoir leur position. Le Conseil des droits de l’homme doit soutenir nos prochaines élections, afin de surmonter ces obstacles, obtenir la réconciliation nationale en Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale et le droit de retour des réfugiés... »
La Syrie : « Nous sommes sous occupation turque, américaine et israélienne. Notre eau est coupée par la Turquie, Israël dans le Golan viole le droit international, où il se comporte de façon inhumaine avec les citoyens syriens druzes. »
Plus décevant, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, après avoir dénoncé l’antisémitisme, a annoncé une subvention de 11,5 millions de dollars (près de dix millions d’euros) au CDH.
La ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Cristin Linde, a évoqué les projets d’un Forum international de lutte contre l’antisémitisme qui doit se réunir l’automne prochain à Malmö – la ville la plus antisémite d’Europe. Il a été ajouté que la Suède augmenterait son soutien financier au CDH, en tant qu’un de ses principaux donateurs.
Le ministre portugais des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva, a annoncé son engagement en faveur d’un groupe de travail à Durban.
Les États membres sont ensuite passés aux projets de Durban IV, qui doit commémorer les vingt ans de Durban I et qui se tiendra en septembre prochain à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Durban II à Genève et III à New York ont tous deux été ouverts par le président iranien de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad, tristement célèbre pour avoir propagé sa maladie de la haine anti-juive.
« Le président de la session du CDH a suggéré que Durban IV devait refléter le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ignorant le fait que son auteur, René Cassin, était un avocat de confession juive qui œuvra à l’ombre de l’Holocauste », relevait M. Samuels.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a évoqué une recrudescence de l’antisémitisme.
La Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a souligné « la discrimination religieuse à l’encontre de l’antisémitisme et de l’islamophobie ».
Phumzile Mlambo-Ngcuka, directrice exécutive de l’ONU Femmes : « Depuis Durban il y a vingt ans, il faut se concentrer davantage sur les femmes de couleur, victimes d’abus sexuels, au statut professionnel inférieur, ayant moins accès à la haute technologie et à la parité homme-femme. »
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, a lui aussi attiré l’attention sur les femmes et les filles en tant que victimes du Covid-19.
Gabriela Ramos, de l’Unesco, a mis l’accent sur les droits des Africains, des migrants, des peuples autochtones, des handicapés – tous sujets à des discriminations –, ajoutant la nécessité « de tirer les leçons de l’Holocauste, de l’esclavage et du colonialisme ».
Enfin, l’Union européenne s’est engagée à soutenir la Déclaration et le Programme d’action de Durban.
« Au lieu de blanchir l’antisémitisme inhérent à Durban, il aurait mieux valu l’en expurger, afin que les Juifs ne considèrent pas cette conférence comme un nouvel exercice de diffamation et d’incitation à la haine », concluait Shimon Samuels.
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