Paris, le 10 janvier 2021
Une lettre adressée à Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, par Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, indiquait : « Nous avons appris que votre municipalité crée un programme de lutte contre l’antisémitisme et le nazisme. À priori, nous étions ravis de constater que vous aviez choisi l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) comme partenaire principal. »
La lettre se poursuivait en ces termes : « Mais nous sommes consternés de voir que vous avez sélectionné un groupe totalement inapproprié, l’UJFP, qui indubitablement cause problème. »
Le Centre soulignait que « ce groupe se caractérise – selon le très respecté NGO Monitor – comme un partisan de la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) contre l’État d’Israël. Ce boycott est illégal en vertu de la loi Lellouche et il est inclus dans la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste), définition adoptée par l’Assemblée nationale en décembre 2019 ».
- « Dans le sigle UJFP (Union juive française pour la paix), on peut alléguer que le ‘‘P’’ n’a pas sa place car cette organisation perpétue le conflit au Moyen-Orient en incitant implicitement à ‘‘la résistance du peuple palestinien’’… »
- « Leur campagne de boycott contre Teva Santé, appelant les pharmaciens français à remplacer les produits de cette entreprise pharmaceutique par des génériques d’une autre marque, nuirait également aux besoins médicaux des Palestiniens, au nom d’un programme politique irresponsable. »
- « Dans ce qui apparaît comme une délégitimation du droit à la souveraineté juive, l’UJFP dénonce ‘‘la politique de colonisation dans le Néguev’’ du KKL, le Fonds national juif pour la protection de l’environnement, dont l’objectif principal est de planter des arbres dans des milieux désertiques. »
- « Selon la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), l’UJFP a remis en cause la pertinence de conserver le terme ‘‘antisémitisme’’ dans le titre de votre ‘‘programme contre le racisme’’. Si c’est vraiment le cas, cela révèle ses véritables intentions. On ne peut pas non plus ignorer la récente diatribe de la militante Houria Bouteldja – qui collabore régulièrement au site de l’UJFP – contre la dauphine du concours français de beauté, Miss Provence, ‘‘coupable’’ parce que son père est ‘‘israélien’’. Cette dernière a fait l’objet d’une avalanche de messages haineux et de menaces antisémites sur les réseaux sociaux. »
La lettre suggérait : « Monsieur le Maire, nous espérons que votre personnel a commis une simple faute de frappe entre UJFP et UEJF, qui est par contre une organisation qui lutte véritablement contre l’antisémitisme. »
Le Centre ajoutait : « Bordeaux a une tragique histoire de haine des Juifs, en particulier les déportations de 1942 à 1944 vers les camps de la mort nazis. »
« Nous vous prions instamment de régler cette affaire qui touche à l’antisémitisme contemporain en corrigeant immédiatement cette ‘‘coquille’’ et en remplaçant l’organisation actuelle par une plus acceptable pour les victimes de cette forme de haine, la communauté juive de France », concluait Shimon Samuels.
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Si vous êtes témoin ou victime d’antisémitisme ou de toute forme de discrimination dans les réseaux sociaux, veuillez nous contacter.
« La haine est un boomerang, qui revient vers tout le monde et n’épargne personne, ni les faibles ni les puissants. »
Simon Wiesenthal, 1908-2005 (extrait de son ouvrage Justice n’est pas vengeance)