Paris, le 29 octobre 2020
Le Centre Simon Wiesenthal-Europe, en partenariat avec l’Eccar, la Coalition européenne des villes contre le racisme, qui compte 158 municipalités membres, a tenu une réunion Zoom intitulée « Comment les villes peuvent-elles remédier à la montée de l’antisémitisme ? ».
Le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels, a remercié le président de l’Eccar, Benedetto Zacchiroli, pour avoir amené Bologne, Bruxelles, Heidelberg et Wroclaw à s’entretenir de ce sujet, encore plus pernicieux à l’ère du Covid-19. M. Samuels s’est réjoui de poursuivre des projets avec l’Eccar.
Le Centre a remercié les experts invités, tous spécialistes et promoteurs de l’adoption de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) : Lord Mann, le député Sylvain Maillard, le professeur David Meghnagi et le maire Uwe Becker.
M. Samuels a rappelé qu’en 2019, Uwe Becker avait inauguré exposition du Centre, « Le Peuple, le Livre, la Terre », à la Foire du livre de Francfort.
Étant donné que le Centre surveille chaque année toutes formes de haine sur les salons internationaux du livre, il a obtenu de son réseau scandinave une alerte sur le site officiel de la Foire du livre arabe, qui vient d’ouvrir ses portes à Malmö, en Suède. Ce site proposait d’acheter en ligne à la librairie Safahat Publishers les livres suivants :
- La synagogue de Satan : l’histoire secrète de la domination juive dans le monde, publié par Dar Tomoz, Syrie
- Le 15 mai, anniversaire de la Nakba – Le viol de la Palestine et la création de l’entité sioniste usurpatrice, distribué par Safahat Publishers, Suède
Le Centre demandait à son partenaire, l’Eccar, d’utiliser cet exemple comme étude de cas pour ses villes membres.
- Le Président de l’Eccar, Benedetto Zacchiroli, animait les débats, accueillant les intervenants et les participants au nom des 158 villes membres de la Coalition. Il a remercié le Centre Simon Wiesenthal pour son partenariat et en tant que phare qui protège des dangers de l’antisémitisme, spécialement en cette période d’extrême urgence. Il considère l’Eccar comme un vecteur des initiatives du Centre parmi les villes membres de la coalition.
- Lord Mann, conseiller indépendant du gouvernement britannique sur l’antisémitisme, a annoncé un rapport du Parlement sur les multiples complots antisémites alimentés par la campagne antivax. Il a souligné l’importance pour les villes, les universités et les clubs sportifs d’adopter la Définition de l’IHRA – ou, mieux formulé, la Déclaration – sur l’antisémitisme. Il a fait valoir que plus de 70 % des villes du Royaume-Uni et quinze grandes universités et clubs de football britanniques ont déjà adopté cette déclaration comme outil d’éducation contre la haine et l’intolérance.
- Uwe Becker, maire de Francfort et champion de longue date de la lutte contre l’antisémitisme et toutes formes de discrimination, a expliqué comment la tradition juive avait modelé l’identité de sa ville. Il promeut la définition de l’IHRA – adoptée par l’Allemagne en 2017 –, en particulier auprès de ses confrères, en réponse au retour de l’extrémisme antisémite d’extrême droite, mais aussi pour combattre la campagne d’extrême gauche de plus en plus virulente du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël) et la propagande djihadiste qui menace au quotidien tous les citoyens.
- David Meghnagi, professeur de psychologie à l’université de Roma Tre, favorise depuis des décennies le développement de dialogues interreligieux et une politique de paix au Proche-Orient et en Méditerranée. Il a salué les bonnes pratiques du réseau universitaire en Italie et en Europe : refuser les campagnes antisémites BDS, coopérer avec les campus israéliens, mettre en place des cours de maîtrise spécifiques sur les études de l’Holocauste, surveiller les textes scolaires et former les enseignants, le tout dans l’esprit de la définition de l’IHRA.
- Sylvain Maillard, député français et président du Groupe d’études sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale, avait promu la résolution de décembre 2019 pour que le Parlement adoptât la définition de l’IHRA. Il a rappelé que les crimes antisémites et haineux ont augmenté de façon exponentielle au cours de cette dernière décennie, ce qui a incité le nouvel arsenal législatif à lutter contre toutes les formes de discrimination. Il a affirmé que le terme « antisionisme » n’est rien moins que synonyme de « haine des Juifs ».
- La ville de Wroclaw, en Pologne, était représentée par Jan Wais, son directeur adjoint des relations extérieures, qui s’est réjoui de participer à cette réunion. Wroclaw vient de rejoindre l’Eccar et vit ses premiers pas dans la Coalition. M. Wais a évoqué comment sa ville, jadis connue sous le nom de Breslau, détient un patrimoine juif de grande valeur. La synagogue à la Cigogne Blanche, qui a survécu au pogrom nazi de la Nuit de cristal en raison de sa proximité avec d’autres bâtiments, en est l’emblème.
- La ville de Heidelberg, en Allemagne, siège social de l’Eccar, était représentée par son spécialiste en lutte contre la discrimination, Danijel Cubelic, et par le délégué pour l’égalité des chances, Evein Obulor. M. Cubelic a indiqué que, comme l’Allemagne est une société post-migrante, le visage changeant de l’antisémitisme doit être abordé par le biais d’échanges de bonnes pratiques et par le dialogue intercommunautaire. M. Obulor a brièvement expliqué la dynamique et les outils nécessaires à l’adhésion des villes à l’Eccar.
- Pascale Falek, experte en politique de justice auprès de la coordinatrice de la Commission européenne pour la lutte contre l’antisémitisme et la promotion de la vie juive, a insisté sur l’importance de signaler les actes antisémites car, comme on le sait aujourd’hui, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Elle a invité à adopter le plus largement possible la définition de l’antisémitisme de l’IHRA en tant qu’instrument de formation pour la police, les enseignants, les moniteurs de sport, les fonctionnaires.
- Le président du Centre Simon Wiesenthal-France, Richard Odier, concluait la réunion en soulignant l’importance de la culture, de l’éducation, de la surveillance et de la collecte des données pour éviter une recrudescence des crimes antisémites. Il a décrit le travail du Centre Wiesenthal au cours des dernières décennies, notamment la surveillance des petites ONG radicales... La récente décapitation hideuse d’un professeur par un militant djihadiste a été le fruit de l’incitation à la haine par des organisations antisémites et extrémistes, que Shimon Samuels avait déjà signalée aux autorités il y a une vingtaine d’années.
« La maxime de Simon Wiesenthal, ‘‘Ce qui commence avec les Juifs ne finit jamais avec eux’’, est une leçon qui s’applique à toutes les victimes de discriminations : Tsiganes, LGBT et autres, en Europe, au Rwanda et ailleurs. Bien que nous ne soyons pas toujours capables de comprendre et de partager les mêmes valeurs pour déterminer le Bien, nous pouvons nous entendre pour définir le Mal : censure, torture, préjugés, haine... et chercher la paix – comme dans la récente normalisation des relations entre Israël et trois pays arabes – en espérant que les droits de l’homme deviendront une valeur universelle commune. La définition de l’IHRA est un outil utile pour identifier l’antisémitisme et un modèle pour toutes les formes de discrimination. Sa mise en œuvre est essentielle ! »
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« Pour que le mal se propage, il suffit que les hommes bons ne fassent rien. » (Simon Wiesenthal, 1908-2005)