« Si l’incendie de la cathédrale Notre-Dame avait été un incendie criminel, la population aurait-elle accepté que le pyromane ne soit accusé que d’avoir ‘‘causé des dégâts matériels’’ ? »
Paris, le 15 octobre 2020
La semaine dernière, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, félicitait la maire de Paris, le ministre de l’Intérieur et les forces de police pour l’arrestation rapide de l’individu qui avait tagué des croix gammées sur les colonnes qui longent la rue de Rivoli.
Il avait également exprimé l’espoir que le pouvoir judiciaire agirait de même et sanctionnerait ce crime de toute évidence haineux, et non pas – comme cela s’est produit récemment dans d’autres affaires de crimes haineux – qu’il disculperait son auteur pour des motifs psychiatriques ou en raison de sa dépendance aux stupéfiants ou à l’alcool.
M. Samuels évoquait l’angoisse que lui avait procurée la vision de drapeaux nazis à la croix gammée sur fond rouge flottant au même endroit pendant l’Occupation, Occupation au cours de laquelle plus de 70 000 Juifs avaient été envoyés dans les camps de la mort sous l’ordre des officiers SS et de la Gestapo installés dans cette même rue.
Le délinquant de 31 ans sera accusé d’avoir « causé des dégâts matériels ». Il n’encourra pas la peine avec circonstances aggravantes pour crime ou délit de haine raciale ou religieuse.
« Cette logique aurait pu s’appliquer à l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, s’il s’était agi d’un incendie criminel. Dans de telles conditions, la population aurait-elle accepté que le pyromane ne soit accusé que d’avoir ‘‘causé des dégâts matériels’’ ? », soutenait M. Samuels.
« Nous espérons maintenant que les Français ressentiront de l’empathie pour la communauté juive et que le parquet apprendra un peu d’histoire sur la croix gammée nazie et sur la complicité de la France collaborationniste », concluait le Centre.
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« Aux millions de Juifs qui sont morts dans les camps, qui nous demandent : ‘‘Qu’avez-vous fait ?’’... Je dirai : ‘‘Je ne vous ai pas oubliés.’’ » (Simon Wiesenthal, 1908-2005)