« Il est de notre devoir de nous joindre à l’ONG Ibuka pour combattre les négationnistes membres de la Commission d’enquête sur le passé colonial de la Belgique, et faire en sorte que nos victimes respectives ne soient pas assassinées une seconde fois. »
Paris, le 10 août 2020
« Le Centre Simon Wiesenthal collabore en étroite relation avec Ibuka (« Souviens-toi »), l’ONG internationale qui a vu le jour à la suite du génocide perpétré en 1994 au Rwanda. Aujourd’hui, nous soutenons son combat pour expulser les négationnistes de la Commission d’enquête sur le passé colonial de la Belgique », indiquait Shimon Samuels, le directeur des Relations internationales du Centre.
Shimon Samuels, invité à parler à la Journée de commémoration du génocide des Tutsi du Rwanda,
le 7 avril, devant le Mur pour la Paix du Champ-de-Mars, à Paris.
Après la Première Guerre mondiale, plusieurs pays de l’empire allemand en Afrique revinrent à la Belgique. Précurseurs des nazis – les deux États furent imprégnés par le mouvement eugéniste –, les Belges mesurèrent nez et crânes des populations locales à l’aide de compas. Dans le Rwanda/Burundi de 1926, un système de « cartes d’identité ethniques » distinguait Hutu et Tutsi. C’est cette classification raciale qui porta en elle les germes de l’extermination de masse.
Le 30 juin 2020, le roi Philippe de Belgique exprimait ses regrets pour la violence commise sous la puissance coloniale de son pays. Mais avec l’indépendance des pays colonisés, de fréquents conflits éclatèrent, dont les Tutsi furent les principales victimes.
Dans l’Allemagne nazie, on appelait les Juifs « de la vermine ». Soixante ans plus tard, au Rwanda, on qualifiait les Tutsi de « cafards ».
Au Rwanda, le carnage, qui dura cent jours, laissa près d’un million de morts, massacrés à l’aide de machettes fournies par la Chine… un génocide low-tech orchestré par la radio.
« Invités par le gouvernement rwandais sous les auspices de l’ONU, un groupe de rescapés de génocides intergénérationnels – des Amérindiens, des Arméniens, des Cambodgiens et, bien entendu, des Juifs et des Rwandais – se sont assis en cercle sous le crépuscule de Kigali, chacun racontant sa propre histoire… sans hiérarchie de la souffrance aucune, en parfaite sympathie », se rappelait M. Samuels.
Il ajoutait : « Quelques mois plus tard, mon collègue Efraïm Zuroff – notre traqueur de nazis – était mandaté, en tant que conseiller des victimes, pour traduire leurs bourreaux en justice.
« Depuis Paris, nous avons proposé, comme ce fut le cas pour Auschwitz-Birkenau, de préserver le site de l’hécatombe de Murambi en le classant au Patrimoine mondial de l’Unesco. »
« En 2008, nous avons organisé à l’Unesco une conférence sur le 70e anniversaire de la Nuit de Cristal, Kristallnacht. L’une de nos principales conférencières était Assumpta Mugiraneza, de l’université de Kigali… Depuis, le 7 avril de chaque année, notre Centre est invité à prendre la parole lors de la cérémonie de commémoration d’Ibuka à Paris », relatait M. Samuels.
« Aujourd’hui, nous sommes scandalisés d’apprendre que des négationnistes siègent à la Commission d’enquête sur le passé colonial de la Belgique », s’insurgeait le Centre. « Il semblerait que des fondateurs de Vlaams Palestina Komitee (Comité flamand pour la Palestine) se trouvent parmi eux. Un autre de ses membres aurait tweeté des commentaires antisémites. »
« Les Juifs combattent le négationnisme de la Shoah. Il est de notre devoir de nous joindre à Ibuka pour combattre le négationnisme de leur génocide, au nom de leurs rescapés, et de faire en sorte que nos victimes respectives ne soient pas assassinées une seconde fois », concluait M. Samuels.