« Des plus de vingt procès en diffamation, discours haineux et incitation au terrorisme, il n’a guère payé d’amendes ou été pénalisé… Facebook et Instagram le sanctionnent – ‘‘mieux vaut tard que jamais’’ –, mais les tribunaux doivent appliquer la justice contre le plus grand semeur de haine de France. »
Paris, le 4 août 2020
« Voilà plus de vingt ans que le Centre Simon Wiesenthal surveille Dieudonné M’Bala M’Bala, depuis ses débuts alors qu’il soutenait l’extrême gauche antiraciste et qu’il partageait la scène avec son partenaire juif Élie Semoun, en passant par sa candidature au Parlement européen, en 2004, sous l’étiquette d’extrême gauche EuroPalestine, jusqu’en 2009 où il conduisait la liste ‘‘antisioniste’’ d’extrême droite aux élections européennes… Ce furent deux échecs… Aujourd’hui, sa position de pont entre l’extrême gauche et l’extrême droite et entre les groupes sunnite et chiite est unique en Europe », indiquait Shimon Samuels, le directeur des Relations internationales du Centre.
On compte parmi les amis les plus proches de Dieudonné le chef du Front national Jean-Marie Le Pen, le négationniste Robert Faurisson et l’ancien président antisémite d’Iran Mahmoud Ahmadinejad. Sur la scène de son théâtre parisien, La Main d’Or, il a incarné un soldat israélien et un hassid ultra-orthodoxe criant « Isra-Heil ! » et chanté Shoananas, accompagné d’un complice vêtu en costume de déporté.
Dans son film L’Antisémite, où apparaît aussi Faurisson, Dieudonné est réprimandé par sa femme qui lui demande de consulter un psy pour soigner son obsession antisémite. Il découvre que le psychiatre et sa femme sont tous deux juifs, ce qui confirme la théorie du complot.
Il est surtout connu pour son invention du geste de la « quenelle », le salut nazi inversé, signe de ralliement universel des antisémites. Il a assimilé la commémoration de la Shoah à la « pornographie mémorielle » et, alors que la France se relevait de l’horreur des attaques terroristes contre Charlie Hebdo et la superette Hyper Cacher, il pastichait avec un abominable mépris le slogan de soutien aux victimes en « Je suis Charlie Coulibaly », s’identifiant à Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attentat de la superette.
Les liens que Dieudonné entretient avec le terrorisme djihadiste s’exposaient en août 2006 lors du voyage qu’il effectua au Liban pour soutenir le Hezbollah, durant l’action menée par Israël contre le mouvement terroriste.
Surnommé « le petit Louis Farrakhan à la française », il est considéré par 16 % de la population adulte française (quelque 4 millions de citoyens) de manière positive, selon un sondage d’opinion.
Dieudonné a été condamné dans plus de vingt affaires pour diffamation, incitation à la haine raciale et apologie du terrorisme. Pourtant, l’affront de son spectacle Sieg Heil - Isra-Heil n’a pas été retenu par les juges, qui ont simplement noté que « le personnage incarné par le prévenu ne représente pas les personnes de confession juive dans leur ensemble, mais une certaine catégorie de personnes uniquement dans l’expression de leurs idées politiques ».
Dans la plupart des autres dossiers, il n’a pas payé l’amende, arguant la pauvreté (bien qu’il ait été lourdement condamné pour évasion fiscale en 2012 et en instance d’un nouveau procès pour fraude et blanchiment d’argent).
« Nous félicitons Facebook et Instagram pour leur décision – ‘‘mieux vaut tard que jamais’’. Maintenant, les tribunaux doivent appliquer la justice contre le plus grand semeur de haine antisémite de France », concluait M. Samuels.