« Un virus d’autocollants propage la haine à travers la ville. »
Paris, le 8 mai 2020
Dans une lettre adressée à la maire de Paris, Anne Hidalgo, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, attirait son attention sur « une pandémie galopante de vignettes antisémites collées dans et autour des gares du Nord et de l’Est, dans le 10e arrondissement ».
La lettre soulignait qu’« un grand nombre de ces vignettes appellent à la séparation de l’État français d’avec le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). D’autres, qui assimilent l’État d’Israël à l’Allemagne nazie, recouvrent les poteaux de lampadaires ».
M. Samuels indiquait que « des appels au ‘‘BDS’’ (Boycott, désinvestissement, sanctions) contre Israël sont placardés sur les devantures de banques – en particulier HSBC et LCL – et de compagnies d’assurance. Des habitants du quartier nous ont affirmé que ces vagues d’affichettes remontent à juillet 2019 et qu’on les retrouve même sur Google Street View ».
Le Centre s’alarmait qu’« aucune mesure n’a été prise pour enlever ces horribles expressions de haine qui ternissent la beauté de Paris, ni pour punir les auteurs de ces actes ». Il ajoutait que « nos appels à la police, à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) ou à d’autres associations ont suscité ce genre de réponses :
- ‘‘Appelez DansMaRue, le service de nettoyage de la ville’’.
Mais pour toute réponse, le centre d’appels a promis qu’il allait rapporter la plainte au service compétent, et aucune mesure de suivi n’a été prise. Ou bien…
- ‘‘Ces papiers sont juste anti-Israël, pas antisémites !’’ Ou encore…
- ‘‘Prenez un avocat, car les appels au boycott sont interdits en France.’’ »
« Madame la Maire, ce fléau ‘‘infecte’’ aussi les lampadaires qui jalonnent les Champs-Élysées… Mais là, ces affichettes politiques radicales qui apparaissent sur les devantures des banques et des partis politiques sont très vite enlevées, bien que les banques en général se montrent peu soucieuses d’éradiquer l’antisémitisme. »
Le Centre constatait que « jusqu’à présent, les réponses que nous avons reçues à propos des Juifs et de l’État hébreu font preuve d’ignorance ou dénient la définition de l’antisémitisme donnée par l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste). Selon celle-ci, BDS et l’assimilation d’Israël au nazisme sont considérés comme des actes antisémites et ils donnent donc ouverture à des poursuites selon le droit français. Madame, poursuivait le Centre, il existe certainement, pour le moins, une amende municipale pour ‘‘affichage interdit’’ ? »
« Nous vous prions, Madame la Maire, de prendre au plus vite des mesures pour éradiquer ce virus d’affichettes qui propagent la haine à travers la ville », concluait Shimon Samuels.