« On l’accuse d’empoisonner les puits d’eau et de donner sciemment aux Français de fausses informations sur le coronavirus. Elle apparaît à côté de l’étoile de David jaune marquée des lettres ‘‘Jude’’, étoile que la population juive devait porter sous le national-socialisme… Prenez les mesures les plus strictes contre ceux qui entachent la réputation de la médecine française avec leur haine ! »
Paris, le 25 mars 2020
Dans une lettre adressée au ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui exprimait son dégoût face au message haineux publié sur Twitter à l’encontre de l’ancienne ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. Elle y est accusée – dans un langage moyenâgeux qui rappelle les accusations de meurtre rituel contre les Juifs – d’empoisonner les puits d’eau et de donner sciemment aux Français de fausses informations sur le coronavirus. Elle apparaît à côté de l’étoile de David jaune marquée des lettres « Jude », étoile que la population juive devait porter sous le national-socialisme.
Le message antisémite publié sur Twitter contre Agnès Buzyn.
La lettre indiquait que « ceci est d’autant plus scandaleux au regard de l’histoire de son père, Elie Buzyn, médecin polonais rescapé du camp de Buchenwald, qui avait rejoint Israël avant d’émigrer en France. Les grands-parents de Mme Buzyn ont en outre péri dans l’Holocauste ».
Le Centre ajoutait que « l’ancienne ministre de la Santé avait épousé le fils d’une rescapée française devenue femme politique, Simone Veil. Il est ironique de constater que des affiches électorales d’Agnès Buzyn diffusées dans tout Paris, tout comme des effigies de Simone Veil placardées à sa mémoire, ont été recouvertes de graffitis antisémites… Mme Buzyn s’est par la suite remariée avec Yves Lévy, médecin immunologiste et ancien président-directeur général de l’Inserm ».
M. Samuels soulignait qu’« elle a quitté ses fonctions de ministre des Solidarités et de la Santé pour présenter sa candidature aux élections de la mairie de Paris, sous la bannière de La République en marche. Aujourd’hui, le second tour des élections est reporté du fait de la pandémie de Covid-19 ».
Le Centre était ravi d’apprendre qu’« il y a trois jours, la professeure Buzyn, hématologue, a accepté le poste de conseillère bénévole auprès d’Unicancer, fédération qui regroupe dix-huit centres français de lutte contre le cancer. Nous lui souhaitons tout le succès possible dans cette nouvelle fonction ».
« Monsieur le Ministre, nous vous prions instamment de mener une enquête et de prendre les mesures les plus strictes contre ceux qui entachent la réputation de la médecine française avec leur haine », concluait M. Samuels.
Cette lettre a été adressée en copie à Frédéric Potier, délégué interministériel de la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT).