« En 2019, nous avons réalisé 107 interventions dont 36 (34 %) ont entraîné un changement positif. Nous espérons poursuivre sur cette lancée. »

Paris, le 18 février 2020

Compte tenu d’un antisémitisme en recrudescence et toujours plus violent, nous intervenons là où aucune autre organisation juive ne s’implique. Ceci permet d’éviter des initiatives à double emploi. Par exemple, parce que nous sommes les seuls représentants accrédités auprès du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, nous y prenons la parole au nom du judaïsme contre la constante usurpation de l’identité juive. Cet enjeu est d’autant plus vital depuis que les États-Unis et Israël ont quitté l’Unesco.

Le Centre Simon Wiesenthal participe à des rassemblements : à Paris, contre la résurgence de l’antisémitisme ;
à l’ONU à Genève, contre la démonisation d’Israël.

En nous concentrant sur cet antisémitisme international et institutionnel, il nous arrive souvent de déceler « des trous dans le gruyère », primordiaux mais qui passent inaperçus.

Morceaux choisis :

- En partenariat avec la Coalition européenne des villes contre le racisme (Eccar), qui compte 158 villes membres à travers l’Europe, nous y avons inscrit deux municipalités israéliennes, et nous avons réussi à interdire la campagne de l’Association de football palestinienne visant à expulser l’Association de football israélienne de la Fifa (Fédération internationale de football association).

- Avec l’appui de la Fédération internationale des échecs, la Tunisie a été contrainte de lever son interdiction de faire participer une fillette israélienne de 7 ans au championnat du monde d’échecs.

- Nous avons organisé une conférence, conjointement avec la Henry Jackson Society, au Parlement britannique, sur l’attentat du centre Amia (Association mutuelle israélite argentine), qui a fait 85 morts et plus de 300 blessés, et sur les mandats d’arrêt délivrés par Interpol à l’encontre des suspects iraniens impliqués dans cet attentat. Notre objectif était d’obtenir l’engagement suivant : si l’un des cinq complices toujours en vie se pose sur le sol britannique, le Royaume-Uni le placera en détention et l’Argentine exigera immédiatement son extradition.

Photos des suspects iraniens de l’attentat du centre Amia, objets d’une « notice rouge » d’Interpol.

- Nous avons identifié en Normandie deux cimetières inventoriés sur une liste de sites de la Première Guerre mondiale, élargis pour y inclure des combattants de la Seconde Guerre mondiale, où se trouvent les tombes de nazis coupables de tueries de masse. De ce fait, la France nous a engagés comme partenaires de recherche dans l’étude de sites du Patrimoine mondial. Cette initiative a entraîné l’abandon du projet sur les cimetières par la France et la Belgique.

Exemples de nos réussites :

France

- Nous sommes intervenus pour convaincre le président Macron de ne pas honorer Philippe Pétain en tant que général victorieux de la Première Guerre mondiale, mais de le condamner en tant que chef du gouvernement collaborationniste de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale.

Shimon Samuels avec Brigitte et Emmanuel Macron.

- Nous avons demandé à la ministre française de la Justice, Nicole Belloubet, d’enquêter sur le traitement judiciaire donné aux meurtriers antisémites – comme dans l’atroce affaire Sarah Halimi – déclarés « pénalement irresponsables du fait d’intoxication au cannabis ». Il s’en est suivi une réouverture de l'enquête et la création d’une commission pour évaluer la façon dont la justice procède pour juger des personnes irresponsables pénalement.

- Une autre requête auprès de la ministre française de la Justice a permis de rouvrir une procédure contre le négationniste Alain Soral, qui a donné lieu à un nouveau procès.

- Nous avons révélé l’infiltration de néo-nazis au sein des Gilets jaunes. Après une conférence organisée par Alain Soral dans un entrepôt de la région parisienne visant à récupérer leur mouvement, de nombreux Gilets jaunes ont condamné l’antisémitisme, surtout après l’agression verbale dont a été victime l’intellectuel français de confession juive Alain Finkielkraut.

- Nous sommes intervenus auprès du préfet des Hauts-de-Seine pour qu’il annule l’arrêté promulgué par la mairie de Gennevilliers reconnaissant « l’État de Palestine ».

- Un reçu émis par une boutique des Galeries Lafayette implantée à Orly-Ouest plaçait scandaleusement l’aéroport de Tel-Aviv en « Territoire palestinien occupé ». Notre protestation a conduit l’éditeur du logiciel à modifier son programme et le directeur de la marque incriminée nous a présenté ses excuses.

- Nous avons amené l’Agence France Presse à rectifier sur son site une carte du Moyen-Orient qui avait omis Israël.

Belgique

- Nous poursuivons notre bataille contre les chars antisémites qui défilent au carnaval d’Alost, en concentrant notre action sur sa désinscription du Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. En collaboration avec la délégation autrichienne, nous avons réussi à radier Alost de cette liste, au cours de la conférence du Patrimoine culturel en décembre dernier. L’édition 2020 du carnaval a renchéri sa dose d'antisémitisme, provoquant enfin une prise de conscience des autorités belges et une condamnation plus importante.

Le carnaval d’Alost reproduisant des stéréotypes de l’époque nazie.

Monaco

- Le chef du gouvernement monégasque nous a accordé l’accès aux archives de la principauté qui se rapportent à la spoliation des biens juifs et aux déportations à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous espérons ainsi identifier les familles des victimes afin de les indemniser.

Suisse

- Un séminaire de formation d’enseignants de Lausanne qui encourageait la délégitimation d’Israël a été reporté jusqu’à ce que les responsables de l’école soient forcés d’y inclure un intervenant pro-Israël.

- Le site Booking.com a supprimé de sa liste en ligne un hôtel de villégiature pour cause d’antisémitisme flagrant.

Royaume-Uni

- En partenariat avec UK Lawyers for Israel (UKLFI, association d’avocats britanniques pour Israël), notre appel à Eurovision pour disqualifier la chanson proposée par l’Islande au concours qui se tenait à Tel-Aviv a entraîné un avertissement adressé aux représentants de ce pays, au motif que les paroles de leur chanson contenaient un message haineux. Un avertissement de disqualification est prévu en cas de récidive.

- Nous avons inauguré, avec la Henry Jackson Society, l’édition en arabe de notre ouvrage L’Antisémitisme : la haine générique, lauréat du New York Jewish Book Award for Collections. Cette édition en arabe fait suite aux éditions en anglais, français, espagnol et russe. Les différentes versions sont adaptées à chaque région linguistique.

Notre ouvrage L’Antisémitisme : la haine générique publié dans cinq langues.

- Notre partenariat avec la Henry Jackson Society avait débuté concomitamment avec l’anniversaire du protocole de Wannsee, rédigé en 1942 par Adolf Eichmann. Ce dernier avait établi une liste de 33 pays où vivaient 11 millions de Juifs, tous destinés à l’extermination, notamment les 850 000 Français.

- Notre exposition « Le Peuple, le Livre, la Terre : 3 500 ans de relations entre le peuple juif et la Terre sainte » s’est tenue à la Chambre des communes puis au centre communautaire juif JW3. Ses panneaux mettent l’accent sur la contribution du judaïsme à l’humanité : son code d’éthique, des droits de l’homme et de l’État de droit.

Inauguration de notre exposition « Le Peuple, le Livre, la Terre... » au Parlement britannique.

- La Conférence annuelle à la mémoire de Simon Wiesenthal a invité cette année Lord Mann, conseiller du gouvernement britannique de Sa Majesté sur l’antisémitisme. Parmi les anciens intervenants figurent Anthony Julius, avocat britannique, Ed Gaffney, membre du Michigan House of Representatives, feu le professeur Robert Wistrich, la journaliste britannique Melanie Phillips et Lord Pickles, envoyé spécial du Royaume-Uni pour les problèmes post-Holocauste.

Allemagne

- À la suite de notre découverte de centres de loisirs pour jeunes qui ont choisi pour logo les lettres « JEW HH », imprimées sur leurs raquettes de ping-pong, les responsables nous ont expliqué qu’il s’agissait de l’acronyme de leur organisation, JugendErholungsWerk Hansestadt Hamburg. Nous avons rétorqué avoir été frappés à première vue par la formulation sur leur site : respectivement, « Chaque année, avec la JEW, plus de 1 200 enfants de tous les coins de Hambourg partent en vacances » et « La JEW organise des colonies de vacances pour enfants ». Nous les avons prévenus que leur logo, « JEW HH », risque d’envoyer un mauvais message aux enfants « réfugiés »’ et à leurs familles, au sein desquelles l’antisémitisme est déjà un facteur bien connu. Ce logo ambigu a finalement été remplacé.

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Dieu nous a sortis d'Égypte « les poings serrés » et « le bras étendu », « avec une carotte et un bâton ».

- Notre programme d’inscription de sites au Patrimoine mondial de l’Unesco est un exemple de « diplomatie douce » – la carotte. Cette activité est en cours pour trois villages où des réfugiés juifs à travers l’Histoire ont réussi leur intégration : Moisés Ville en Argentine en 1898, Sosúa en République dominicaine en 1939, les « Juifs des montagnes » à Qırmızı Qəsəbə, en Azerbaïdjan, au XIII^e siècle.

- Nous sommes la seule Organisation non gouvernementale à surveiller, dénoncer et condamner chaque année l’incitation à la haine sur les stands de sept salons du livre arabes internationaux : Riyadh, Muscat, Doha, Abu Dhabi, Charjah, Casablanca et Le Caire. Grâce à notre action, les États-Unis ont retiré leur stand du salon du livre du Caire. Nos conclusions ont aussi permis d’établir une liste noire de stands arabes récidivistes au plus grand salon du livre au monde, celui de Francfort. C’est là que, cette année, nous avons été invités à présenter notre exposition « Le Peuple, le Livre, la Terre : 3 500 ans de relations entre le peuple juif et la Terre sainte », à quelques pas du stand iranien.

Livres récurrents sur les salons du livre que nous surveillons, de Mein Kampf à l’incitation au djihad, en passant par différentes théories du complot.