« Preuve que les organisateurs du carnaval n’éprouvent aucun remords pour les expressions antisémites des éditions précédentes, ils récidivent cette année avec de nouveaux stéréotypes de Juifs. »
« Nous prions instamment la première directrice générale de l’Unesco de confession juive d’assainir ce festival de haine en recommandant de le retirer de la liste du Patrimoine culturel immatériel. »
Paris, le 24 octobre 2019
Dans une lettre adressée à Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui rappelait sa dénonciation, en 2013, des chars du carnaval d’Alost « pour leurs stéréotypes antisémites d’acteurs déguisés en SS avec leurs victimes affublées de tenues à rayures bleu et blanc telles celles portées par les déportés des camps de concentration… Cette année, les chars étaient encore pires : ils défilaient avec des parodies de Juifs orthodoxes empoignant des pièces d’or et portant des rats, réminiscence des scènes de films et des publications de la propagande nazie ».
La lettre se poursuivait en ces termes : « Notre Centre, conjointement avec d’autres associations antiracistes, a protesté contre la nature offensante de ce carnaval et a demandé qu’il soit déchu de son statut de Patrimoine culturel immatériel. Le Bureau du patrimoine culturel immatériel s’est réuni au siège de l’Unesco pour discuter de cette parodie. Plusieurs Etats membres ont exigé que cette question soit soumise au prochain comité, qui doit se tenir en décembre en Colombie. »
Nous comprenons que des représentants du carnaval et de la municipalité d’Alost soient venus à Paris pour défendre la validité de leurs chars. Leur argument était qu’« il y aura toujours quelqu’un qui se sentira offensé ». Pourtant, soutenait M. Samuels, « entre-temps, le gouvernement belge a reporté la divulgation d’un document de prise de position sur un sujet qui met au jour sa collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale : la déportation de ressortissants juifs vers Auschwitz et d’autres camps d’extermination ».
Le Centre Wiesenthal a exprimé sa consternation en apprenant que, « cette semaine, les organisateurs du carnaval d’Alost ont montré qu’ils récidivaient, preuve qu’ils n’éprouvent aucun remords. Ils diffusaient un aperçu de l’édition 2020, qui aura pour thème ‘‘L’Unesco et les Juifs’’, sous le slogan ‘‘L’Unesco, quelle farce’’ ».
Il semble que 150 rubans de carnaval différents soient distribués sur ce thème, la plupart représentant des stéréotypes juifs – des personnages arborant kippas, papillotes, nez crochus et même des dents en or. Tous les rubans affichent une imitation du logo de l’Unesco.
M. Samuels soulignait que « ces rubans rappellent tristement les caricatures du journal nazi Der Stürmer. Les plus horribles évoquent le Zahngold, les dents en or arrachées des bouches des cadavres juifs entre les chambres à gaz et les crématoriums ».
« Madame la Directrice générale, cette campagne lugubre cible l’Unesco en laissant entendre qu’elle est contrôlée par les Juifs – une théorie du complot des plus classiques. Vous êtes la première directrice générale de confession juive et votre Organisation s’engage dans la lutte contre l’antisémitisme et le négationnisme. C’est pourquoi nous vous demandons instamment d’apporter une réponse publique des plus vigoureuses », déclarait le Centre.
« Nous lançons un appel à votre bureau pour qu’il cautionne notre campagne visant à assainir le Patrimoine culturel immatériel et l’Unesco de cette incitation récidiviste, en encourageant les Etats membres à retirer Alost de sa liste lors de la réunion du comité à Bogota… Le statut de Patrimoine culturel immatériel ne doit pas servir de camouflage à la haine », concluait M. Samuels.