« Des six salons du livre arabes que nous surveillons chaque année, Riyadh détient hélas le plus grand nombre de textes antisémites. »
« Nous vous prions instamment d’adopter les mesures nécessaires pour passer au crible les éditeurs exposants afin d’éradiquer toute forme de haine, outre les offenses à l’encontre de l’islam… Nous vous invitons à intégrer un paragraphe au contrat qui lie les exposants à la Foire, prohibant toute incitation à la haine et à la violence. »
« Nous communiquons les délits que nous aurons constatés à Riyadh avec les autorités de la Foire du livre de Francfort et avec l’ambassade des Etats-Unis, afin que des mesures appropriées soient prises pour l’édition 2020 de cet événement. »
Paris, le 31 mars 2019
Dans une lettre adressée au ministre saoudien de l’Information et des Médias, Turki bin Abdullah Al Shabanah, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, s’insurgeait contre le nombre considérable d’ouvrages incitant à la haine antijuive exposés cette année à la Foire du livre de Riyadh.
M. Samuels s’adressait au ministre Al Shabanah en sa qualité d’organisateur de la Foire. Il lui indiquait que « nous sommes bien conscients que, compte tenu des intentions agressives de l’Iran, l’Arabie saoudite ajuste aujourd’hui la politique opérationnelle qu’elle entretient avec Israël et le peuple juif ».
Il ajoutait : « Ce rapprochement, fort apprécié, se base sur des intérêts mutuels. Cependant, il est contesté par des incitations constantes à la haine en provenance de la communauté saoudienne au sens large, à l’instar des ouvrages exposés dans ce salon du livre. »
La lettre signalait que, « tandis que le Royaume s’assure bien qu’aucun stand n’exhibe de contenu qui puisse porter offense à l’islam, les rayons regorgent de théories du complot antisémites, de négationnisme et de calomnies à l’encontre de l’Etat juif ».
« Voici une petite sélection de propagande haineuse, fruit de nos observations :
1. Le sionisme au Moyen-Orient, par Ina’am Ra’ad, Al Matbuat Publishing & Distribution, Riyadh, Arabie saoudite
2. L’aspect biblique du terrorisme israélien, par Wajdi Najib al Masri, éditeur inconnu
3. Les francs-maçons – un Etat dans l’Etat, par Henry Coston (collaborationniste et antisémite français notoire), Al Matbuat Publishing & Distribution, Riyadh, Arabie saoudite
4. La pieuvre sioniste et l’administration américaine, par Ali Wahab, Al Matbuat Publishing & Distribution, Riyadh, Arabie saoudite
5. Le terrorisme sioniste et la paix arabe – entre martyre et extermination, par Rana abu Zaher al Rifa’ee et Muhammad Qubaisi, éditeur : The Modern al Rahab Institution
6. L’industrie de l’Holocauste, ouvrage considéré par beaucoup comme une offense à la mémoire de l’Holocauste, par Norman Finkelstein, éditeur : Dar al Adab, Beyrouth, Liban
7. Sionisme et calomnies, par Ahmad Sosa, éditeur inconnu
8. La question juive : la lutte judéo-chrétienne de 576 à 1900 après J.C., par Ghassan Samih al-Zein, éditeur : Birsan, Turquie
9. Les Juifs ont-ils un droit religieux et historique en Palestine ? par Youssef Ayub Hadad, éditeur : Birsan, Turquie
10. Sionisme, turquisme et le conflit du Haut-Karabakh, auteur inconnu, éditeur : Birsan, Turquie
11. L’assassinat de l’Histoire – une réponse de ‘‘La place au soleil’’ de Netanyahou, par Hamdan, éditeur : Birsan, Turquie
12. Les Israélites entre leur grand bouleversement et leur récent effondrement, par Muawiya Shafiq, éditeur inconnu
13. Les mythes de la croyance juive, de la fausse religion, de la foi païenne, de la jurisprudence conditionnelle et de l’idéologie satanique, par Maher Hanun, maison d’édition Al-Ma’amun, Bagdad, Irak
14. Les éditions Mein Kampf, qui illustrent comment Hitler continue de fasciner le monde arabe
15. Les Israélites et la falsification de la Bible, par Naf’I Ghaleb Abdul Rahim, maison d’édition Al Waraq, Damas, Syrie
16. Le rôle des Juifs d’Artaxerxès à Balfour, par Fahd Hijazi, éditeur : Al-Farabi, Beyrouth, Liban. »
M. Samuels avisait le ministre que, « des six salons du livre arabes que nous surveillons chaque année, Riyadh détient hélas le plus grand nombre de textes antisémites ». Il le priait instamment « d’adopter les mesures nécessaires pour passer au crible les éditeurs exposants afin d’éradiquer toute forme de haine, outre les offenses à l’encontre de l’islam… Nous vous invitons à intégrer un paragraphe au contrat qui lie les exposants à la Foire, prohibant toute incitation à la haine et à la violence ».
Le Centre proposait « d’aider Riyadh à identifier les cas de violation d’obligations contractuelles, comme nous le faisons à la Foire du livre de Francfort et avec les ambassades représentées dans chaque salon du livre ».
« En effet, nous communiquons les délits que nous aurons constatés à Riyadh avec les autorités de la Foire du livre de Francfort et avec l’ambassade des Etats-Unis, afin que des mesures appropriées soient prises pour l’édition 2020 de cet événement », concluait M. Samuels.