Paris, le 5 mars 2019
Dans une lettre adressée à Pieter De Crem, ministre fédéral belge de la Sécurité et de l’Intérieur, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui exprimait son profond dégoût à la vue d’« un char du carnaval d’Alost défilant le 3 mars dans un festival de rue célébrant le Carême ».
La lettre expliquait : « Le stéréotype antisémite haineux de Juifs aux nez crochus assis sur des sacs d’argent évoque le temps où la Belgique collaborait avec les nazis. Une des marionnettes fume un cigare et tend la main à la manière d’un mendiant. Il s’agit bien là d’un simulacre de manipulateurs à l’origine de la hausse des prix… C’est ainsi tout du moins que le conçoivent les créateurs du char, le groupe Vismooil’n, qui surnomme leur portrait, sans raison apparente, Shabbat Joor (‘‘l’année du shabbat’’). »
M. Samuels rappelait que « ce n’est pas la première fois que l’on voit ce genre de parodie au carnaval d’Alost. Il y a six ans, un char y représentait un wagon avec des politiciens flamands transportant des bidons de Zyklon B, le gaz utilisé par les nazis pour exterminer les Juifs et autres victimes. L'absence de réaction à ce moment-là a encouragé Alost à permettre que la haine récidive ».
Le Centre poursuivait en ces termes : « Nos membres n’attendent rien de moins qu’une condamnation publique par votre gouvernement et des mesures de votre ministère pour sanctionner les auteurs de cet acte scandaleux… » Il prévenait que « certains pourront se demander s’il n’est pas temps pour la communauté juive, présente depuis des siècles non loin d’Alost – à Anvers, le siège de l’industrie du diamant –, d’envisager de partir, ce qui aurait sans doute des conséquences bien plus graves que ‘‘la hausse des prix’’ et une prétendue ‘‘année du shabbat’’ ».
« Monsieur le Ministre, ce char du carnaval d’Alost ne fait pas que choquer la communauté juive mondiale et ses amis non juifs. Il présage une menace qui doit mettre vos deux portefeuilles ministériels en alerte : l’Intérieur et la Sécurité. Mais, par-dessus tout, il entache la réputation de la Belgique en tant que siège des institutions européennes », concluait M. Samuels.