« C’est la première fois depuis l’appel de François Mitterrand à une marche de protestation, en 1996, qu’un gouvernement français prend une telle initiative contre le fléau antisémite. »
« Après ces déclarations, le président Macron devrait remettre les forces armées en place pour garder les institutions juives et mener campagne pour exclure les candidats extrémistes des élections de mai prochain au Parlement européen. »
Paris, le 12 février 2019
« Le rapport du gouvernement français publié hier, annonçant un pic d’incidents antisémites en 2018, marquait un changement radical après des années de réprimandes ‘‘politiquement correctes’’, où les auteurs d’agressions entraient et sortaient librement des tribunaux ou étaient internés en psychiatrie au lieu d’être envoyés en prison », déclarait le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels.
Le mois dernier, le Centre attirait l’attention internationale sur « l’infiltration et le détournement des manifestations des Gilets jaunes partout en France par des semeurs de haine anti-juifs qui s’en prennent aux synagogues et aux magasins juifs… »
« Les médias internationaux ont commencé à s’intéresser à la recrudescence de l’antisémitisme en Europe… Le pic des incidents au Royaume-Uni a été révélé par la CST (Community Security Trust), une organisation juive, alors que le rapport français était conçu et publié par le gouvernement », saluait M. Samuels.
Le Centre soulignait que, « depuis l’appel de François Mitterrand, en 1996, à une marche de protestation contre l’abominable exhumation d’un corps dans un cimetière juif, un parasol planté entre les cuisses, c’est la première fois qu’un gouvernement français prend une telle initiative… L’immense rassemblement du 11 janvier 2015, à la suite du massacre terroriste de Charlie Hebdo, rendait aussi hommage aux victimes ‘‘secondaires’’ du magasin Hyper Cacher »… Hier, c’est un grand pas que le gouvernement français a franchi !
Le porte-parole du gouvernement, qui présentait le rapport rédigé par un comité interministériel, a demandé aux forces de police et aux autorités judiciaires « d’infliger la mesure pénale la plus lourde aux auteurs d’actes antisémites ».
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé qu’en 2018, les délits d’antisémitisme ont enregistré une hausse de 74 % : « un poison qui se répand. »
Un tribunal parisien a ouvert quatre instructions sur une vague de croix gammées et de graffitis antisémites à travers la ville.
La Ville de Paris y a répondu en dénonçant des croix gammées recouvrant des boîtes à lettres décorées à l’effigie de feu Simone Veil, ancienne ministre et rescapée de l’Holocauste.
« Face aux vents mauvais de l’antisémitisme, la République fera bloc. C’est son honneur, c’est son devoir », tweetait Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, envoyait aussi un tweet : « Tristesse, colère et consternation… Lâcheté intolérable. »
« Le Centre Wiesenthal demande au président Macron de relancer l’état d’urgence pour remettre en place les forces armées qui gardaient les institutions juives… La France doit aussi mener campagne pour exclure les candidats extrémistes des prochaines élections au Parlement européen. Maintenant, après les déclarations, que va-t-il se passer ?... Dans ce contexte, nous devons nous rappeler ce postulat du regretté Simon Wiesenthal sur l’antisémitisme : ‘‘Ce qui commence par les Juifs ne s’arrête jamais aux Juifs… Cela devient un fléau pour la société tout entière », concluait M. Samuels.