« Le Centre Wiesenthal dévoile l'objectif d’un rassemblement de néo-nazis expliquant comment s’infiltrer parmi les Gilets jaunes. »
« Les Gilets jaunes résisteront-ils à une récupération de leur mouvement par les néo-nazis ? Et pourquoi le pouvoir ne fait-il rien pour interdire leurs réunions au motif de ‘‘danger pour l’ordre public’’ ? »
Paris, le 21 janvier 2019
Lors de la neuvième manifestation hebdomadaire des Gilets jaunes, le 12 janvier, Alain Soral, extrémiste de droite notoire et ami du non moins tristement célèbre antisémite Dieudonné, avait convoqué sur son site Égalité et Réconciliation une conférence à Paris, dans le cadre de la dixième mobilisation des Gilets jaunes, qui devait avoir lieu le samedi suivant. Des événements suivis de près par le Centre Simon Wiesenthal.
Le Centre avait prié instamment le ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, d’interdire ce rassemblement néo-nazi au motif de « danger pour l’ordre public ».
Jeudi 17 janvier, Alain Soral a été condamné in absentia à un an de prison ferme, à la fois pour insultes à une magistrate et pour propos antisémites sur Internet. Il y avait par exemple qualifié les Juifs de « manipulateurs, dominateurs et haineux », ce contre quoi le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels, s’insurgeait.
« Il semblerait que cette condamnation ait fait prendre conscience aux Gilets jaunes de l’intention des néo-nazis de récupérer leur programme, à tel point qu’ils ont instauré un service d’ordre au sein de leur mouvement… Cependant, la réunion néo-nazie s’est tenue en dehors de Paris, à Rungis, en banlieue sud. Quelque cinq cents participants ont applaudi la déclaration liminaire d’Alain Soral : ‘‘Nous combattons le sionisme national.’’ Il a été suivi à la tribune par Jérôme Bourbon, directeur de Rivarol, hebdomadaire d’extrême droite, qui a fustigé ‘‘le dogme holocaustique’’ », notait M. Samuels.
Les néo-nazis communiquent entre eux via un blog de jeux vidéo, où leurs commentaires passent généralement inaperçus : ils sont noyés dans la masse. C’est là que les dissensions au sein de l’extrême droite française se font voir :
http://www.jeuxvideo.com/forums/42-51-58727383-1-0-1-0-je-sors-de-la-conference-d-alain-soral.htm
Lee-Kraa, un bloggeur ayant participé à cette réunion, apparemment sympathisant de Dieudonné, a observé que les participants étaient « des hommes à 90 %, des blancs à 99 %, et [que] ce forum est un concentré de conneries ». Il a ajouté : « Ali Soucrate, y’a que les Arabes qui le soutiennent. »
Il aurait joué sur le surnom d’Alain Soral, Ali Sourate. Celui-ci se serait converti à l’islam (voir photo ci-dessus extraite de Rahowa73, un site de racistes suprémacistes blancs – le Racial Holy War).
M. Samuels indiquait en outre qu’« en même temps, les Gilets jaunes défilaient dans toute la France avec pour mot d’ordre : ‘‘Assez de Macron et de ses amis cosmopolites’’ – ce qu’on peut interpréter comme un stéréotype conscient ou inconscient des Juifs... »
Voici une statistique troublante : « Aux dernières élections présidentielles, 42 % des Gilets jaunes ont voté extrême droite pour Marine Le Pen et 22 % extrême gauche pour Jean-Luc Mélenchon. »
Le Centre soulignait que « les manifestations parisiennes de samedi ont été suivies dimanche dernier par une mobilisation de quelque cent cinquante femmes Gilets jaunes, qui ont défilé de la tour Eiffel au ministère des Finances de Bercy sous la bannière ‘‘Mères en colère’’. Elles s’insurgeaient contre les violences policières ».
« Elles ne présentent pas encore de signes d’antisémitisme comme dans le mouvement des femmes américaines », relevait le Centre.
M. Samuels mettait l’accent sur les trente-six personnes interpellées à Paris au cours de ce samedi. Une demi-douzaine d’entre elles avaient levé le bras en signe de salut hitlérien…
Dans le même ordre d’idées, ce message imprimé au dos du gilet d’une femme : « Macron la sens-tu la quenelle ? » (le salut hitlérien inversé de Dieudonné). Cette photo a été prise à 8’10 mn de la vidéo YouTube suivante, d’une durée totale de 9 mn (crédit Yves Barraud) :
https://www.youtube.com/watch?v=P826TEKsH5k
« Les Gilets jaunes résisteront-ils à une tentative de récupération de leur mouvement par les néo-nazis ? Et pourquoi le pouvoir ne fait-il rien pour interdire leurs réunions au motif de ‘‘danger pour l’ordre public’’ ? » concluait M. Samuels.