« Des extrémistes de droite comme de gauche détournent le mouvement. Théories du complot, antisémitisme et autres formes de haine les unissent. »
Voir ci-dessous l’invitation d’Alain Soral publiée sur son site néo-nazi à une conférence antisémite, le 19 janvier, dans le contexte de la mobilisation des Gilets jaunes.
« Il faut interdire la fête de la haine prévue samedi prochain par l’extrême droite : les dirigeants politiques en lice pour le Parlement européen de mai 2019 qui ne le feront pas en seront impactés. Car cette ‘‘fièvre jaune’’ vire à une intifada à la française. »
Paris, le 13 janvier 2019
« Les manifestations des Gilets jaunes marquent ce samedi leur neuvième édition. Une mobilisation à Paris et dans toute la France dont on ne voit pas la fin », déclarait le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels.
Des Gilets jaunes sur les Champs-Élysées à la veille de shabbat.
Dans une lettre adressée au ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, M. Samuels soutenait que « ce qui avait commencé comme un mouvement contre la hausse des taxes sur le carburant – que l’administration Macron a depuis annulée – est maintenant infiltré par des vandales d’extrême droite et d’extrême gauche, des anarchistes et des provocateurs déterminés au pillage, à la violence et au chaos. Leur dénominateur commun : théories du complot et haine des Juifs ».
Lors d’une réunion qui s’est tenue la semaine dernière, le Centre a appris de l’ancien Commissaire national de police, Frédéric Péchenard, que, « sur un millier de manifestants interpellés, seuls onze ont été traduits devant les tribunaux ».
Nous avons été informés par une autre source que « 42 % des Gilets jaunes ont voté extrême droite pour Marine Le Pen et plus de 20 % extrême gauche pour Jean-Luc Mélenchon ».
Aucune direction précise ne s’impose chez les Gilets jaunes. En fait, les protestations revendiquées sur les médias sociaux reposent sur « l’intersectionnalité », un concept qui réunit toutes les victimes – des pillages, de la pauvreté, de la violence – dans une solidarité commune.
« Banques privatisées, sortie de l’E.U., liberté ! »
Pourtant, la « fièvre jaune » a instauré un climat de peur et de menaces. L’une de ces menaces, proférée à l’encontre d’un député LREM, est formulée ainsi : « De quel droit un Africain vient se mêler des problèmes de la France ? … qui a malheureusement échappé aux machettes du Rwanda… C’est la valise ou le cercueil… On va tout simplement te mettre une balle dans la tête, le climat actuel s’y prête bien, les victimes d’accidents de chasse augmentent… »
Quantitativement, les attaques antisémites sont de loin les plus répandues :
- une députée LREM, suite à sa critique des Gilets jaunes sur un plateau de télévision, a été traitée de « sale juive » ;
- des banderoles suspendues sur des ponts d’autoroutes affichaient : « Macron, pute à juifs » et « Macron = Drahi = Attali = Banques = Média = Sion » ;
- à Paris, on a crié sur le service d’ordre : « Vous nous gazez comme des putains de juifs » ;
- le geste de la quenelle (le salut hitlérien inversé) a été repéré dans le quartier de Montmartre et dans le métro parisien.
« On sentait un climat de violence latente, et j’ai moi-même vu des manifestants avec des vaporisateurs de gaz poivré à la main », rapportait M. Samuels, poursuivant : « Samedi prochain, le 19 janvier, des néo-nazis se joindront au rassemblement. Une réunion est prévue sur le thème ‘‘Gilets jaunes ou la révolution qui vient’’. Le conférencier principal n’est autre qu’Alain Soral, le fondateur du Parti antisioniste, lié à Dieudonné, antisémite notoire, conjointement avec une poignée de provocateurs néo-nazis... On s’attend à ce que des membres de l’extrême gauche alliés à des islamistes se confrontent aux fascistes, en proférant des slogans antisionistes. »
Invitation d’Alain Soral sur son site néo-nazi à une conférence antisémite, le 19 janvier,
dans le contexte de la mobilisation des Gilets jaunes.
« On récolte ce qu’on sème, et comme les extrêmes de droite et de gauche se nourrissent mutuellement, ils ont tous deux à gagner du chaos », alertait M. Samuels.
Le Centre Wiesenthal demande aux dirigeants de tous les partis politiques, de M. Mélenchon à Mme Le Pen, « de bannir et de condamner publiquement l’incitation à l’antisémitisme et à toute forme de racisme qui surgirait du mouvement des Gilets jaunes ».
La même requête a été adressée à Jacline Mouraud et Ghislain Coutard, les deux figures émergentes des Gilets jaunes, « pour préserver la cause première du véritable mouvement, soit la lutte contre la pauvreté, et donc pour éradiquer les semeurs de haine qui tentent de récupérer les Gilets jaunes en ayant recours à la violence ».
Nous avons aussi fait appel à Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, ainsi qu’aux personnalités politiques mentionnées ci-dessus, pour interdire la fête de la haine programmée par l’extrême droite samedi prochain.
« Les dirigeants politiques en lice pour les élections au Parlement européen de mai 2019 qui choisissent de ne pas répondre à notre demande seront présumés insensibles à la haine, ce qui impactera leur candidature... Ils seront jugés complices du virage de cette ‘‘fièvre jaune’’ vers une intifada à la française », concluait M. Samuels.