« On peut accepter la réconciliation pour la Première Guerre mondiale, mais pas pour la Seconde. »
« Les Etats concernés doivent examiner tous les cimetières militaires et tous les sanctuaires pour identifier les pièges posés sur la route de la candidature au Patrimoine mondial.... A titre d'exemple, la tour de l’Yser, à Dixmude, en Belgique. »
Manama, Bahreïn, le 29 juin 2018
La Belgique et la France présentent conjointement la candidature sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco de : « Sites funéraires et commémoratifs de la Première Guerre mondiale » – 139 sites répartis sur le front occidental de la guerre 1914-1918, qui détiennent les restes de dizaines de milliers de soldats de plusieurs nationalités.
Les cimetières français observent respectueusement les signes religieux : croix, croissant, étoile de David, et une stèle stylisée à l’intention des agnostiques et autres croyances. La plupart des trente-six cimetières français abritent un mélange de nationalités, et ils indiquent aussi bien les identités des Français que des Allemands tombés au front. Y sont répertoriés vingt-deux cimetières allemands, trois américains, huit belges, quatre canadiens, ainsi qu’un cimetière pour chacune des nationalités suivantes : portugaise, tchécoslovaque, italienne, roumaine, danoise, russe et irlandaise.
« Le Centre Wiesenthal accepte le concept d’honorer des cimetières mixtes où reposent des belligérants des deux côtés des tranchées. Ceci est valable pour la Première Guerre mondiale… mais pas pour la Seconde Guerre mondiale », soutenait Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre et observateur permanent de ce dernier au Comité du patrimoine mondial de l’Unesco.
Shimon Samuels avec Sheikha Haya Rashed Al-Khalifa, présidente
du Comité du patrimoine mondial, à Manama, Bahreïn.
M. Samuels soulignait en effet qu’« il serait impensable que les armées d’Hitler soient honorées dans des tombes communes avec les unités alliées qui ont combattu pour sauver l’Europe duCrépuscule des dieuxde l’Allemagne nazie… Aucune absolution n’est possible pour les brigades de la mort de la Wehrmacht, des Waffen SS ou de la Gestapo, aucune réconciliation n’est possible entre les fils de la Lumière et les fils des Ténèbres ».
« Bien que le cimetière de La Cambe ne figure pas sur cette liste, il est représentatif du danger que nous dénonçons : en juin 1994, le jour du 50e anniversaire du débarquement de Normandie – le jour J –, le président Mitterrand invitait le président Clinton et la reine Elizabeth II à déposer une couronne dans ce cimetière militaire allemand », rappelait M. Samuels. Le Centre Wiesenthal s’était indigné car la division Das Reich, responsable du massacre des 642 hommes, femmes et enfants d’Oradour-sur-Glane brûlés vifs en 1941, est enterrée à La Cambe.
M. Samuels priait instamment les Etats concernés « d’examiner tous les cimetières militaires français et belges répertoriés sur la liste des candidats à l’inscription afin qu’aucun ‘‘champ de mines" de la Deuxième Guerre mondiale n’y soit découvert ».
Il précisait que « nous pouvons déjà identifier un site à la validité douteuse : la tour de l’Yser, à Dixmude, en Belgique. Cette tour a d’abord été un mémorial de la Première Guerre mondiale pour les nationalistes flamands. Depuis les années 1980, elle est devenue chaque été un lieu de rassemblement de néo-nazis, de concerts skinheads, de négationnistes et de festivals de haine contre les juifs, les musulmans, les migrants ou les homosexuels… »
« Le Centre Wiesenthal est tout disposé à collaborer pour identifier les éventuelles ‘‘mines’’ posées sur la route du Patrimoine mondial de l’Unesco », concluait M. Samuels.