« Les actes terroristes commis au Royaume-Uni frappent pour la plupart sans discernement, tandis qu’en France, les Juifs constituent toujours une cible privilégiée. »
« L’actuel système de défense est inadéquat, comme on l’a vu lors de l’agression d’une jeune étudiante dans son école juive. »
« Le plus dérangeant, c’est la réticence des tribunaux à reconnaître la nature antisémite de ces actes. »
Paris, le 18 juin 2018
Dans une lettre adressée au ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui indiquait qu’« en 2014, Andrew Hussey publiait The French Intifada et, en 2017, le député juif français Meyer Habib l’appelait ‘‘l’intifada des couteaux’’ (‘‘intifada’’ se traduit par ‘‘soulèvement’’ en arabe, terme originellement utilisé par les terroristes palestiniens contre les Israéliens) ».
M. Samuels poursuivait en ces termes : « Dans ce contexte, France 24 parlait, le 17 juin, dans une revue de l’actualité, de l’impact des agressions contre des cibles juives aux cris de Allahu Akhbar, agressions qui visent de plus en plus les écoliers. »
La lettre soulignait que « de fait, quelque soixante mille Français de confession juive – soit 10 % de la communauté – ont quitté la France, et nombreux sont ceux qui continuent de fuir les banlieues massivement islamisées pour se réfugier dans les centres-villes. Il en a résulté la fermeture de synagogues et de restaurants casher et une baisse des activités culturelles due aux coûts onéreux d’un minimum de sécurité, tandis que peu d’enfants juifs poursuivent leur scolarité dans des écoles non juives. Alors que les départs pour Israël vont bon train, une troisième congrégation juive française vient de voir le jour en Grande-Bretagne. »
La lettre ajoutait que « les actes terroristes commis au Royaume-Uni frappent pour la plupart sans discernement, tandis qu’en France, les Juifs constituent toujours une cible privilégiée. Au Royaume-Uni, il y a longtemps que la protection de la communauté juive est assurée par un projet conjoint de l’État et de la communauté. Il semblerait que votre homologue britannique récemment nommé, Sajid Javid, secrétaire d’État à l’Intérieur, renforce cette politique. »
« La semaine dernière, dans un quartier juif de Londres, Stamford Hill, une femme brandissant un couteau a pourchassé des enfants aux cris de ‘‘Je veux tuer tous les Juifs !’’. Des agents locaux de sécurité (Shomrim en hébreu) l’auraient maîtrisée avant que la police ne l’arrête. »
La lettre soutenait qu’« en France, hormis des organismes juifs de bénévoles, la sécurité n’a été prise au sérieux qu’après l’attaque terroriste de l’Hyper Cacher, en janvier 2015, lorsque le président Hollande a déclaré l’état d’urgence et qu’il a placé des militaires en armes devant les synagogues, les écoles juives et autres organismes communautaires. Une situation à laquelle le président Macron a mis fin. »
M. Samuels alléguait que « l’actuel système de défense est inadéquat, comme on l’a vu la semaine dernière lors de l’agression d’une jeune étudiante par trois Nord-Africains devant son école juive. Elle s’est réfugiée à l’intérieur de l’établissement, poursuivie par ses assaillants, jusqu’à ce que, fort heureusement, un enseignant la secoure. »
Le Centre priait instamment le ministre « de prendre des mesures de sécurité sur tout le territoire français pour empêcher une autre attaque telle celle de l’école juive de Toulouse où, en 2012, un homme et trois enfants ont été tués par Mohammed Merah ».
M. Samuels protestait en outre contre « l’aspect le plus dérangeant du terrorisme antisémite perpétré en France : la réticence des tribunaux à reconnaître la nature antisémite de ces actes, réticence qui a pour conséquence de protéger leurs auteurs contre des sanctions pour circonstances aggravantes :
- l’enlèvement et l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006 ;
- en 2017, le meurtre sauvage de Sara Halimi, âgée de 65 ans, par un assassin s’écriant Allahu Akhbar ;
- les multiples coups de couteau et la mise à feu de Mireille Knoll, 85 ans, dans les mêmes circonstances, en 2018 ;
- et tant d’autres affaires… toutes avec de longs retards à être déclarées comme actes de haine des Juifs. »
Le Centre lançait cet appel au ministre de l’Intérieur : « Bien que ces cas relèvent de la compétence de votre collègue, le ministre de la Justice, de telles atrocités – comme ipso facto tous les crimes haineux – doivent immédiatement être reconnues comme telles. Toute procédure qui excuse la violence sous prétexte de troubles mentaux incitera d’autres assaillants à passer à l’acte. »
« Le terrorisme antisémite est la mère de la terreur systématique en Europe, car ce qui commence avec les Juifs ne s’arrête jamais avec eux », concluait M. Samuels.