« Cette publicité incroyable et cette campagne idéologique diminuent les liens qui unissent les Juifs à la terre d'Israël. »
« L'un de vos coéditeurs, Élias Sanbar, n'est autre que l'ambassadeur palestinien à l'Unesco. Il mène une campagne de vol du patrimoine juif – soutenant que le lieu le plus sacré du judaïsme, le Mur occidental, fait partie de la mosquée Al-Aqsa. »
Paris, le 23 octobre 2015
Dans une lettre adressée au président du Centre national du livre, Vincent Monadé, lettre qui faisait suite à une discussion tenue à la Foire du livre de Francfort, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui faisait part « des vives protestations de ses membres face à l'ouvrage de 1 150 pages Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours, publié sous la direction de feu Abdelwahab Meddeb et de Benjamin Stora chez Albin Michel, mais financé par votre Centre national du livre – sous les auspices de votre ministère de la Culture ».
M. Samuels lui signalait qu'« à la parution de l'édition anglaise, Lyn Julius, spécialiste des Juifs des pays arabes, a rédigé une longue critique de cet ouvrage, y révélant de nombreuses inexactitudes ». Il ajoutait que « l'édition française a été accueillie par l'historien Shmuel Trigano comme ''un ouvrage de propagande'' ».
Le Centre relevait, non sans ironie, que « l'un des coéditeurs de l'ouvrage n'est autre que l'ambassadeur palestinien à l'Unesco Élias Sanbar – celui-là même qui mène une campagne de vol du patrimoine juif. Cette semaine, il a soutenu que le lieu le plus sacré du judaïsme, le Mur occidental ou Kotel, était le mur Al-Bouraq et qu'il faisait partie de la mosquée Al-Aqsa. »
La lettre indiquait aussi que « l'un des commanditaires du livre, l'Alliance des civilisations, est une initiative des Nations unies établie par l'Espagne et la Turquie, qui exclut Israël de son cercle d'amis. Or, cet ouvrage fait l'éloge, d'une part, de l'âge d'or espagnol, lavant ainsi cet État des terreurs de l'Inquisition, et, d'autre part, il encense la Turquie pour avoir accueilli les Juifs expulsés d'Espagne, fait qui ne saurait disculper anachroniquement l'antisémitisme qui sévit actuellement à Ankara ».
M. Samuels citait l'analyste en informatique belge Rudi Roth, « qui a signalé ''de graves erreurs factuelles et une relecture éditoriale bâclée'', relevant notamment des dates de naissance divergentes pour le rabbin, médecin et philosophe juif de l'époque médiévale Moïse ben Maimon, connu sous le nom de Rambam ou de Maïmonide ».
Le Centre énumérait « quelques exemples de diffractions de faits historiques pour les teinter de rose :
- Maïmonide fuyant les massacres musulmans perpétrés contre les Juifs d'Espagne devient ''une émigration''
- L'étude de sa lettre datée de 1172, adressée aux Juifs du Yémen, ne fait pas mention de leur victimologie face à la persécution musulmane
- L'ouvrage prétend qu'il fut enterré au Caire en 1204, alors que sa tombe est universellement reconnue comme se trouvant à Tibériade, en Galilée.
« Le livre diminue ainsi les liens qui unissent les Juifs à la terre d'Israël ; il minimise la contribution juive à la culture et à la science, pour magnifier le rôle des Arabes musulmans – particulièrement dans le domaine des mathématiques.
« Depuis le pogrom de Fez en 1033 jusqu'à l'impact produit par l'alliance du grand mufti de Jérusalem Haj Amin el Husseini avec les nazis et son soutien actif de la Shoah, la face sombre de l'antisémitisme musulman s'est vue aseptisée. »
M. Samuels citait aussi Shmuel Trigano « qui a décrit le volume comme ''une publicité incroyable et une campagne idéologique… Son objectif est de sensibiliser l'opinion publique mondiale sur l'identité juive, et plus particulièrement sur les séfarades'' ».
En conséquence, nous prions instamment le CNL, en tant que bailleur de fonds de ce livre, de constituer un comité critique afin de s'assurer qu'une seconde édition rectifiera la dénaturation de l'identité juive et la distorsion de son histoire – un débat crucial pour les relations judéo-musulmanes.