« Paris – la ville qui a connu Copernic et tant d'autres actes de terrorisme – verra Diab comparaître en 2016… Que cette année soit celle où les familles des victimes et les survivants voient la clôture définitive de leur deuil. Après 36 ans d'attente, une justice encore retardée équivaudrait à une justice niée. »
Paris, le 24 décembre 2015
Le 3 octobre 1980 à 18h35, une bombe explosait devant la synagogue Copernic, à Paris, tuant quatre passants et blessant 40 fidèles à l'intérieur de l’édifice. Raymond Barre, alors Premier ministre, avait déclaré qu'« un attentat odieux qui voulait frapper les Israélites a frappé des Français innocents ». L'une des victimes était Aliza – l'épouse d'un cinéaste israélien, Micha Shagrir –, venue à Paris pour un week-end et invitée chez la journaliste Tamar Golan.
Ce jour-là, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, accompagnait Aliza depuis l'appartement de son hôtesse jusqu'au coin de la rue Copernic, toute proche. C'est là que, quelques secondes plus tard, la mort allait la frapper.
M. Samuels dénigra immédiatement les pouvoirs publics, qui avaient accusé l'extrême-droite. Il affirmait que « l'attentat réunissait toutes les caractéristiques du terrorisme palestinien et de l'extrême-gauche locale ». Au lendemain de Copernic, tout au long des deux années suivantes, il recensa 73 cas semblables d'attentats antisémites, dont 29 en France. « Cette situation s'est achevée au cours de l'été 1982 avec l'incursion israélienne au Sud-Liban, où les terroristes européens s'étaient dispersés dans des camps d'entraînement de l'OLP. De retour chez eux, ils ont déplacé leurs cibles vers les banques et les infrastructures gouvernementales – au lieu des synagogues –, ce qui a donné lieu à de sévères mesures de répression », déclarait M. Samuels.
En 1999, les services du renseignement français obtinrent des éléments de preuves contre les auteurs du crime. Parmi eux figurait Hassan Diab, un Palestinien natif de Beyrouth, membre du Front populaire de libération de la Palestine – Opérations spéciales (FPLP-OS), présumé avoir fabriqué et fait exploser la bombe.
Les éléments de preuves rapportés, tels que faux passeports, analyses graphologiques, témoignages de membres du FPLP et autres, glanés par les services du renseignement européens et américains, conduisirent en 2008 à l'arrestation et à la mise en résidence surveillée d'Hassan Diab, actuellement chargé de cours en sociologie appliquée à l'université d'Ottawa, au Canada. Il s’ensuivit deux ans de résidence surveillée et une campagne menée par des sympathisants palestiniens solidaires pour clamer une erreur d’identité.
M. Samuels assista en 2010 aux audiences d’extradition, qui dégénérèrent en manifestations anti-Israël. Durant les quatre années suivantes, le Centre Wiesenthal mena campagne auprès des médias français et canadiens pour réclamer son transfert vers une cour parisienne.
Après maints appels, Diab arriva enfin en France où, en février 2015, il fut inculpé pour « meurtres, tentative de meurtres, destruction volontaire de propriété et autre causée par un engin explosif ou une substance incendiaire au sein d’un groupe organisé ; crimes liés à des actes individuels ou collectifs visant à troubler gravement l’ordre public par intimidation ou par terreur ».
Les avocats de la défense présentèrent deux demandes d’annulation de la décision, au motif que les preuves présentées manquaient de crédibilité. La semaine dernière, le 17 décembre, ces deux demandes furent rejetées par la cour d’appel de Paris.
Le Centre exprima ses remerciements aux avocats David Père et Bernard Cahen, applaudissant les conseillers juridiques des victimes et la décision de la Cour d’appel, décision qui permettra maintenant à cet important procès de se poursuivre.
M. Samuels concluait sa déclaration en ces termes : « Paris – la ville qui a connu Copernic et tant d'autres actes de terrorisme – verra Diab comparaître en 2016… Que cette année soit celle où les familles des victimes et les survivants voient la clôture définitive de leur deuil. Après 36 ans d'attente, une justice encore retardée équivaudrait à une justice niée. »