Le Centre Wiesenthal à l’Académie polonaise des sciences :« Suspendez votre membre antisémite et condamnez-le à l’exil intellectuel. »
Paris, le 10 avril 2013
Dans une lettre adressée à Michal Kleiber, président de l’Académie polonaise des sciences, Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, a déploré que « la réputation de cette auguste académie a été entachée, lla semaine dernière, par le sombre fléau de l’antisémitisme »."
M. Samuels faisait référence au soi-disant expert sur les Juifs, le professeur Krzysztof Jasiewicz, dont les propos ont été reproduits dans l’article “Les Juifs sont-ils eux-mêmes coupables ?“ publié dans l’édition spéciale du magazine polonais “Focus“ marquant le 70e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie.
M. Samuels a instamment prié l’Académie de « prendre des mesures pour suspendre toute collaboration avec K. Jasiewicz, en attendant son expulsion officielle ».
Dans son article, K. Jasiewicz déclare, entre autres faits scandaleux :
- « “Cette histoire absurde que les Juifs auraient été tués principalement par des Polonais a été inventée pour cacher le plus grand secret juif. L’ampleur du crime allemand n’a été rendue possible que parce que les Juifs eux-mêmes ont participé au meurtre de leur propre peuple.“
- “Au long de nombreuses générations, ce sont les Juifs, et non pas l’Eglise catholique, qui ont œuvré pour provoquer la Shoah. Il semble que les Juifs n’ont pas appris leur leçon et n’en ont pas encore tiré les conclusions.“
- “Les Juifs ont un problème parce qu’ils sont convaincus d’être le peuple élu… Je suis convaincu qu’il est vain de dialoguer avec les Juifs, parce que cela ne mène nulle part.“
- “Je suis profondément convaincu que le massacre de Jedwabne et d’autres pogroms n’ont pas été perpétrés dans le but de voler les biens juifs ni pour se venger des choses terribles que les Juifs ont commises par le passé contre les Polonais. Les pogroms ont surtout été provoqués par la grande peur [suscitée par] les Juifs…“ “Ces meurtriers désespérés ont dû se dire qu’ils avaient commis des choses terribles, mais que LEURS PETITS-ENFANTS LEUR EN SERAIENT RECONNAISSANTS…“ [c’est nous qui soulignons]
- “Les Juifs sont aveuglés par leur haine et leur désir de vengeance… [Ils] ont collaboré avec les groupes communistes avant la guerre et, après la guerre, ils ont rejoint la police secrète communiste.“
- “Je crois que toute personne avec un tant soit peu d’éducation et d’intelligence comprendra que la version juive n’est pas toujours la vraie ni qu’elle est meilleure que d’autres.“ »
M. Samuels a souligné que la dernière citation était « un défi direct à votre académie, à savoir si, avec “son éducation et son intelligence“, celle-ci adhérerait par son silence à “la version Jasiewicz“ de relations judéo-polonaises basées sur le déni et des allusions au déicide, à l’incitation à la haine et à cet affreux héritage à transmettre à “la génération des petits-enfants“ ».
La lettre rappelait que « feu Simon Wiesenthal, dans son roman “Krystyna et la tragédie de la Résistance polonaise“, avait tendu la main à la réconciliation avec les générations polonaises d’après-guerre. De nombreux Polonais de tous bords, rongés par le remords, avaient répondu qu’ils désiraient reconstruire les rapports judéo-polonais, rapports qui seront concrétisés l’année prochaine à Varsovie par l’ouverture longtemps attendue du musée de l’Histoire des Juifs polonais ».
M. Samuels a mis l’accent sur le fait que « Michael Wojcik, rédacteur en chef du magazine “Focus“, avait expliqué qu’il avait pris sa décision de publier cet article avec l’intention de “montrer que l’antisémitisme au sein de la communauté scientifique n’appartient pas seulement au passé, mais qu’il existe toujours aujourd’hui“, et il a présenté ses excuses pour toute offense involontaire de sa part ».
Le Centre a lancé un appel au président de l’Académie, affirmant que « Jasiewicz met ses pairs timorés sur la sellette. Il est de votre devoir de réagir. L’Académie a été souillée et ce n’est qu’en retirant à Jasiewicz sa carte de membre à vie et par une déclaration publique des membres de l’Académie le condamnant à l’exil intellectuel que cette affaire sera résolue, et le défi pour les générations futures refoulé ».
L’appel du Centre Wiesenthal à l’Académie à réagir a été « envoyé également au professeur Barbara Kudrycka, ministre polonaise des Sciences et des Etudes supérieures, dont le ministère avait assumé la charge de fonder l’Académie polonaise des sciences », M. Samuels a-t-il conclu.