« Invoquez le prestige de votre fonction pour empêcher la résurgence de concepts en vogue durant l’alliance de la Finlande avec l’Allemagne nazie, en 1941-1944. »
Paris, le 30 juillet 2013
Dans une lettre adressée au Président finnois, Sauli Vainamo Niinistö, le directeur des Relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, Shimon Samuels, attirait son attention sur Juha Kärkkäinen, fondateur de la chaîne de grands magasins qui porte son nom et, il semblerait, rédacteur en chef d’un journal gratuit, Magneettimedia, diffusé au niveau national à quelque 660 000 foyers, ainsi qu’en ligne (www.magneettimedia.com).
M. Samuels signalait que « les anciens numéros de ce média affichaient des théories de complot sur des allégations de produits pharmaceutiques produisant des effets médicaux nocifs, allégations mêlées d’une combinaison de plus en plus flagrante de négationnisme et d’antisémitisme pernicieux, révélées dans des articles tels que :
- Les Juifs qui contrôlent les médias
- Qui possède les médias en 2012 ?
- Une longue vidéo montrant quel tricheur Albert Einstein était vraiment !
- Le terrorisme sioniste en Norvège
- CNN, Goldman Sachs et la mainmise sioniste (traduit de l’ancien dirigeant du Ku Klux Klan David Duke)
- Comment démanteler et dominer les sionistes (traduit de David Duke). »
La lettre indiquait en outre que « la dernière édition, de juillet 2013, sombre de plus en plus bas, avec un article intitulé “Comment le Grand Rabbin a camouflé le viol qu’il a commis” (traduit des diatribes d’un présumé pasteur de l’Oregon, Ted Pike). Cet article était illustré d’une méchante caricature antisémite qui aurait pu être extraite du Sturmer, un organe nazi de 1930 (voir ci-dessous).
Un autre article, “Comment les médias sionistes trompent les Afro-Américains”, insinuait que les Juifs étaient responsables de l’affaire Zimmerman-Travyon. »
Le Centre alertait le Président sur le fait que, « en dépit de de la liberté d’expression qu’il fait régner dans son pays, l’entreprise Kärkkäinen fomente une vaste campagne de sensibilisation populiste qui risque fort de mettre en danger la petite communauté juive et les visiteurs juifs de Finlande ». Il ajoutait : « Les termes “juif” et “sioniste” sont utilisés indifféremment dans le lexique de Magneettimedia, et les commentaires en ligne des lecteurs de chaque édition révèlent une haine de plus en plus grande des Juifs. »
M. Samuels rapportait que, « apparemment, cette quête de bouc émissaire semble prendre sa source en 2011, lorsque Kärkkäinen s’est trouvé dans l’obligation de rééchelonner une dette de 37 millions d’euros ». M. Samuels attirait enfin l’attention sur le fait que « le motif pouvait être indicatif, mais la menace pour la Finlande était évidente ».
Le Centre priait instamment le Président « d’en appeler au prestige de sa fonction pour condamner fermement Kärkkäinen et Magneettiimedia, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour enrayer ce racisme sournois qui va à l’encontre des dispositions contre la discrimination prises par l’Union européenne, en particulier la définition de travail de l’antisémitisme, adoptée en 2014 par l’Agence des droits fondamentaux ».
M. Samuels concluait sa lettre en ces termes : « Il incombe à la Finlande de mettre fin à cette résurgence de concepts en vogue dans les années 1941-1944, lors de l’alliance de la Finlande avec l’Allemagne nazie. M. le Président, nous attendons de votre part une réponse rapide et sans équivoque. »