« L'Unesco devient une tribune à la plus grande délégitimation antisémite du peuple juif depuis la Shoah. »
« La résolution palestinienne contre l'identité même du judaïsme ne diffère en aucune manière des destructions de patrimoine perpétrées par l'EI, destructions que la directrice générale a elle-même qualifiées de ''nettoyage culturel''. »
Istanbul, le 13 juillet 2016
Dans une lettre adressée à la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, déplorait que : « bien que vous ayez pris d'importantes mesures pour développer l'enseignement de la Shoah et pour combattre les discriminations contemporaines, antisémitisme compris, l'Unesco elle-même devient une tribune à la plus grande délégitimation antisémite du peuple juif depuis la Shoah. » Et il ajoutait : « Depuis l'entrée de la Palestine, en novembre 2011, au Comité du patrimoine mondial (CPM), celui-ci s'est transformé en champ de bataille : les sites juifs y deviennent des mosquées et une liste de vœux met à mal l'intégrité du CPM en tant que protecteur du patrimoine. »
M. Samuels remémorait comment, « au cours du 39e CPM, à Bonn (Allemagne), en juillet 2015, a eu lieu la première tentative de déjudaïsation – avec l'intention d'effacer la présence du peuple juif de Jérusalem, présence qui remonte à plus de deux millénaires, et son identité. Il poursuivait en ces termes : « Cette usurpation d'identité a ensuite été avalisée par le Conseil exécutif de l'Unesco, en avril 2016. Maintenant, les Palestiniens se préparent à soumettre, à cette 40e session du CPM à Istanbul, une attaque de plus grande ampleur encore : contre toute trace de présence juive, d'abord à Jérusalem, puis dans toute la Terre sainte. »
M. Samuels interviewé à la radio turque au cours du CPM de l'Unesco à Istanbul.
La lettre rappelait à la directrice générale qu'« il y a à peine un mois, par indignation face à cette situation des plus dramatiques, les conseils d'administration du Centre Wiesenthal, de Verbe et Lumière-Vigilance et de notre nouveau partenaire, Yad VaShem France, ont décidé de ne plus tenir notre cérémonie de remise de prix aux lauréats russes d'essais sur la Shoah à l'Unesco, après onze ans de collaboration ». Les responsables de ces trois associations ont « salué les délégués à l'Unesco des cinq États membres (l'Arménie, l'Allemagne, Israël, la Russie et les États-Unis) qui nous ont rejoints au Mémorial de la Shoah pour leur soutien et leur engagement ''à remédier à cette situation afin que ce programme retourne en 2017 à l'Unesco''… Tout aussi louables ont été les regrets exprimés par la France et le Brésil pour avoir donné leur appui à cette résolution scandaleuse. En outre, au cours de notre récent entretien à Buenos Aires avec Mauricio Macri, président de l'Argentine, ce dernier a ordonné une enquête sur ce vote incompréhensible ».
Rabbi Marvin Hier, doyen et fondateur du Centre Simon Wiesenthal, a demandé à la directrice générale « d'user de votre autorité pour mener une initiative – avec un groupe d'États membres garant d'intégrité et qui partage vos opinions – pour EMPÊCHER que cette résolution haineuse ne soit votée, sur la base d'intérêts qui ne servent ni le peuple palestinien ni la cause de la paix. Ce vote ne pourrait qu'engendrer encore plus de terrorisme. »
Rabbi Abraham Cooper, vice-doyen du Centre, a apporté des preuves écrites contre le projet de résolution palestinien (voir ci-dessous) : le guide touristique officiel de Jérusalem, publié chaque année par le Haut Conseil islamique entre 1924 et 1953. Celui-ci fait référence au site du Dôme du Rocher et du Mont du Temple en tant que « l'un des sites les plus anciens au monde. Son caractère sacré remonte à des temps des plus reculés (peut-être à la Préhistoire). Son identité avec le site du Temple de Salomon est incontestable. C'est aussi le lieu où, d'après la croyance universelle, ''David a construit l'autel de Dieu et offert devant l'Éternel des holocaustes et des sacrifices d'actions de grâces'' ».
M. Samuels indiquait que l'allocution de la directrice générale, qui ouvrait hier le CPM, décrivait le Patrimoine mondial en ces termes : « Ce qui est en jeu ici, c'est plus que d'ajouter de nouveaux sites sur une liste. Il s'agit de réaffirmer les valeurs humaines et les droits de l'homme. Il s'agit de guérir des souvenirs blessés, de prendre les rênes du patrimoine pour regagner confiance. »
La lettre remarquait que « le projet de résolution palestinien enfreint chacun des sentiments que vous exprimez ci-dessus. En fait, son impact sur les souvenirs blessés du peuple juif et sur l'identité même du judaïsme ne diffère en aucune manière des destructions de patrimoine perpétrées par l'EI, destructions que vous avez vous-même qualifiées de ''nettoyage culturel''. »
M. Samuels concluait sa lettre en ces termes : « Mme Ülker, ambassadeur de Turquie et présidente du CPM, a souligné hier soir qu'''attaquer le patrimoine équivaut à attaquer l'Histoire, l'identité et les valeurs des peuples…'' Il est fort improbable que la Turquie, notre hôte, souhaite qu'une telle bavure entache le courageux CPM, qui se tient ici, à Istanbul, au mépris des atrocités terroristes qui y ont eu lieu récemment…
« Nous sommes cependant convaincus que vous seule pourrez racheter le nom de l'Unesco en prenant la tête d'un contre-comité. »