Saint-Domingue, République dominicaine, le 20 juin 2016
« Au cours d'une séance plénière, nous avons prié la ministre argentine des Affaires étrangères, Susanna Malcorra, de suivre les traces de la France et du Brésil et de présenter ses excuses pour avoir voté la résolution de l'Unesco qui classait le mont du Temple et le Mur occidental en tant que sites islamiques – effaçant ainsi 3 500 ans de patrimoine juif. »
« De Sosua au Mashav : c’est le symbole du grand écart entre l’impuissance vécue à son comble par les Juifs de 1938 et l’État juif indépendant d’aujourd’hui, à l’heure où l’expertise du Mashav contribue au bien-être d’autrui. Puissent ces lueurs de l’OEA marquer d’un pas le passage prophétique de l’espoir juif : d’‘‘un peuple qui a sa demeure à part’’ à ‘‘une lumière pour les nations’’. »
Le Centre Simon Wiesenthal, doté du statut consultatif auprès de l'Organisation des États américains (OEA), a participé à sa 46e assemblée générale, qui s'est tenue à Saint-Domingue, en République dominicaine.
Au cours de rencontres privées avec le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, et son équipe, le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels, et son représentant pour l'Amérique latine, Ariel Gelblung, ont présenté leurs observations sur la menace terroriste qui va grandissant en Amérique latine.
De gauche à droite : S. Samuels, L. Almagro, A. Gelblung.
Tout comme en Europe, les migrations depuis le Moyen-Orient engendrent la même violence armée de l'EI et le recrutement de djihadistes locaux agissant seuls.
M. Samuels a cité des rapports publiés sur « des cellules dormantes du Hezbollah en Amérique du Sud, particulièrement dans la zone située entre les trois frontières de l'Argentine, du Brésil et du Paraguay ». Il a également signalé « la campagne annoncée par l'EI de convertir les tribus indigènes du Mexique, de l'Amérique centrale et du Brésil, et la probabilité d'alliances avec les cartels de la drogue ».
M. Gelblung a souligné que « l’attaque au couteau d’un marchand juif de Paysandú, en Uruguay, et l’attentat d’Orlando, aux États-Unis, dans une discothèque LGBT, n’étaient pas des cas isolés, mais les signes d’un recrutement organisé par les islamistes dans toutes les Amériques ».
Les représentants de l’OEA partageaient leurs préoccupations. Ils ont proposé au Centre Wiesenthal de fournir une aide à leur projet « Valeurs », une approche pédagogique contre l’extrémisme.
De gauche à droite : James Lambert, secrétaire aux Questions continentales, A. Gelblung, Ideli Salvatti, secrétaire à l’Accès aux droits et à l’équité, S. Samuels, Neil Parson, secrétaire exécutif au Développement intégré.
Les séances ont été perturbées par la situation chaotique du Venezuela et ses répercussions inquiétantes pour ses voisins. Les représentants du Centre ont rapporté que « plusieurs diplomates nous ont exprimé leur besoin d’une approche continentale de l’insécurité, d’une meilleure coordination entre les services de renseignements des membres de l’OEA, ainsi que d’une attention à porter sur des frontières poreuses. […] De nombreux commentaires ont porté sur la poursuite de l’intervention iranienne, comme cela fut récemment le cas avec une délégation prévue en Colombie, dirigée par l’un des suspects impliqués dans l’attentat perpétré en 1994 contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), à Buenos Aires, qui a fait 85 morts et plus de 300 blessés ».
Le Centre a félicité l’OEA pour avoir prévu la possibilité d’invoquer sa Charte démocratique, qui permet de suspendre tout membre qui transgresserait manifestement ses dispositions.
Au cours d'une séance plénière, M. Samuels a prié la ministre argentine des Affaires étrangères, Susanna Malcorra, de suivre les traces de la France et du Brésil et de présenter ses excuses pour avoir voté la résolution de l'Unesco qui classait le mont du Temple et le Mur occidental en tant que sites islamiques – effaçant ainsi 3 500 ans de patrimoine juif.
Au grand étonnement du Centre, celle-ci a répondu : « C’est très compliqué… Nous étudions le problème… Notre vote sur la résolution [de la Palestine] reprenait la position historique de l’Argentine… Nous ne pouvons pas suivre le Brésil sans lire leur déclaration, et nous ne l’avons pas lue… »
De gauche à droite : A. Gelblung, Susanna Malcorra, ministre argentine des Affaires étrangères, S. Samuels.
Cinq minutes plus tard, du haut du podium, elle s’est lancée dans une longue tirade contre le Royaume-Uni à propos des Malouines, sujet d’un litige qui oppose les deux pays : « Les Argentins revendiquent unanimement leur droit national à ces îles » – message quelque peu ironique alors qu’elle semblait se montrer, au mieux, cynique en ce qui concerne le droit des Juifs à leur patrimoine.
Curieusement, le journal The Guardian du 17 mars 2015 avait révélé que Mme Malcorra, alors vice-secrétaire générale de l’ONU, avait adressé une lettre à l’ambassadeur d’Israël, Ron Prosor, pour lui reprocher les pressions israéliennes contre l’inscription des Forces de défense israéliennes sur une liste de l’Unicef d’« auteurs de graves violations des droits de l’enfant ». Selon elle, ces pressions constituaient « une intimidation du personnel de l’ONU ».
Mme Malcorra fait actuellement campagne pour remplacer Ban-Ki Moon au poste de secrétaire général de l’ONU.
Pour poursuivre sur une note plus positive – basée sur la campagne du Centre pour inscrire Moises Ville, la colonie juive argentine fondée en 1890, sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco –, le ministère dominicain des Affaires étrangères a exprimé son enthousiasme pour un projet similaire concernant les coopératives de Sosua, construites par des réfugiés juifs fuyant le nazisme. En fait, à la conférence d’Évian de 1938, organisée pour venir en aide aux réfugiés juifs, sur les 35 États présents, seule la République dominicaine avait lancé un appel pour accueillir l’immigration juive.
Le miracle s’est produit au cours d’un événement annexe à l’assemblée de l’OEA, quand l’ambassadeur d’Israël à Saint-Domingue, Daniel Saban, et une équipe du Mashav (l’agence israélienne pour la coopération internationale) ont reçu de jeunes Dominicains diplômés de programmes israéliens de formation en développement rural hi-tech, en gestion de l’eau, etc. De nombreux nouveaux candidats issus de toute l’Amérique latine ont postulé à de telles bourses d’études en Israël.
« De Sosua au Mashav : c’est le symbole du grand écart entre l’impuissance vécue à son comble par les Juifs de 1938 et l’État juif indépendant d’aujourd’hui, à l’heure où l’expertise du Mashav contribue au bien-être d’autrui. Puissent ces lueurs de l’OEA marquer d’un pas le passage prophétique de l’espoir juif : d’‘‘un peuple qui a sa demeure à part’’ à ‘‘une lumière pour les nations’’ », concluaient MM. Samuels et Gelblung.