Paris, le 9 mars 2016
Le Centre Wiesenthal au ministre de la Justice allemand : « Nous nous joignons à l'appel des 56 organisations de survivants de la Shoah pour soutenir le juge mis en examen pour l'aide qu'il a apportée aux survivants dans leurs demandes de compensations. »
« Si cette prétendue commission disciplinaire parvient à ses fins, elle réduira à néant des années de mesures judiciaires qui tentent de réconcilier l'Allemagne avec son Histoire... en décourageant et en intimidant tout comportement humanitaire, à l'image du ''gentil vertueux''... »
Dans une lettre adressée au ministre fédéral allemand de la Justice, Heiko Maas, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui exposait « le rôle joué depuis longtemps par notre Centre dans la poursuite des demandes d'indemnisation des victimes de la Shoah ». Il s'est dit « scandalisé d'apprendre que le juge Jan-Robert von Renesse – un protagoniste majeur dans le dossier des restitutions juives – attend maintenant son procès pour avoir prétendument ''terni la réputation de la juridiction allemande'' en œuvrant en faveur des demandes de compensations de survivants ».
M. Samuels soulignait que, « bien que nous n'ayons nullement l'intention d'intervenir dans le système judiciaire allemand, le Centre Simon Wiesenthal soutient l'appel des 56 organisations de survivants de la Shoah, qui tentent de mettre fin à une campagne de harcèlement contre le juge von Renesse – lui qui poursuit inlassablement son combat pour expier son grand-père nazi ».
La lettre mettait l'accent sur « le motif du procès, qui doit s'ouvrir le 10 mars dans une cour de Rhénanie-du-Nord-Westphalie : ''activisme judiciaire'', expression euphémique eu égard à l'humanité dont von Renesse fait preuve en rencontrant et en aidant personnellement en Israël des plaignants âgés à remplir les formulaires requis. En fait, ce juge est l'un des rares parmi ses pairs à avoir compris que, manifestement, les camps ne délivraient pas de rapports médicaux ni de certificats de décès ».
La lettre faisait valoir que « le Bundestag semble, depuis, avoir fait amende honorable, en approuvant les actions humanitaires de von Renesse en ce qui concerne sa gestion des questions de documentation et de rétroactivité : le parlement allemand a promulgué des lois qui, indéniablement, vicient les charges retenues contre le juge ».
Le Centre déplorait que, « si cette prétendue commission disciplinaire parvient à ses fins, elle réduira à néant des années de mesures judiciaires qui tentent de réconcilier l'Allemagne avec son passé… Elle établira un précédent inconcevable, qui créera des lésions dans l'évolution de la jurisprudence en matière de droits de l'homme – principalement dans les domaines de la compensation, de la restitution et de l'indemnisation ».
M. Samuels concluait sa lettre en ces termes : « Nous demandons instamment à votre ministère de prendre position dans ce procès. Faute de quoi, il découragera et intimidera tout comportement caractérisé aujourd'hui comme l'image du ''gentil vertueux'', expression connue également sous le terme de ''Juste''. »