Paris, le 6 janvier 2016
« Ce danger pour la jeunesse de France n’a d’égal que celui du recrutement à l’EI. Nantes ne doit servir de zone de transit ni pour le Donets ni pour Damas. »
Dans une lettre adressée à la maire de Nantes, Johanna Roland, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, attirait son attention sur « une réunion inquiétante qui doit se tenir dans votre ville le samedi 16 janvier. Elle est organisée par des militants du bataillon Azov, une unité militaire ukrainienne ».
M. Samuels indiquait que « le Centre Wiesenthal ne prend pas position sur le conflit qui oppose actuellement l'Ukraine et la Russie. Nous sommes préoccupés par des rumeurs selon lesquelles ces volontaires seraient d'obédience néo-nazie. Le Canada et les États-Unis ont déjà interdit toute formation de cette unité, qu'ils semblent effectivement classer en tant que néo-nazis ».
De même, la lettre citait des correspondants britanniques des journaux The Guardian et The Telegraph interrogés sur la question et qui confirmaient qu'« une majorité des membres de cette unité peuvent entrer sous l'appellation de néo-nazis :
- ils hissent Hitler au rang de grand chef militaire et nient l'existence de la Shoah
- ils considèrent Poutine comme un Juif
- un de leurs emblèmes est une Wolfsangel [un ''crochet de loup'', qui fut utilisé par certaines unités nazies], et ils se tatouent des croix gammées
- Le colonel Andriy Biletskiy, chef de leur unité, a déclaré que sa mission historique est ''une croisade contre les Untermenschen (les sous-hommes) conduits par les sémites'' et ''la lutte pour la libération de toute la race blanche''. Il menace de ''punir sévèrement les perversions sexuelles et les relations interraciales'' ».
M. Samuels rapportait aussi les dires de Mark Galeotti, spécialiste de la sécurité à l'université de New York, qui considère ce bataillon de volontaires comme « un aimant qui attire des éléments marginaux à travers l'Ukraine et ailleurs ».
La lettre soulignait qu’« Azov a déjà recruté des éléments radicaux d'extrême-droite en Biélorussie, en Croatie, en Serbie, en Suède et, paradoxalement, en Russie – son ennemi déclaré. En Suède, l'une de ses recrues aurait annoncé qu'il envisageait de partir se battre en Syrie aux côtés d'el-Assad ». « Mais le plus important, continuait la lettre, c'est que le bataillon Azov a un entraîneur français, Gaston Besson, qui s'efforce de recruter de jeunes volontaires français sur Internet ».
M. Samuels déplorait que « tout ceci est loin des événements de la place Maïden, à Kiev, qui ont déclenché la lutte pour une démocratie libérale. C'est encore plus éloigné de l'esprit de Nantes, hôte du Forum mondial des droits humains, auquel notre Centre assiste fréquemment ».
Le Centre priait instamment la maire de Nantes « d'interdire le conclave des sympathisants du bataillon Azov, au motif qu'il représente le même danger pour la jeunesse française que son recrutement par l'EI ».
M. Samuels concluait sa lettre en ces termes : « Nantes ne doit servir de zone de transit ni pour le Donets ni pour Damas. »