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Lettre de Shimon Samuels publiée en anglais dans The Jerusalem Post
le 21 mars 2022
https://www.jpost.com/opinion/article-701949

21 March 2022 1 blog
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, assiste
à une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation
en Ukraine, à l’ONU, à Genève, plus tôt ce mois-ci (photo Denis Balibouse/Reuters).

Madame Michelle Bachelet,

En 2009, vous êtes devenue présidente du Chili. À peu près à la même date, en tant que délégué en chef du Centre Simon Wiesenthal auprès des Nations unies à Genève, je prenais la parole devant une session du comité préparatoire des ONG pour la deuxième Conférence d’examen de Durban.

En 2001, notre vice-doyen, le rabbin Abraham Cooper, et moi-même participions à la Conférence mondiale des Nations unies contre le racisme de Durban, qui avait pour objectif pour lutter contre le racisme. En fait, nous avons découvert que toutes les véritables questions d’intolérance raciale et de discrimination avaient été détournées au profit d’une campagne d’agitation antisémite.

En tant que juifs, un sens de la responsabilité collective nous a amenés à rechercher une forme de solidarité avec toutes les victimes du racisme, mais nous avons été confrontés à un barrage de haine et de violence sans précédent depuis l’Holocauste. Nos organisations sœurs du mouvement antiraciste, à quelques exceptions près, nous ont sidérés par leur silence. Face à un programme établi par l’intimidation, elles ont baissé les bras.

Toute ONG qui incite aux théories du complot, à l’usurpation d’identité – comme la déformation de l’Holocauste ou l’antisémitisme pour les adapter au révisionnisme politique – ou à la redéfinition de l’apartheid pour le diaboliser et le délégitimer, doit être considérée comme un agent du racisme. En tant que tel, son accréditation auprès de l’ONU doit être disqualifiée.

21 March 2022 2 blog
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, assiste
à la session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation
en Ukraine aux Nations unies, à Genève, en Suisse, le 3 mars 2022 (photo Reuters/Denis Balibouse).

Dans votre course à la présidence chilienne, on vous avait demandé de congédier votre directeur de campagne, Eugenio Tuma, parce qu’il avait affirmé à la télévision que de jeunes touristes israéliens étaient en fait des soldats cartographiant la région pour créer un autre Israël. Tuma avait cité un admirateur d’Hitler, l’ambassadeur chilien Miguel Serrano, et il croyait au plan Andinia, une version latino-américaine de la falsification antisémite des Protocoles des Sages de Sion.

Madame la Haut-Commissaire, sachez que les mouvements anti-Israël et antisionistes mettent les Juifs du monde entier en danger. Or, les récentes élections au Chili ont vu une profonde polarisation entre deux candidats : le fils, d’obédience d’extrême droite, d’un responsable nazi dans l’Allemagne hitlérienne, contre un antisioniste d’extrême gauche, dont l’invité principal à son investiture présidentielle était l’ancien dirigeant antisémite du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn.

Le procureur argentin assassiné – mon ami personnel – Alberto Nisman, dans son enquête sur l’attentat à la bombe du centre juif Amia de Buenos Aires impliquant l’Iran, avait révélé la présence de taupes du Hezbollah dans neuf pays d’Amérique latine, dont le Chili.

À chaque réunion du Conseil des droits de l’homme, le tristement célèbre point 7 – sur « la Palestine et les autres territoires arabes occupés » – est de facto un exercice contre Israël, non sans répercussions. Présenté à nouveau le 24 mars prochain, ce point 7 transplante le conflit dans les communautés arabes du monde entier, et en particulier au Chili, qui abrite la plus grande communauté palestinienne en dehors du Moyen-Orient.

Ceci est exacerbé par le fait que le point 7 cible le seul État juif, alors que l’article 8 porte sur le reste du monde. Cette situation est encore aggravée par la Commission d’enquête, à durée illimitée, sur « la grave situation des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël ». Cette commission doit présenter ses rapports en juin et en septembre 2022.

Madame la Haut-Commissaire, plusieurs de vos déclarations pourraient être récupérées par des fomenteurs de haine à des fins antisémites : en comparant votre exil politique en Europe à la situation des Palestiniens incapables de retourner en Israël ; ou en affirmant que les frappes israéliennes sur Gaza peuvent être des crimes de guerre.

Nous sommes à l’affût de tout cas de terrorisme palestinien parmi ceux signalés par la Commission d’enquête.

On fait hélas trop peu de cas des violations des droits de l’homme et des crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine, du meurtre par l’Iran de ses manifestants, journalistes ou homosexuels, du régime taliban en Afghanistan, du génocide en cours en Syrie et du sort des Ouïghours en Chine…

Seuls Israël – et, par association, les Juifs – sont traités comme le Mal incarné.

L’auteur de ces lignes est le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal.