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Éditorial de Shimon Samuels publié en anglais dans The Times of Israel
le 29 avril 2021
https://blogs.timesofisrael.com/is-spain-a-champion-of-the-zionism-apartheid-campaign-of-durban-iv/

En tant que seul membre de confession juive à avoir été élu au Comité directeur international (CDI) de la Conférence mondiale contre le racisme des Nations unies en 2001, j’ai assisté à plusieurs réunions préparatoires de la conférence de Durban. Ce comité recevait le soutien, au niveau des ONG, du COSATU (Congress of South African Trade Unions), le congrès des syndicats sud-africains. Or, ses représentants se sont obstinément focalisés sur « l’apartheid en Israël ».

Lors de ces réunions, on m’a souvent empêché de prendre la parole et, à mon arrivée à Durban, on m’a expulsé du CDI.

Mon collègue, le rabbin Abraham Cooper, vice-doyen et directeur du département international de l’action sociale du Centre Wiesenthal, et moi-même avons vécu Durban comme un pogrom des temps modernes et un scandale pour les Nations unies. Nous ne pourrons jamais oublier la manifestation qui s’est tenue devant la synagogue de Durban, la foule brandissant des bannières à l’effigie d’Hitler proclamant : « Il n’a jamais fini son boulot ! »

Quelques semaines plus tard, c’était en décembre, j’ai été invité par erreur à la dernière réunion du CDI à l’ONU, à Genève. Une fois sur place, on n’a pas pu m’expulser en présence du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.

Un document bleu déposé sur chaque chaise avait été arraché, mais pas avant que j’aie réussi à en lire la première page. C’était une campagne en huit points contre l’« État sioniste = État apartheid » :

1. Une campagne de sensibilisation menée par les agences de l’ONU contre « l’apartheid » israélien
2. Une campagne judiciaire auprès de la Cour pénale internationale et les pays de jurisprudence universelle pour arrêter les Israéliens au motif de crimes contre l’humanité
3. L’abrogation du droit au retour des Juifs en Israël
4. Son remplacement par le « droit au retour » de tous les Palestiniens
5. Le rétablissement du boycott économique dormant
6. Des embargos culturels, scientifiques, sportifs, académiques, etc., désormais connus sous le nom de BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions)
7. La rupture des relations diplomatiques, faisant d’Israël un État paria
8. Des pénalités pour les États et les ONG refusant d’obtempérer.

Bien que le CDI en ait nié la paternité, cela a bel et bien été la feuille de route, au cours de ces vingt dernières années, pour nuire à Israël et à ses partisans.

Ses principaux vecteurs sont le Forum social mondial (FSM), basé au Brésil, qui réunit des ONG altermondialistes, et le Comité de l’ONU pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, à New York. Le Centre Wiesenthal assiste souvent à ces deux événements.

Mais maintenant, nous découvrons aussi au FSM la présence significative de Podemos, un parti d’extrême gauche de l’actuelle coalition gouvernementale espagnole.

L’association madrilène ACOM (Action et communication sur le Moyen-Orient) a accusé la coalition électorale Unidas Podemos d’être possiblement financée par l’Iran. Son chef, Pablo Iglesias, était jusqu’au mois dernier deuxième vice-président du gouvernement espagnol. Il brigue aujourd’hui la présidence de la Communauté (autonome) de Madrid.

Iglesias faisait partie du personnel d’HispanTV, le porte-parole de l’Iran pour les téléspectateurs de langue espagnole à travers l’Amérique latine. Il a appelé Israël. « un État criminel... un pays illégal... » et il aurait déclaré : « Wall Street est presque entièrement dans les mains des Juifs... Le lobby juif soutient les initiatives contre les peuples du monde. » C’est une des figures de proue de la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) et un ami proche du travailliste britannique Jeremy Corbyn et du président vénézuélien Nicolas Maduro.

Podemos a déclaré les régions d’Espagne qui acceptent le boycott « zones débarrassées de l’apartheid israélien », rappelant les zones « Judenrein » (purifiées des Juifs) du programme nazi.

Une autre dirigeante de Podemos, Sonia Vivas, a affirmé lors d’une conférence sur l’aide internationale que « les Juifs devraient être tenus responsables du soutien à Israël ».

Au cours de la session de mars 2021 du Conseil des droits de l’homme de Genève, le Centre Wiesenthal a adressé une lettre aux démocraties européennes et autres qui avaient voté contre ou qui s’étaient abstenues de participer aux conférences Durban II et III, toutes deux inaugurées par le président iranien Ahmadinejad, crachant sa haine anti-juive. Nous avions incité les délégués à boycotter le vingtième anniversaire du festival de haine antisémite qu’est Durban.

Notre lettre au gouvernement espagnol est parvenue au Partido Popular (PP), parti d’opposition de centre-droit, qui a porté la question au Parlement. La réponse de l’actuelle coalition gouvernementale de gauche et d’extrême gauche a fait de l’Espagne un chef de file d’une campagne d’opposition en Europe et en Amérique latine, appelant à soutenir Durban IV à l’ONU en septembre prochain.

Ceci représente l’idéologie de Podemos, qui aurait probablement encouragé l’Inquisition et l’expulsion des Juifs espagnols en 1492... Aujourd’hui, ses partisans semblent viser une deuxième expulsion des Juifs, et cette fois, de la Terre d’Israël.

Shimon Samuels est le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal.