Éditorial de Shimon Samuels publié en anglais dans The Times of Israel
le 13 avril 2021
https://blogs.timesofisrael.com/extreme-left-far-right-and-european-jews/
En mai 2004, j’étais invité à Varsovie par le président polonais de l’époque, Aleksander Kwaśniewski, à m’exprimer avec sept autres conférenciers sur le thème « Les dangers d’adhérer à l’Union européenne ». Mon sujet était « L’antisémitisme » ; un imam du Congrès du monde islamique devait parler de « L’islamophobie ».
J’ai ressenti un extraordinaire enthousiasme à la pensée d’élargir l’UE vers une identité supranationale, reflétant en partie des chapitres de l’histoire juive.
Il y a des Tchèques et des Slovaques, mais les seuls Tchécoslovaques sans trait d’union, c’étaient les Juifs, tout comme les Yougoslaves sans trait d’union.
Une pièce d’identité soviétique était considérée, à tort, comme plus sûre qu’un document portant la marque « Yevrei » (« Juif »). Être « britannique » était culturellement plus simple que d’être « anglais ».
Le système bancaire international a débuté par un réseau européen d’échanges financiers juifs et lombards. Un précurseur de l’euro.
Au même moment, le droit à une citoyenneté juive nationale a généré une loyauté envers l’État souverain. En temps de guerre, un Juif pouvait combattre un Juif placé de l’autre côté des tranchées. Cette possibilité a pris fin après la Première Guerre mondiale.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le pourcentage par habitant de recrutement juif dans les armées alliées, en lutte contre les forces de l’Axe, était élevé. Le contingent le plus important totalisait cinq cent cinquante mille recrues dans l’Armée rouge soviétique, même si ces soldats n’étaient pas reconnus en tant que juifs sous le stalinisme.
Depuis, mon enthousiasme pour l’Europe supranationale s’est rafraîchi du fait de son attitude à l’égard de l’État hébreu, incitant à la haine anti-juive.
En outre, l’UE se fissure avec le Brexit et les guerres de vaccination de la pandémie de Covid.
La contribution juive fut importante – pour l’Europe moderne, tout comme le nombre de lauréats du prix Nobel et pour les Nations unies –, de la Déclaration des droits de l’homme de René Cassin à la Convention sur le génocide de Raphaël Lemkin.
Le rôle des Juifs, que ce soit dans les mouvements travaillistes centristes ou les conservatismes centristes, a été quasi oublié ou malmené, dans une avalanche de néo-antisémitisme.
Le glissement de la gauche et de la droite du populisme aux extrêmes politiques menace la vie juive sur des questions qui vont de la circoncision (brit milah) à l’abattage casher des animaux, en passant par le port de la kippa à la lecture de l’hébreu en public, de la profanation de cimetières au sujet d’inquiétude qu’est Israël pour les Juifs, jusqu’à être la cible du terrorisme.
Les partis politiques de gauche comme de droite sont en quête du vote juif aux élections régionales et législatives, tandis que l’extrême gauche flirte avec l'islam extrémiste jusqu'à accueillir des terroristes anciens combattants.
En France, en Allemagne, en Hongrie, etc., les dirigeants d’extrême droite courtisent les Juifs en soutenant Israël, attirant ainsi les membres de la communauté qui considèrent ces mouvements comme « l’ennemi de mon ennemi (l’islamisme) est mon ami ».
Bien que ces chefs de partis respectent l’État hébreu, ils veillent surtout à ne pas faire connaître leur sympathie pour les Juifs, de peur de perdre leurs principaux partisans – un cortège de néo-nazis et de négationnistes.
En bref, la cible d’extrême droite d’aujourd’hui, c’est le Peuple du Vendredi. Un avertissement pour le Peuple du Samedi.