Lettre ouverte à Emmanuel Macron, Président de la République
Par Shimon Samuels
Paris, le 6 janvier 2021
Monsieur le Président,
Vous avez récemment qualifié l’islam de « religion en crise ». Vous avez également fermé des mosquées qui auraient été fréquentées par des extrémistes, car elles étaient des centres de ralliement et d’incitation à la haine, haine qui encourageait une vague de violence et de terrorisme.
Votre politique a été accueillie par de la colère et des manifestations de boycott anti-Français à travers le monde musulman, non sans rappeler une telle éruption en réponse aux caricatures de Mahomet parues dans Charlie Hebdo.
La décapitation d’un enseignant – qui a osé montrer à ses élèves ces caricatures dans un cours sur la liberté d’expression – vous a conduit à sanctifier davantage les valeurs de la République, en particulier la laïcité et la liberté de parole.
Néanmoins, le président turc Erdogan et le Premier ministre pakistanais Imran Khan ont exprimé leur colère contre la France. Imaginez-les appeler au boycott des produits français, nuisant au commerce depuis l’Afrique du Nord jusqu’à l’Asie centrale, au cours d’une pandémie déjà coûteuse.
Monsieur le Président, votre communauté juive s’est demandé où est l’antisémitisme dans ce scénario.
La campagne de boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) contre l’État juif est illégale en France et reconnue comme antisémite selon la définition de l’antisémitisme donnée par l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste), définition adoptée par votre Assemblée nationale en décembre 2019.
Pourtant, le « Collectif Palestine Vaincra » se trouve être un épicentre de BDS. Basé à Toulouse, il est actif à travers toute la France.
En 2012, Toulouse a été le théâtre de l’assassinat djihadiste d’un enseignant rabbin, de ses deux fils et d’une fillette de 8 ans dans une école juive. Dans cette même ville, en 2017, un imam aurait appelé ses fidèles « à tuer des juifs ». Son procès est en instance depuis quatre ans.
BDS invoque la haine, qui inspire la violence.
Suit aujourd’hui l’impensable : le ministère des Affaires étrangères, par l’intermédiaire de l’AFD (Agence française de développement) – dont le rôle est supposé soutenir « le climat, la biodiversité, la paix, l’éducation, l’urbanisme, la santé, la gouvernance… », a alloué 8 millions d’euros à l’ONG palestinienne NDC (NGO Development Center), une association palestinienne qui, semble-t-il, promeut la campagne BDS.
Magali Mevellec, porte-parole de l’AFD, a déclaré à l’agence de presse juive JTA que ce financement « est conforme à la loi française ». Elle a également été citée comme alléguant que la France « soutient le renforcement des capacités locales qui améliorent la vie des populations ... dans ce que la France considère comme des territoires palestiniens… Le seul objectif de la France et de l’AFD est d’améliorer le bien-être de [ces] populations. »
Apparemment, la très respectée organisation d’analyse et vérification des informations NGO Monitor a pensé différemment, puisqu’elle a demandé au gouvernement français de « revoir sa subvention conformément au rejet clair de la campagne BDS par la France ».
Monsieur le Président, nous vous prions instamment d’interdire le « Collectif Palestine Vaincra », de même que vous avez condamné les mosquées soupçonnées d’inciter à la haine. En outre, veuillez enquêter sur la politique de l’AFD et prendre toutes mesures disciplinaires contre les infractions à la loi Lellouche sur le boycott.
Monsieur le Président, il faut qu’il y ait une politique cohérente contre le boycott et la haine, que ce soit contre la France, la communauté juive de France ou l’État juif d’Israël.
Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma respectueuse considération.
Dr Shimon Samuels
Directeur des Relations internationales
Centre Simon Wiesenthal