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Éditorial de Shimon Samuels publié en anglais dans The Times of Israel
le 25 juin 2020
https://blogs.timesofisrael.com/un-human-rights-durban-singling-out-of-israel/

25 June 2020
Des membres du Centre Wiesenthal manifestent à l’Office des Nations unies
à Genève (photo libre de droits, propriété du Centre Simon Wiesenthal).

Le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait la Déclaration universelle des droits de l’homme, rédigée par René Cassin, juriste français de confession juive. Ceci au lendemain de l’Holocauste et seulement quelques mois après que les Juifs aient recouvré leur souveraineté. Un nouveau monde semblait alors s’ouvrir, sous la houlette de la Commission des droits de l’homme à Genève. Dictatures, crimes contre l’humanité, racisme et, immanquablement, l’antisémitisme, allaient être définitivement bannis.

Avançons rapidement jusqu’en 1975 : l’ONU désigne le sionisme comme « une forme de racisme ». Puis, en septembre 2001, la Commission des droits de l’homme de cette même organisation plante le décor de la Conférence mondiale de Durban contre le racisme – le festival de haine antisémite le plus vénal qui soit après l’Holocauste. Le Canadien Irwin Cotler, militant des droits de l’homme et ancien ministre de la Justice, a déclaré que, de même que Mein Kampf était le prologue de la Nuit de cristal, Durban cautionnait le 11-Septembre, survenu onze jours plus tard.

L’ENAR, le Réseau européen contre le racisme, m’avait élu, en tant que seul membre de confession juive, pour participer au Comité directeur international de Durban (International Steering Committee, ISC). C’est ainsi que j’ai assisté aux comités préparatoires (PrepComs) à Genève, Varsovie, Strasbourg et Santiago du Chili. À Genève, on m’a pratiquement bâillonné. Dans le groupe de travail de Santiago, la conseillère juridique palestinienne s’est faufilée jusqu’à moi. Elle m’a glissé à l’oreille : « Shimon, si vous nous donnez la Palestine, nous vous donnerons l’Holocauste ! » L’horreur que j’ai ressentie est immortalisée sur une photo prise par un Hollandais assis en face de moi. Quand je suis arrivé à Durban, on m’a brutalement expulsé du comité préparatoire en me traitant, entre autres épithètes, de « Juif international ».

Mon collègue le rabbin Abraham Cooper et moi avons vécu une semaine d’enfer, tentant de nous faire des alliés, principalement parmi les représentants d’Europe de l’Est post-communiste ainsi que des Roms et des Tziganes. Les diplomates américains et israéliens avaient décidé de partir, alors que les ONG juives et chrétiennes poursuivaient la lutte.

En décembre, l’on m’avait invité par erreur à la réunion finale de ce Comité directeur international de Durban, qui se tenait au siège des Nations unies à Genève. Là encore, j’ai été expulsé, mais seulement après avoir obtenu une copie du plan en huit points de la feuille de route à suivre pendant la prochaine décennie, dont notamment : boycott, flottilles, activité universitaire, accent mis sur les agences onusiennes, etc. En fait, c’était un retour à la case départ de l’année 2006 à l’Office des Nations unies à Genève (ONUG), année où la Commission des droits de l’homme avait fait un changement cosmétique de nom. Elle était alors devenue le Conseil des droits de l’homme, qui poursuivra l’implémentation du programme de Durban  tout en se focalisant sur la haine d’Israël.

Ce qui avait été depuis longtemps une réunion annuelle en mars se transforma en sessions multiples étalées tout au long de l’année. Chaque session incluait l’article 7 de l’ordre du jour sur les violations israéliennes des droits de l’homme dans « le Golan syrien occupé » et « les Territoires palestiniens occupés et Jérusalem-Est occupée ». L’article 8 était consacré aux violations des droits de l’homme dans le reste du monde, stigmatisant ainsi Israël de la manière la plus abusive qui soit. En 2018, les États-Unis quittèrent le Conseil, suivis par Israël. Tous deux demeurent en tant qu’observateurs de l’ONUG auprès des multiples autres agences onusiennes basées à Genève. Une fois de plus, les ONG juives et chrétiennes continuent le combat – parmi lesquelles le Centre Simon Wiesenthal, à titre d’observateur officiel.

Le dernier Conseil des droits de l’homme, qui vient de s’achever, a adopté cinq résolutions de l’article 7 accablant Israël. L’article 8 a édulcoré une résolution pour chacun des pays suivants : l’Iran, la Corée du Nord et la Syrie, pour leur taper sur les doigts. Aucune résolution n’a été votée contre la Chine, le Venezuela ou autres transgresseurs des droits de l’homme. Des 47 États votants, 26 se sont prononcés contre « le Golan syrien occupé » : Afghanistan, Angola, Argentine, Arménie, Bahamas, Biélorussie, Bahreïn, Bangladesh, Burkina Faso, Chili, Érythrée, Inde, Indonésie, Libye, Mauritanie, Mexique, Namibie, Népal, Nigeria, Pakistan, Pérou, Qatar, Sénégal, Somalie, Soudan, Uruguay, Venezuela...

17 ont voté contre cette résolution : Allemagne, Australie, Autriche, Brésil, Bulgarie, Danemark, Espagne, Îles Marshall, Italie, Japon, Pays-Bas, Pologne, République de Corée, République tchèque, Slovaquie, Togo, Ukraine. 4 se sont abstenus, bien que les abstentions ne soient pas prises en compte : Cameroun, Fidji, Philippines, République démocratique du Congo.

Les votes négatifs proviennent du bloc arabo-musulman – dont de nombreux États d’Afrique. Ce bloc se gonfle les muscles en ayant recours au favoritisme dans une espèce de bas marchandage : les votes sont tributaires des postes proposés dans les diverses commissions du système de l’ONU. Ces majorités immédiates ne pourront être combattues que par des votes à bulletin secret.

Israël doit aussi exiger de ses partenaires commerciaux une contrepartie pour ses investissements en haute technologie et autres, spécialement en Afrique. L’Argentine, les Bahamas, le Chili, le Mexique, le Pérou et l’Uruguay prétextent leur solidarité avec le Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (Grulac). La position hostile de l’Inde pour épater la galerie ou même l’abstention des Philippines après que ce pays a reçu des tonnes de matériel médical israélien contre le virus sont assurément inadmissibles. Tous deux prétendent être des amis d’Israël, mais ils doivent le démontrer par leur vote.

Malgré la pandémie, ce processus va se poursuivre tant que le manège continuera de tourner et que le Conseil « des torts de l’homme » stigmatisera automatiquement Israël. Seule consolation : ces résolutions automatiques, bien qu’exaspérantes, ne sont pas exécutoires.

Shimon Samuels est le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal. Il a occupé les fonctions de directeur adjoint de l’Institut Leonard Davis sur les relations internationales de l’Université hébraïque de Jérusalem, directeur européen de la Ligue antidiffamation (ADL) et directeur israélien de l’American Jewish Committee (AJC). Il est né au Royaume-Uni où il a fait ses études, ainsi qu’en Israël, aux États-Unis et au Japon.