Cracovie, le 7 juillet 2017
Monsieur le Président,
En tant que seule ONG juive accréditée auprès du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco (CPM), le Centre Simon Wiesenthal s’exprime au nom de ses 400 000 adhérents ainsi que pour tous ceux qui sont préoccupés par cette réunion, juifs et chrétiens, de par le monde.
Nous vouons le plus grand respect au travail du CPM. Nous avions fait appel à lui pour la conservation d’Auschwitz, alors qu’une discothèque s’était implantée à l’intérieur de sa zone protégée.
Je voudrais citer ici, bien malgré moi, von Clausewitz : « La diplomatie, c’est la guerre par d’autres moyens. » En effet, depuis que les Palestiniens sont entrés à l’Unesco, en novembre 2011, la maxime de ce stratège allemand pourrait bien devenir : « Le patrimoine, c’est la guerre par d’autres moyens. » Car le CPM est devenu un véritable champ de bataille.
Depuis la basilique de la Nativité en 2012, en passant par Battir (le village qui abritait la citadelle de Betar, siège de la révolte juive de Bar-Kokhba contre l’occupation romaine, en 132 après J.-C.) en 2014, jusqu’au Mur occidental et au mont du Temple, l’usurpation d’identité est une campagne vorace menée par les Palestiniens pour se valider une identité.
A cette session en Pologne, sur un sol imprégné de sang juif, être témoin des ravages causés aux affinités qui lient les Juifs à Jérusalem et au caveau des Patriarches d’Hébron n’est égalé que par l’audace d’un amalgame entre, d’une part, un moment de silence en mémoire du million de Juifs – y compris des enfants – gazés et fusillés à moins de 70 kilomètres d’ici, à Auschwitz-Birkenau, et, d’autre part, un second moment de silence en soutien aux « Palestiniens », dont beaucoup se réjouissent aujourd’hui des assassinats terroristes perpétrés contre des Juifs – dont des enfants.
Se lever pour observer successivement ces deux minutes de silence équivaut à une forme de révisionnisme de la Shoah, cataloguant les Israéliens comme des nazis, en violation de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste et de la Définition de l’antisémitisme adoptée par le Parlement européen et par ses pays signataires – tous représentés ici.
Monsieur le Président, aucun autre peuple, aucune autre religion n’a été diffamé à ce point au CPM. Nous aurions été les premiers à protester si la victime en avait été le patrimoine islamique, mais c’est le patrimoine judéo-chrétien qui subit constamment les foudres de cette chambre.
Monsieur le Président, sauvez le CPM de ce genre d’abus, de ces voies rapides empruntées sous des prétextes fallacieux d’urgence, tandis que d’autres Etats membres attendent depuis des années pour inscrire leur propre patrimoine.
Monsieur le Président, trouvez les moyens de laisser cette politisation à New York.
Le CPM doit retrouver la pureté de sa déontologie : la reconnaissance, la protection, la préservation du patrimoine, dans un climat de dialogue pacifique – ce que nous appelons Tikkoun olam –, afin de sauver et de restaurer le patrimoine mondial, dans le respect mutuel de l’histoire d’autrui.
Merci, Monsieur le Président.