Paris, le 4 janvier 2023
Dans une lettre adressée au ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, se disait choqué d’apprendre qu’« Avignon accueillera dimanche prochain, le 8 janvier, une conférence avec trois prédicateurs connus pour leur propos sur l’islam radical ».
L’ancienne Cité des papes, qui accueille depuis 1947, chaque mois de juillet, un festival du spectacle vivant contemporain renommé dans le monde entier, a invité :
- l’imam Ismail, qui déplore la pénurie d’écoles islamiques « pour les plus de trois cent mille musulmans de Marseille »
- le prédicateur Mehdi Bouzid selon lequel « [les femmes] portant des tenues qui mettent en valeur les formes de leur corps... sont habitées par Sheitan » !
- le prédicateur Nader Abou Anas, qui ordonne aux femmes d’observer la plus grande modestie et de vivre confinées. Il précise en outre qu’elles « avaient à obéir à leur mari et que, si elles se refusaient à lui, elles seraient maudites ».
La lettre se poursuivait en ces termes : « Monsieur le Ministre, ces prédicateurs qui représentent le nouveau visage du salafisme ne prétendent-ils pas que les écoles publiques sont fautives parce qu’elles éduquent tous les enfants à la tolérance religieuse et au respect mutuel ? Ce trio sera-t-il autorisé à répéter ses propos sexistes dans une chambre d’écho d’Avignon ? En outre, leur incitation inhérente à la haine ne conduira-t-elle pas d’autres personnes à la violence ? »
Des imams ou prédicateurs radicaux qui avaient exprimé leur antisémitisme, toléré le terrorisme ou méprisé la loi française ont souvent été arrêtés trop tard, comme dans le cas du militant pro-Hamas Abdelhakim Sefrioui, mis en examen pour incitation au meurtre de l’enseignant Samuel Paty en octobre 2020, ou de Hassan Iquioussen, expulsé de France en raison de son apologie des Frères musulmans, lors de sermons en banlieue parisienne.
Parmi les vidéos les plus récentes publiées sur les sites Web d’Abou Anas figure son interprétation du hadith de « l’homme qui a tué 99 personnes » ! Cette narration est effrayante, car elle dépeint « le Tout-Puissant Miséricordieux » appelant les fidèles à pardonner même les meurtres de masse, tant que leur auteur se repent, fuit les mauvaises influences et devient un bon musulman.
Outre l’effroi que ce trio provoque, pourquoi cet événement est-il encore plus inquiétant ?
1) Sur l’invitation à la conférence, la date est indiquée, mais non le lieu, qui « sera dévoilé vendredi soir » sur la page Facebook de l’organisateur (D’Clic Valence). Pourquoi est-elle si évasive ?
2) Outre les trois imams, l’invitation (sur Facebook, mais pas sur l’affiche) indique un quatrième « invité surprise ». Qui cela peut-il être ?
3) Cette conférence avait déjà été annulée en novembre dernier, car parmi ses parrains figurait l’ONG Barakacity, interdite en 2020 par le Conseil d’État. La sentence stipulait : « [Cette organisation incitait à la haine, entretenait des relations au sein de la mouvance islamiste radicale, se complaisait à justifier des actes terroristes. » Les organisateurs se seraient justifiés en prétendant que la mention de Barakacity aurait constitué un simple faux pas, et l’ONG ne figurait pas parmi les parrains. Mais on peut se demander si elle est toujours active – sans doute clandestinement – malgré son interdiction.
La lettre soulignait que « la réputation des conférenciers, aggravée par la formulation évasive voulue par les organisateurs – similaire dans le style aux ‘‘tournées clandestines’’ du comédien antisémite Dieudonné – laisse présager qu’un danger évident menace la ville d’Avignon ».
« Monsieur Darmanin, nous demandons instamment que les services de sécurité de votre ministère examinent au plus vite le contenu de cet événement avant qu’il n’ait lieu. Il ne faut pas qu’une conférence islamiste ouvre la porte au sectarisme, aux préjugés et à l’antisémitisme – ce serait polluer la République française, laïque, tolérante et multiculturelle. Avignon ne doit pas devenir la scène d’un islam radical », concluait Shimon Samuels.
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Pour plus d’informations, contactez Shimon Samuels à csweurope@gmail.com