Paris, le 25 juin 2023
Monsieur le Premier Ministre,
Notre Centre vous félicite pour la réunion que vous avez tenue la semaine dernière sur la sécurité de la communauté juive suédoise.
Cependant, cette semaine, la Suède n’a pas rejoint le groupe des vingt-sept pays, guidés par les États-Unis, qui dénonçaient la Commission d’enquête onusienne pour sa position haineuse à l’encontre des Juifs. Cette commission est un organe du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève.
Nous portons à votre attention le cas de Hani Dweik, chargé de communication à l’Institut suédois du dialogue pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
M. Dweik, agent de l’État suédois, soutient ouvertement la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) qui épingle Israël, se positionnant ainsi contre la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) – document qui a été adopté par la Suède.
Apparemment, dans d’autres déclarations, il considère qu’Israël n’a pas le droit d’exister.
Quelques exemples récurrents, tirés de ses propres comptes Twitter et Facebook, affichent des déclarations brutales :
- « L’État d’Israël n’est rien d’autre qu’un État de colonialisme et d’apartheid. Alors, s’il vous plaît, Israël, arrêtez de jouer aux victimes... »
- « Bonne chance les gars pour combattre l’État terroriste le plus vicieux du monde. Le monde entier doit connaître et prendre conscience des crimes odieux commis contre le peuple indigène de Palestine. Poursuivez votre bon travail... »
À gauche, Dweik portant un tee-shirt représentant une carte stylisée de la « Palestine » qui efface clairement Israël.
À droite, quelques-uns de ses messages en ligne. Entre autres, il y a quelques jours à peine,
son « respect total » pour l’ancien chef du Parti travailliste britannique, le député Jeremy Corbyn,qui a lui-même
été au cœur d’un scandale d’antisémitisme présumé et qui colporte toujours BDS. Un message tristement révélateur.
Monsieur le Premier Ministre, le boycott est incrusté dans la mémoire collective du peuple juif. Il rappelle la Nuit de cristal, le pogrom nazi de 1938 perpétré en Allemagne et en Autriche. Synagogues et magasins juifs y ont été détruits et incendiés et des familles assassinées... C’est ce qu’on appelle « le prélude à l’Holocauste ».
Si Dweik avait été une voix anonyme sur Internet, nous ne le considérerions que comme faisant partie d’une statistique. Mais c’est un fonctionnaire, qui représente la Suède à l’étranger, et en particulier à Amman.
Israël et la Jordanie sont en paix. Or, les déclarations de Dweik perturbent non seulement le rôle diplomatique de la Suède dans la région, mais elles risquent de provoquer le ressentiment des autorités d’Amman, car la survie de cette monarchie dépend également de ses relations avec Israël.
Monsieur le Premier Ministre, la Suède organise des conférences et des programmes éducatifs sur l’Holocauste. Elle a assuré la présidence de l’IHRA, elle-même fondée avec la Déclaration de Stockholm...
Néanmoins, la sécurité de la communauté juive suédoise n’est pas assurée. L’antisémitisme sévit en Suède, en Europe et au Moyen-Orient, et il se propagerait maintenant par un officier censé travailler pour le dialogue au Moyen-Orient – et non pour l’incitation à la haine. S’il promeut BDS et la délégitimation d’Israël, Dweik doit être immédiatement destitué.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre très haute considération.
Dr Shimon Samuels
Directeur des Relations internationales
Centre Simon Wiesenthal
* * *
Pour plus d’informations, contactez csweurope@gmail.com