Paris-Groningen, le 13 mars 2023
Dans une lettre ouverte à Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas, le bureau européen du Centre Wiesenthal priait instamment les autorités néerlandaises compétentes d’interdire la Semaine contre l’apartheid israélien. Cet événement se déroulera à l’université de Groningen (voir l’affiche ci-dessous) et, semble-t-il, sur d’autres campus. Il est organisé par l’ignoble campagne BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), qui cible exclusivement Israël et les Juifs.
BDS, IAW (Israel Apartheid Week) et l’utilisation abusive de termes tels que « apartheid » ou « nettoyage ethnique » – caractérisant faussement la situation en Israël et la relation entre Israéliens et Palestiniens ou d’autres minorités arabes – sont devenus un exemple typique d’antisémitisme, caché derrière le masque d’« antisionisme ».
La campagne BDS est une expression flagrante de diabolisation, de délégitimation et de double standard, qui va bien au-delà de la critique de la politique israélienne, quelle qu’elle soit. Elle vise en effet l’État hébreu depuis une vingtaine d’années, que le gouvernement soit de centre gauche, de centre droit ou de droite, comme c’est le cas aujourd’hui.
Signataires de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) depuis 1999, les Pays-Bas sont bien conscients de la façon dont la haine des Juifs a muté et est actuellement représentée. La définition de l’IHRA – adoptée, entre autres, par l’UE et tous ses États membres – indique clairement que la mémoire de ceux qui ont été exterminés pendant la Shoah ne garantit pas comme par magie la survie des citoyens juifs d’aujourd’hui. Les statistiques de ces dernières années témoignent d’une montée de l’hostilité et de la violence contre les Juifs... et révèlent que cette montée est pour beaucoup imputable à de telles méthodes, répugnantes, d’incitation à la haine.
La campagne BDS est un outil de soft power destiné à anesthésier la conscience sociale pour lui faire oublier la violence du terrorisme hard power. Ses partisans recrutent implicitement des sympathisants du Hamas palestinien, du Djihad islamique, du Front populaire de libération de la Palestine, ainsi que du Hezbollah inféodé par l’Iran, ou de l’État islamiste, d’Al-Qaïda et de nombreux autres, de l’extrême droite à l’extrême gauche.
BDS est une propagande qui instille et justifie la haine... que l’on peut la comparer à la campagne nazie « Kauft Nicht bei Juden » (« N’achète pas chez les Juifs ») d’avant la Deuxième Guerre mondiale... À cette époque, les étapes qui allaient suivre étaient la Nuit de cristal, les pogroms et la Shoah. Aujourd’hui, les prochaines étapes sont les attaques de loups solitaires, l’importation en Europe de l’Intifada palestinienne et le terrorisme antisémite à part entière.
Monsieur le Premier Ministre, l’abus et la banalisation du terme « apartheid » doivent vous faire tressaillir, vous et le peuple néerlandais... Cette terminologie a été inventée par Hendrik Frensch Verwoerd, natif d’Amsterdam, chef des nationalistes afrikaners et architecte du système de ségrégation sud-africain. Ses implications ont eu un impact dramatique sur l’histoire de l’Afrique du Sud. Ce terme est le paradigme d’une forme spécifique de racisme systémique dont les personnes de couleur ont été les victimes, tout comme le terme Shoah est spécifique des victimes juives du génocide nazi.
L’État d’Israël demeure une démocratie pluraliste, malgré les menaces constantes et diverses en provenance de Gaza, de la Syrie ou de l’Iran. Ses 20 % de musulmans sont représentés au Parlement comme à la Cour suprême, ils servent dans l’armée, travaillent dans tous les secteurs de la société et étudient dans les universités côte à côte avec leurs pairs juifs, chrétiens, druzes ou bahá’ís. Par conséquent, « apartheid » ou « nettoyage ethnique » sont des déclarations diffamatoires.
Monsieur le Premier Ministre, nous vous demandons instamment de donner l’exemple et de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour empêcher que cette « Semaine » à Groningen ou ailleurs ne devienne un nouveau festival de haine. Car cet événement risque de faire perdre à la jeunesse néerlandaise sa capacité de discernement vis-à-vis de ses trente mille concitoyens juifs. Et les soixante-quinze années de bonnes relations entre les Pays-Bas et Israël seraient ainsi mises en péril.
« Je vois comment le monde se transforme lentement en un désert, j’entends le grondement de tonnerre qui approche et nous tuera nous aussi. »
Anne Frank (1929-1945)
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